Avoir recours au microscope est un bon réflexe lors de prurit chez le chien ou le chat - La Semaine Vétérinaire n° 1331 du 17/10/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1331 du 17/10/2008

Dermatologie

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Gwenaël Outters

Calques, raclages, scotch, écouvillons sont autant d’outils simples pour obtenir de plus amples informations.

En dermatologie, le prurit est majoritairement d’origine parasitaire. Il peut aussi être le fait d’affections microbiennes ou allergiques. Le premier geste diagnostique est donc la recherche d’éléments parasitaires et l’élimination de cette hypothèse. Elle peut se pratiquer à partir de raclages ou d’un scotch test. Le matériel obtenu à l’aide des raclages cutanés (en évitant généralement les zones lichénifiées ou suintantes) est examiné au microscope, au grossissement 10. Ensuite, pour mettre en évidence des bactéries et/ou des levures, des calques sont réalisés en apposant une lame sur des érosions, des pustules (éventuellement préalablement ouvertes à l’aiguille), des furoncles ou des nodules. Il est également possible d’opter pour l’écouvillonnage des conduits auditifs, des plis de peau ou des espaces interdigités, par exemple. L’écouvillon est préalablement humidifié de sérum physiologique, puis appliqué sur les lésions et roulé sur la lame. Le matériel obtenu par cytoponction à l’aiguille fine est examiné après son étalement. Après avoir orienté et identifié la lame, les prélèvements sont séchés à l’air libre, colorés à l’aide d’un colorant simplifié du commerce, le RAL, puis séchés par agitation ou à l’aide d’un sèche-cheveux. D’autres colorations sont utilisables (MGG ou Diff-Quick). La lecture s’effectue traditionnellement, en plusieurs étapes, par balayage de la lame sous les différents objectifs.

La technique du scotch test permet, quant à elle, la visualisation d’ectoparasites et de levures (Malassezia, Candida essentiellement ou de dermatophytes plus rarement). Une tierce personne écarte les poils (sans les avoir coupés de préférence), le scotch est appliqué sur la lésion et est détaché plusieurs fois, d’un mouvement sec. Cette technique est particulièrement utile dans le cas de lésions peu accessibles et pour les endroits délicats. La coloration est choisie selon les éléments recherchés. Elle ne nécessite pas de fixation (étape déjà réalisée avec le scotch) : ce dernier est passé dans les deux derniers flacons d’un RAL et est apposé sur une lame. Il est également possible d’apposer plusieurs fois le scotch sur une lame, puis de colorer celle-ci. La lecture au microscope nécessite une forte lumière à diaphragme ouvert. Un balayage rapide est effectué au grossissement 10, puis 40, et l’immersion est utilisée pour identifier tous les détails cellulaires. La recherche concerne les cellules de l’inflammation et les éléments figurés (coccobacilles, bactéries en bâtonnets ou levures).

Plus la pyodermite est profonde, moins il y a de germes sur la lame

Le diagnostic des pyodermites est avant tout clinique. La cytologie renseigne sur l’origine et la profondeur de l’affection. La présence de bactéries sur un calque est une première étape qui peut éventuellement, mais pas systématiquement, être complétée par une mise en culture. La présence de bactéries extracellulaires n’est généralement pas significative, sauf si elles sont présentes en grand nombre et signent alors un syndrome de prolifération bactérienne. Une pyodermite superficielle est caractérisée par la présence de bactéries intracellulaires (phagocytose par les polynucléaires neutrophiles et les macrophages). Les lésions suppuratives sont caractérisées par la présence de bactéries extracellulaires et intracellulaires au niveau des polynucléaires neutrophiles. Les lésions pyogranulomateuses (pyodermite profonde) se traduisent par de rares images de phagocytose et la présence d’éosinophiles et de macrophages : généralement, plus la pyodermite est profonde et moins il y a de germes. Si le prélèvement met en évidence une prédominance nette des macrophages (+ 50 %), la lésion est dite granulomateuse, signant l’évolution ancienne d’une pyodermite profonde. Dans ce cas, il convient de penser aux mycobactéries, à la leishmaniose ou aux granulomes stériles. Ces images imposent parfois la réalisation de biopsies et de cultures, selon le contexte. Des lésions pyogranulomateuses dépourvues de germes sont caractéristiques des pseudo-pyodermites comme la cellulite juvénile ou la dermatite pyotraumatique.

Le diagnostic des levuroses est principalement clinique. En effet, la présence de Malassezia, qui appartient à la flore commensale, ne peut être considérée comme significative qu’à partir de trois à cinq levures par champ, au grossissement 100. Dans cette optique, les prélèvements par calque, impression ou scotch test ont une meilleure valeur diagnostique que les écouvillonnages.

Chez le chien, les dermites allergiques n’ont pas un aspect évocateur au microscope, sauf la furonculose éosinophilique (pseudo-pyodermite liée aux piqûres d’insectes). En revanche, chez le chat qui souffre d’un complexe éosinophilique, certains éléments sont significatifs. Le prélèvement peut concerner les croûtes, les ulcères ou les plaques, mais la cytoponction est particulièrement évocatrice. Le diagnostic de certitude requiert l’histologie, mais l’origine reste inconnue.

Au quotidien, l’examen microscopique permet d’écarter avant tout les hypothèses parasitaires lors d’un prurit. Il est indispensable en cas de pyodermite (en particulier fongique) ou de dermatite à Malassezia, parallèlement à l’examen clinique. Chez le chat, les images obtenues lors du complexe granulome éosinophilique et d’un prurit cervico-facial sont relativement significatives.

CONFÉRENCIÈRE

Bénédicte Gay-Bataille, consultante en dermatologie.

Article tiré de la conférence « Le microscope au service du diagnostic : les dermatoses prurigineuses », présentée lors du congrès de l’Afvac en 2007.

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