Le dosage des protéines de la phase aiguë permet de juger de l’efficacité du traitement - La Semaine Vétérinaire n° 1330 du 10/10/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1330 du 10/10/2008

Affections locomotrices des bovins

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Stéphanie Padiolleau

Les variations de concentration de certaines protéines sont fortement corrélées à la sévérité de l’affection.

Les affections locomotrices ont de fortes répercussions sur le niveau de production des vaches laitières, parfois bien avant l’apparition de signes cliniques. Les pertes moyennes sont estimées à 350 kg (de 160 à 550 kg) au cours de la lactation. La baisse de production, qui peut intervenir quatre mois avant l’établissement du diagnostic et l’application du traitement et s’étendre jusqu’à cinq mois après le traitement et la guérison clinique, augmente le risque de réforme. Plus de 60 % des boiteries apparaissent avant le cent vingtième jour de lactation et les pertes qui en résultent sont suffisantes pour justifier la nécessité d’un diagnostic précoce.

Or diagnostiquer les affections inflammatoires chez les bovins est difficile, car la symptomatologie est parfois fruste et les altérations des paramètres classiques de l’inflammation sont généralement faibles et non spécifiques.

L’un des mécanismes mis en jeu dans la réponse inflammatoire est la production de protéines de la phase aiguë par le foie (APPs). Les variations enregistrées pour ces molécules permettent de suivre l’évolution de maladies, indépendamment de leur nature. Ces facteurs sensibles évoluent précocement et permettent de faire la distinction entre un phénomène aigu ou chronique. Certains voient leur concentration augmenter lors d’une inflammation (haptoglobine, amyloïde sérique A, fibrinogène), alors que d’autres diminuent (albumine, transférine). Les concentrations normales en amyloïde sérique A sont variables chez les animaux sains et selon la race. Elles sont globalement plus élevées chez les vaches laitières que chez leurs congénères à viande. Leur valeur est déjà confirmée dans le suivi des mammites, pour différencier les stades aigus des phases chroniques par des dosages dans le sérum et le lait, ainsi que pour les stades légers à modérés. Dans le cas des veaux, des concentrations de référence sont proposées pour le suivi de leur santé : haptoglobine à 0,13 g/l, amyloïde sérique A à 25,6 mg/kg, fibrinogène à 6,45 g/l.

Pour différencier les phases aiguës des stades chroniques, l’amyloïde sérique A est la protéine qui offre la meilleure sensibilité, alors que l’haptoglobine possède la meilleure spécificité. Le dosage des APPs permet de déterminer quels animaux ont besoin d’anti-inflammatoires lors de maladie virale, de prendre des décisions pour la conduite du troupeau ou de suivre d’éventuelles complications postopératoires.

Les concentrations en haptoglobine chutent quand le traitement est efficace

Des chercheurs(1) ont étudié l’intérêt du dosage du fibrinogène, de l’haptoglobine et de l’amyloïde A sérique dans le suivi de l’efficacité du traitement des affections podales chez les vaches laitières.

Un petit effectif est pris en compte, composé de quatorze vaches référées pour boiterie et de dix vaches témoins. Plusieurs affections sont représentées : ulcère de la sole, arthrite des phalanges, hyperplasie interdigitée, phlegmon, dermatite digitée, fracture de la phalange distale, etc.

Une seule prise de sang est réalisée chez les témoins, alors que les animaux boiteux sont prélevés à leur arrivée, entre le troisième et le sixième jour de traitement, puis avant le retour dans leur élevage. Les dosages portent sur les taux plasmatiques de fibrinogène, d’haptoglobine, d’amyloïde A sérique, les protéines sériques totales et leur fraction (albumine ; α, β et γ globulines). Des taux significativement plus élevés de fibrinogène, d’haptoglobine et d’amyloïde sérique A sont relevés chez les vaches malades à leur arrivée à la clinique. Selon les variations de ces trois molécules durant leur séjour, les vaches sont divisées en deux groupes : celles qui affichent une baisse systématique de toutes les protéines de l’inflammation en phase aiguë au cours du traitement, et celles caractérisées par une augmentation d’une ou plus de ces protéines malgré le traitement. Une baisse progressive des protéines examinées est observée dans le premier groupe et montre que le traitement est efficace et sans complications. Dans le second lot, le traitement n’apparaît pas comme une complète réussite.

La plupart des vaches sous traitement (treize sur les quatorze étudiées) affichent une recrudescence de protéines de l’inflammation après le retour chez l’éleveur, donc une guérison incomplète. Ce n’est pas une surprise dans la mesure où le groupe est constitué d’animaux référés, qui souffrent d’affections locomotrices chroniques ou avec des complications, ainsi que d’autres maladies intercurrentes.

Les résultats montrent donc que les dosages de ces trois molécules et l’étude de leur dynamique constituent un complément valable pour le suivi d’efficacité des traitements et la détection précoce des complications. Les taux d’haptoglobine les plus élevés sont observés chez les vaches qui souffrent d’inflammations particulièrement sévères.

Les auteurs recommandent de réaliser deux dosages d’APPs : le premier au début de traitement, car les concentrations sont corrélées à la gravité de l’affection, et le second à la fin ou lors du retour de l’animal dans son exploitation, pour juger de l’efficacité du traitement et des complications éventuelles.

  • (1) P. Jawor, S. Steiner, T. Stefaniak, W. Baumgartner, A. Rzasa : « Determination of selected acute phase proteins during the treatment of limb diseases in dairy cows », Veterinari Medicina, 2008, vol. 53, n° 4, pp. 173-183.

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