Un vétérinaire s’offre le Sénat sur un plateau - La Semaine Vétérinaire n° 1329 du 03/10/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1329 du 03/10/2008

Election sénatoriale. 1er octobre, un grand jour pour la profession

Actualité

Auteur(s) : Nicolas Fontenelle

L’élection de Gérard Larcher à la présidence de la Haute assemblée n’a été qu’une formalité. La vraie victoire s’est jouée la semaine dernière pour l’investiture UMP.

Il y a des trains dans lesquels il faut savoir ne pas monter pour mieux arriver à l’heure. Lorsqu’en juin 2007, le nouveau président de la République, Nicolas Sarkozy, propose le maroquin de l’Agriculture à Gérard Larcher, celui-ci refuse tout net. Il a déjà le “plateau” (l’équivalent du “perchoir” de l’Assemblée) en ligne de mire et veut s’y préparer. Il retrouve son siège de sénateur en octobre 2007, après trois années passées dans les gouvernements Raffarin III puis Villepin en tant que ministre du Travail. Dès lors, il ne cesse de travailler à son destin, tissant patiemment, au cœur de ce qu’il nomme « la maison », un réseau d’amitiés (on le dit franc-maçon, ce qu’il nie) qui lui a permis de déjouer le scénario établi depuis des mois : l’élection de Jean-Pierre Raffarin. « La confiance, ça se tisse, ça ne se quémande pas », a-t-il lancé, un brin féroce, à l’issue du scrutin des primaires de l’UMP qui l’ont désigné seul candidat officiel du parti majoritaire. La victoire fut sans conteste, acquise dès le premier tour par soixante-dix-huit voix contre cinquante-six, soit deux voix de plus que la majorité absolue.

C’est la victoire de l’expérience, car voilà vingt-deux ans que Gérard Larcher arpente les couloirs du Palais du Luxembourg. Il en connaît l’âme et les arcannes. Son discours, forcément, a fait mouche. « Je ne suis qu’un sénateur parmi les sénateurs », a-t-il répété à l’envi. C’est sans doute avec cette petite phrase, dont il a fait un étendard de campagne, qu’il a terrassé son adversaire. Mieux que quiconque, il sait qu’à la Haute assemblée, siège des représentants des campagnes, des villages et des terroirs, on cultive, malgré les ors et les moquettes épaisses, l’humilité et la modestie. « L’art vétérinaire dans lequel il s’agit d’observer, d’écouter puis de poser un diagnostic m’a rendu très pragmatique, peu idéologique et m’a également appris l’humilité, parce que parfois, le diagnostic n’est pas le bon », confiait-il ainsi au Télégramme de Brest en août dernier.

Dans la course au “plateau”, Jean-Pierre Raffarin se targuait, lui, de sa notoriété d’ancien Premier ministre, mais aussi du soutien du président de la République, sans que ce dernier le confirme publiquement d’ailleurs. Référence trop “bling-bling” sans doute, marketing trop tape à l’œil peut-être pour cette Chambre haute si pondérée, si avide de son indépendance. Gérard Larcher a creusé son sillon, persuadé que le vote de ses collègues serait plus personnel que politique, sans pour autant cacher ses convictions de gaulliste social.

Un habile négociateur qui aime tout, sauf le conflit

Bonhomme, habile et sérieux, selon ses supporteurs, Gérard Larcher est né Normand, le 14 septembre 1949 à Flers, dans l’Orne. Encore lycéen, en première, il s’engage dans les jeunes gaullistes « par admiration pour le général », mais aussi « par influence familiale » – son père fut longtemps maire d’un village de l’Orne. Sorti d’Alfort en 1973, major de sa promotion, président des élèves, très actif selon ses condisciples, il devient dès 1974, et jusqu’en 1979, vétérinaire de l’équipe de France de sports équestres. Cela lui vaudra – c’est une fierté affichée – de défiler en blazer dans le stade olympique de Montréal, en 1976. En 1979, il est désigné correspondant de la Fédération internationale de sports équestres, jusqu’en 1983, date à laquelle, à la surprise générale, il est élu maire de Rambouillet (Yvelines), la ville où il a installé sa clinique pour exercer en équine. Il a trente-quatre ans seulement. Aux élections législatives du printemps 1986, son parti, le RPR, lui propose de l’investir à la députation. Il refusera (déjà !), préférant se présenter lors du renouvellement partiel du Sénat à la fin de la même année, « par goût des collectivités locales ». Il devient alors le plus jeune sénateur de France.

Rapidement, il se distingue par son travail parlementaire. Il est, par exemple, l’auteur de trois rapports sur la Poste, publiés en 1997, en 1999 et en 2003. Dans le deuxième, il préconise notamment la transformation de l’établissement public en société anonyme à capitaux publics… Il mène également une mission de réflexion pour préparer la réforme hospitalière. Devenu ministre du Travail entre 2004 et 2007, ses interlocuteurs syndicaux reconnaissent son sens du dialogue social. Il laisse le souvenir d’un négociateur habile, n’hésitant pas à rester tardivement à la table des négociations. On dit que Gérard Larcher aime tout, sauf le conflit : il a largement contribué à déminer la crise du contrat première embauche (CPE).

Le nouveau président entend redorer l’image du Sénat

Dans son nouveau costume de président du Sénat, Gérard Larcher s’est fixé une mission importante : remporter la bataille de l’image, redorer le blason de l’institution. « Le Sénat souffre d’un double déficit de légitimité et de visibilité, alors que c’est une institution utile à l’élaboration des lois. Ce n’est pas l’assemblée de la pomme de terre et de la châtaigne, ni un clone de l’Assemblée nationale, expliquait-il dans la même interview au Télégramme de Brest. Il joue un rôle de balancier stabilisateur, moins soumis aux pulsions brusques de l’opinion, et ne va donc pas au même rythme que le reste du pays. »

Pour reconquérir le cœur des Français, il veut s’appuyer sur des travaux de grande qualité répondant aux préoccupations des citoyens, mais aussi capables d’anticiper les questions de société, comme le débat qui aura lieu l’an prochain sur la bioéthique. Père de trois enfants, il est grand-père depuis deux mois, mais donne tout de même, à cinquante-neuf ans, un sacré coup de jeune à la présidence de la Haute assemblée. L’élection d’un vétérinaire à l’une des plus importantes fonctions de l’Etat donnera certainement du lustre au métier. Mais sera-t-il au rendez-vous sur des sujets concrets pour la profession ? Pourra-t-il agir ? Espérons-le.

Résultats des votes

Dans un fauteuil ! Après le retrait en début de journée de la candidature d’Alain Lambert, sénateur UMP, qui se présentait en franc-tireur, puis celui des candidats centriste et communiste, Gérard Larcher n’avait plus, face à lui, que le socialiste Jean-Pierre Bel. Il emporte la présidence haut la main dès le premier tour par 173 voix contre 134, la majorité absolue étant fixée à 165 voix.

N. F.
Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr