Les camélidés ne sont peut-être pas à l’abri de la blue tongue

Parmi les espèces sensibles à la fièvre catarrhale, les camélidés (lamas, alpagas et dromadaires) font office de parents pauvres de la réglementation. Ces animaux, qui ne présentent pas ou peu de signes cliniques, ne sont en effet pas inclus dans les mesures de prévention prises depuis l’arrivée du virus en Europe, bien qu’ils figurent sur la liste des espèces sensibles recensées par l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE). Légitimement, les éleveurs et les possesseurs de tels animaux s’interrogent, et ils obtiennent malheureusement peu de réponses. En effet, la documentation à leur sujet fait défaut. Aucune suspicion n’est répertoriée pour le sérotype 8, pour deux raisons. D’une part, les symptômes sont frustes ou absents, ce qui implique que la maladie est particulièrement difficile à déceler chez les camélidés. D’autre part, les données disponibles indiquent que ces espèces sont peu réceptives, ce qui n’incite pas à suspecter la fièvre catarrhale chez elles. Il en va différemment pour le sérotype 1, pour lequel plusieurs cas suspects chez des lamas et des alpagas seraient en cours d’analyse.

La question de la vaccination peut se poser

L’importation des camélidés est autorisée sous réserve que l’animal provienne d’un pays ou d’une zone indemne de fièvre catarrhale ovine depuis douze mois, ou soit issu d’un troupeau ou d’une exploitation autour desquels aucun cas n’a été enregistré depuis au moins quarante jours dans un rayon de 150 km. Il est aussi nécessaire que les résultats sérologiques soient négatifs en début de quarantaine et vingt-huit jours après, et qu’un déparasitage soit effectué. « La DGAL, interrogée pour une demande d’exportation, a proposé d’appliquer le protocole ovin (une seule injection), en précisant bien l’absence d’autorisation temporaire d’utilisation (ATU) pour ces espèces, indique notre confrère Bernard Giudicelli, qui s’intéresse aux lamas et aux alpagas depuis plus de vingt ans. Je conseille toutefois de ne procéder à une vaccination que sur demande expresse du propriétaire, car aucune garantie d’efficacité et d’innocuité ne peut être fournie. » Il se propose par ailleurs de rassembler les données relatives aux petits camélidés afin d’en faire une synthèse objective. Tous ceux (praticiens, laboratoires) qui disposent d’informations sur les signes cliniques, les suspicions, les résultats d’analyses ou les effets des vaccins chez les lamas et les alpagas peuvent donc le contacter (b.giudicelli-ly73@veterinaire.fr).