La concentration sérique des hormones thyroïdiennes dépend de facteurs de variation - La Semaine Vétérinaire n° 1329 du 03/10/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1329 du 03/10/2008

Bovins

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Catherine Bertin-Cavarait

Son lien avec la balance énergétique de la ration révèle leur rôle dans la reprise de l’activité ovarienne.

L’interprétation des dosages de la thyroxine chez les bovins nécessite la prise en compte des variations physiologiques et nutritionnelles. L’impact de l’iode et du sélénium sur la fonction thyroïdienne ne sera pas abordé dans cet article(1). La thèse de Mickaël Martin(2) en dresse un inventaire intéressant. Les concentrations plasmatiques des hormones thyroïdiennes varient selon un rythme circadien et la température extérieure. Les plus faibles concentrations sont mesurées au lever du jour et les plus élevées le soir, environ douze heures plus tard. S’y ajoutent des oscillations répétées toutes les quatre-vingt-dix minutes, expliquées par la sécrétion pulsatile de la TSH et les échanges de T3 et de T4 entre le sang et les tissus. Lorsqu’il fait froid, les concentrations des hormones thyroïdiennes plasmatiques sont plus élevées.

Chez les vaches gestantes, les concentrations en T4 et en T3 restent stables jusqu’au dernier mois de la gestation. Ensuite, elles diminuent progressivement jusqu’au vêlage. Celui-ci est suivi, dès les premiers jours de lactation, d’une chute importante des teneurs plasmatiques des hormones thyroïdiennes, particulièrement la T4, conséquence de la fuite mammaire et d’une insuffisance de compensation de la sécrétion thyroïdienne. C’est en début de lactation que sont mesurées les concentrations sériques de T4 les plus basses. Elles augmentent progressivement pendant la lactation, alors que les concentrations laitières de T4 et de T3 diminuent.

L’activité de la thyroïde est liée à l’apport énergétique de l’alimentation

Côté nutrition, les expérimentations montrent une forte liaison entre le niveau énergétique de la ration et l’activité thyroïdienne. La leptine serait le lien entre la sous-alimentation énergétique et l’hypothalamus.

Chez les veaux, la concentration en T4 plasmatique augmente parallèlement à l’apport de protéines alimentaires, et l’apport énergétique semble sans effet. Inversement, la concentration en T3 est influencée positivement par l’apport énergétique et l’apport protéique semble sans effet.

Chez les animaux en croissance, la distribution de différents régimes alimentaires avec un apport énergétique variable montre une baisse de la concentration sérique des hormones thyroïdiennes lors de la restriction des apports énergétiques.

Chez les vaches laitières, les concentrations plasmatiques de T4 et de T3 sont inversement proportionnelles à la balance énergétique post-partum. Ces basses concentrations sont observées durant les trois premiers mois de lactation, même après le retour à des valeurs normales de la Β-hydroxybutyrate et des acides gras libres. La régulation de ce mécanisme pourrait être d’origine centrale et dépendrait de la régulation de la faim. La quantité de fibres dans la ration des vaches laitières n’a pas d’influence sur les concentrations plasmatiques des hormones.

Les hormones thyroïdiennes stimulent la reprise de l’ovulation

Plusieurs études récentes ont permis de montrer l’importance des hormones thyroïdiennes lors de la reprise de l’activité ovarienne après le vêlage. Les concentrations circulantes en T3 et T4 sont moins élevées chez les animaux dont l’activité ovarienne est diminuée, alors que des valeurs élevées sont associées à une reprise plus rapide de l’activité ovarienne. En outre, de faibles concentrations sanguines en T3 semblent associées à de basses concentrations d’œstradiol et diminueraient l’expression de l’œstrus. Une corrélation entre l’augmentation des concentrations sanguines d’hormones thyroïdiennes et la reprise de l’ovulation est observée et suppose que les hormones thyroïdiennes pourraient déclencher le début du cycle ovarien. Des études in vitro, sur l’action des hormones thyroïdiennes sur les cellules de la thèque et de la granulosa, concluent à un effet direct de stimulation sur la fonction ovarienne. Toutefois, les conséquences les plus importantes sont notées en association avec d’autres hormones telles que l’insuline, la prolactine ou encore la leptine et la FSH. Les hormones thyroïdiennes prendraient part à la régulation hormonale de la stéroïdogenèse de l’ovaire.

Le statut inflammatoire et immunitaire des animaux influe également sur leur statut thyroïdien. Lors d’infections mammaires avec des numérations cellulaires supérieures à un million de cellules par millilitre, la sécrétion des hormones thyroïdiennes est diminuée par les cytokines inflammatoires et l’activité de désiodation mammaire est abaissée, en raison de la dégradation des iodothyronines dans le lait infecté.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1201 du 12/11/2005.

  • (2) Mickaël Martin : « Evaluation du statut en iode et de la fonction thyroïdienne chez les bovins », thèse, Nantes 2006.

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