LE XVIIIE SIÈCLE OUVRE UNE VOIE ROYALE AUX ÉCOLES VÉTÉRINAIRES - La Semaine Vétérinaire n° 1328 du 26/09/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1328 du 26/09/2008

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Auteur(s) : Nathalie Devos

Illuminé par la science et le respect de la nature, le siècle des Lumières est une époque pilier de l’histoire de France. Les physiocrates et les encyclopédistes contribuent à créer un terrain favorable à la fondation d’écoles vétérinaires. Les pertes économiques dues aux épizooties en cimenteront les bases.

Comme beaucoup d’institutions nouvelles, la première des écoles vétérinaires créées dans le monde, en France, est issue de l’heureuse conjonction de facteurs culturels, économiques, politiques et humains. Au milieu du XVIIIe siècle, sous l’influence des idées de Jean-Jacques Rousseau, la nature est à la mode.

Vers 1750, François Quesnay, médecin de Louis XV et de madame de Pompadour, crée le mouvement physiocratique (de kratos : pouvoir et phusis : nature). Pour les physiocrates, l’accroissement de la population, souhaitable, n’est possible que si les ressources alimentaires augmentent dans les mêmes proportions. Il faut donc « encourager la nature en investissant dans l’agriculture ».

Dès lors, les productions agricoles seront considérées comme un élément fondamental de l’économie. Ce mouvement trouve un écho favorable dans la classe dirigeante, notamment auprès de Henri Bertin, contrôleur des finances puis ministre de Louis XV en 1762, qui aidera l’écuyer lyonnais du Roy, Claude Bourgelat, à créer la première école vétérinaire du monde, celle de Lyon.

Substituer un enseignement méthodique à l’empirisme de “l’art” vétérinaire d’alors

Au XVIIIe siècle, l’esprit scientifique naît également avec les encyclopédistes. Il se caractérise par le rejet des connaissances puisées dans les observations superstitieuses, la valorisation de l’expérimentation dans les démarches scientifiques et l’élaboration de théories en relation avec des faits. L’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers (dirigée par d’Alembert et Diderot) a pour objectif de faire connaître les progrès et les connaissances de la science dans tous les domaines. Cet immense effort convainc les esprits éclairés de la nécessité de substituer un enseignement méthodique et rationnel à l’incohérence, à l’empirisme et à la superstition qui règnent dans “l’art” vétérinaire d’alors.

De 1700 à 1750, il existe déjà une médecine du cheval, mais rudimentaire, exercée avec plus ou moins de succès par les maréchaux. Quant aux maladies du bétail, ils en ignorent à peu près tout. Toutes sortes d’empiristes et de sorciers sont consultés par les paysans, qui croient aux maléfices et s’adonnent à des prières spécifiques pour protéger leurs troupeaux. Et les résultats auxquels ils aboutissent sont généralement désastreux.

L’idée de remédier à cette situation en encourageant la formation de vrais spécialistes de la santé animale commence à se faire jour, mais elle se heurte encore à de nombreux préjugés. Ainsi, par exemple, la dissection du cadavre d’un animal est considérée comme une chose vile et répugnante, indigne d’un homme de qualité.

Mais le XVIIIe siècle voit aussi s’amorcer une transformation de la relation homme-animal, notamment grâce à Georges-Louis Buffon, le célèbre naturaliste, qui “ose” comparer l’anatomie humaine à celle des animaux. Il a contribué à réduire le fossé infranchissable entre l’homme, être pensant, doté d’une âme immortelle et de raison, et “l’animal-machine” de René Descartes qui existait auparavant.

Les guerres et les maladies déciment les bovins et les chevaux

Si l’idée d’instruire les vétérinaires commence à cheminer, c’est aussi parce que la situation sanitaire du cheptel français est déplorable. Du XVe au XVIIIe siècle, de nombreuses maladies du bétail (peste bovine, charbon, morve, clavelée, fièvre aphteuse, etc.) sévissent à l’état endémique dans toute l’Europe. De temps à autre, des flambées épizootiques éclatent, conséquence des mouvements des armées en campagne, qui déplacent avec elles le bétail nécessaire à leur subsistance. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les guerres sont presque permanentes et déciment bovins et chevaux en France.

Selon le vétérinaire Auguste Louis Emmanuel Leclainche (1861-1953), la mortalité est considérable. Au total, entre 1713 et 1796, environ dix millions de bovins auraient péri en France et en Belgique. Ces pertes viennent s’ajouter à la misère des campagnes, déjà rudement éprouvées par la famine de 1709 (qui avait imposé des abattages massifs de bétail).

C’est donc dans cette ambiance française du XVIIIe siècle, à travers ses plus brillants penseurs, qu’a été préparée la création de la première école vétérinaire, à Lyon, dont le mérite revient majoritairement à Claude Bourgelat et à Henri Bertin.

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