Une variation de la saisonnalité s’ajoute à l’augmentation des cas de botulisme - La Semaine Vétérinaire n° 1327 du 19/09/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1327 du 19/09/2008

Epidémiosurveillance des productions avicoles

Formation continue

FILIÈRES

Auteur(s) : Catherine Bertin-Cavarait

Professionnels des filières, praticiens et chercheurs avancent plusieurs théories pour expliquer ce phénomène.

Les vétérinaires de la filière avicole sont confrontés à une recrudescence des cas de botulisme dans les élevages de volailles de chair depuis l’année dernière. Les enregistrements du Réseau national d’observations épidémiologiques en aviculture (RNOEA) objectivent l’augmentation de l’incidence.

Créé en 1987 à la demande des confrères spécialisés en aviculture, le RNOEA(1) est animé par l’unité d’épidémiologie et de bien-être (EBEAC) de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) de Ploufragan. Ses données sont confidentielles. Toutefois, ses membres ont accepté de communiquer les informations épidémiologiques relatives au botulisme lors de l’atelier aviaire du congrès de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) le 28 mai dernier à Nantes, et de l’édition rennaise des Rencontres interprofessionnelles de pathologie aviaire (Rippa) le 12 juin. La synthèse des signalements met en évidence deux types de modifications épidémiologiques, d’une part une hausse de l’incidence annuelle de la maladie, d’autre part une modification de sa saisonnalité dans les élevages avicoles domestiques. Entre 2006 et 2007, le nombre de cas enregistrés est multiplié par 4,5(2). Toutefois, « une recrudescence est observée depuis 2005 », souligne notre consœur Rozen Souillard, de l’Afssa. Trois cas sont signalés en 2004, douze en 2005, vingt-huit en 2006 puis cent vingt et un en 2007. « Ce nombre est sous-estimé. Il est vraisemblablement deux fois plus élevé, analyse notre confrère Dominique Balloy, président de la commission aviaire de la SNGTV. Nous pouvons supposer que les cas de botulisme sont multipliés par dix. »

De 1997 à 2006, 61,2 % des cas sont consignés l’été et 8,5 % durant l’automne. En 2007, 56 % le sont pendant l’été et 25,6 % au cours de l’automne. Habituellement, la dinde et le poulet sont les deux productions avicoles majoritairement touchées par le botulisme (). Deux variantes apparaissent en 2007. Ainsi, les poulets sont plus atteints que les dindes et le nombre de cas notés dans les élevages de pintades passe d’un taux annuel de 2 % à 7,5 %. Dans plus de la moitié des cas signalés au RNOEA, la neurotoxine n’est pas identifiée. Lorsqu’elle l’est, deux types sont généralement reconnus, les C et D. Cette observation est valable en 2007 comme pour les dix années précédentes. La toxine E n’a pas été mise en évidence depuis 2001.

Les hypothèses de cette recrudescence ne sont pas confirmées pour le moment

La France n’est pas le seul pays concerné par la recrudescence des cas de botulisme dans les élevages de volailles. « Elle est notée dans tous les bassins de production, dans l’ensemble des pays européens, y compris ceux du nord », souligne Dominique Balloy. Aucune observation similaire n’est faite au sein de l’avifaune sauvage. La question d’un lien entre ces épisodes et les problèmes digestifs des volailles, rencontrés depuis l’arrêt des additifs antibiotiques et des farines de viande, se pose. « L’ensemble du phénomène de déséquilibre digestif semble participer à cette explosion, estime notre confrère. Nous revivons, six ans plus tard, les épisodes d’entérites nécrotiques qui ont suivi l’arrêt des additifs. » Pourquoi une telle émergence de cas est-elle observée au même moment dans les élevages de dindes, de poulets et de pintades de gibier ? « Il est difficile d’imaginer une fragilisation du tube digestif concomitante chez toutes ces espèces », remarque Jean-Luc Guérin, maître de conférences à l’école de Toulouse. La piste d’une contamination tellurique des matières premières des aliments est également étudiée. Il s’agit d’un sujet sensible sur lequel il est extrêmement délicat d’enquêter. Les chercheurs et les professionnels de l’alimentation animale se heurtent à un réel problème diagnostique. Clostridium botulinum est une bactérie qui se cultive mal et particulièrement difficile à mettre en évidence. « Une matière première “universelle” contaminée dans toute la France et dans de nombreuses usines serait nécessaire », indique Jean-Luc Guérin.

Le gène codant pour la production des neurotoxines botuliques C et D est porté par un phage qui se multiplie de façon synchrone avec C. botulinum. Le transfert des phages entre des souches de C. botulinum C et de C. botulinum D, et entre C. botulinum C ou D et C. novyi est observé. « Une souche de type D peut, par exemple, perdre son phage D et acquérir un phage C, donc devenir une souche C », explique Michel-Robert Poppof, responsable du Centre national des anaérobies de l’Institut Pasteur. L’incidence de C. perfringens, responsable de l’entérite nécrotique chez les volailles, a fortement augmenté dans les pays qui ont supprimé l’utilisation des antibiotiques facteurs de croissance. Une transmission du phage codant pour la toxine C ou D de C. botulinum à C. perfringens est-elle envisageable ? « Le transfert avec C. perfringens reste hypothétique, il n’est pas encore mis en évidence », conclut le scientifique.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1321 du 27/6/2008 en page 17.

  • (2) http://agriculture.gouv.fr/sections/mediatheque/periodiques/ bulletin-epidemiologique/bulletin-epidemiologique5583/ downloadFile/FichierAttache_1_f0/be_24.pdf?nocache = 1201181506.55

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