Un dalmatien est appelé à témoigner dans l’enquête sur le décès de sa maîtresse - La Semaine Vétérinaire n° 1327 du 19/09/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1327 du 19/09/2008

Justice. Un témoin improbable

Actualité

Auteur(s) : Nicolas Fontenelle

Décembre 1995. Une femme âgée de cinquante-neuf ans est retrouvée pendue à son domicile, dans les Hauts-de-Seine. Les policiers investissent sa péniche amarrée sur la Seine, fouillent… et trouvent pour seul témoin un chien, précisément un dalmatien. Pour les enquêteurs et le parquet de Nanterre, pas de doute, c’est un suicide. Mais la famille n’y croit pas. Elle défend la thèse du meurtre et dépose une plainte avec constitution de partie civile. Début 2006, une information judiciaire pour homicide volontaire est ouverte. Une nouvelle expertise contredit le rapport d’autopsie et laisse entendre, sans le démontrer, que la victime a pu être étranglée avant d’être pendue. Rapidement, deux personnes sont mises en examen : le légataire universel et l’une des amies de la morte, veuve, ancienne épouse d’un antiquaire. Mais l’enquête piétine, s’enlise. En juillet dernier, le juge en charge de l’instruction décide de revenir sur la péniche avec les deux suspects, le chien et deux vétérinaires comportementalistes. Son but : confronter le canidé aux personnes mises en cause pour faire appel à sa mémoire et observer ses réactions. L’information a été révélée par France Info le 9 septembre dernier. Selon Le Canard Enchaîné, qui a consacré également un article au sujet, le chien n’a pas eu de « réaction significative », à l’exception d’une fois, lorsqu’il s’est agité autour « d’un gendarme qui exerce les fonctions de… maître-chien ». En revanche, selon France Info, il a bel et bien jappé devant l’un des deux suspects. Interrogé par LCI, Claude Beata, vétérinaire comportementaliste, noteque « l’aboiement d’un chienne signifie rien ». Pour lui, un animal peut être marqué par une scène, mais le fait que le dalmatien ait aboyé peut signifier que cette personne l’a grondé fortement il y a trois ans ou caressé longuement… Quoi qu’il en soit, un chien ne peut pas juridiquement être témoin. On imagine donc que le juge avait de bonnes raisons de faire appel à la mémoire canine ou que le mystère de cette mort est si épais que tout, vraiment tout, mérite d’être tenté. « La seule carence dans ce curieux épisode est que le chien n’a pas levé la patte pour prêter serment en arrivant sur le bateau », a ironisé l’un des avocats présents lors de la confrontation.

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