La peste des petits ruminants est peut-être une nouvelle menace pour l’Europe

Depuis juillet dernier, une épizootie de peste des petits ruminants sévit au Maroc. Jusque-là cantonnée dans l’ouest et le sud de l’Afrique, au Moyen-Orient et en Inde, cette affection, due à un paramyxovirus du genre morbillivirus, n’avait pas encore franchi le Sahara. Les mesures d’urgence mises en place dès l’apparition des premiers foyers ont permis de limiter son extension. A ce jour, seuls quatre mille quatre cents cas (dont deux mille cent trente morts) sont recensés, dans un pays qui compte environ vingt-deux millions de petits ruminants. Ils sont répartis dans cent trente-sept exploitations de vingt-huit provinces, dont trois sont frontalières avec l’Algérie, un pays encore indemne qui a aussitôt mis en place des moyens importants de surveillance. En raison du caractère contagieux du virus, transmis par contact direct, l’aide de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a été sollicitée. Les directeurs des services vétérinaires des cinq pays d’Afrique du Nord se sont réunis, fin août, pour décider d’une stratégie de lutte et de prévention commune. L’Espagne était également représentée, car tous les partenaires commerciaux, donc certains pays d’Europe du Sud, sont menacés.

L’augmentation du commerce des moutons à l’occasion du ramadan, et jusqu’à l’Eid al-Adha, complique l’application des mesures de confinement des animaux dans les foyers et de limitation des mouvements. Une surveillance sanitaire des élevages est instaurée précocement. Ces dispositions sont parfois difficiles à faire respecter sur le terrain, car les petits troupeaux sont un moyen de subsistance pour des millions de personnes et la perte économique en cas de maladie est élevée. Une campagne de vaccination est en cours, d’abord autour des foyers, puis elle va peu à peu s’étendre à tout le pays dès que les vaccins seront disponibles. La surveillance des frontières s’accentue également, car l’origine de la contamination serait l’introduction non officielle d’animaux infectés dans ce pays qui n’est pas un importateur de moutons.

La réceptivité varie selon les espèces de petits ruminants et les races

La peste des petits ruminants est une maladie contagieuse qui compte jusqu’à 90 % de morbidité chez les espèces sensibles et dont le taux de mortalité atteint 50 à 80 %, plus élevé chez les caprins. Elle affecte surtout les chèvres, les ovins d’élevage et certaines espèces de petits ruminants sauvages. La réceptivité est variable selon les espèces et également la race, notamment chez les caprins. Exceptionnellement, les bovins et les porcs peuvent développer des infections inapparentes. Il n’existe pas de portage.

Les signes cliniques associent de l’hyperthermie, une stomatite ulcéreuse, du jetage, des larmoiements par inflammation des muqueuses, de la diarrhée. La mort survient en cinq à six jours pour les formes suraiguës, jusqu’à dix pour la forme aiguë. La forme chronique évolue durant quinze jours, avec des symptômes similaires bien qu’atténués.

Il n’existe pas de traitement, mais une antibiothérapie est conseillée pour limiter les complications respiratoires (pneumopathies) qui peuvent laisser des séquelles. Des lésions ulcératives sont observées sur toutes les muqueuses (buccale, respiratoire et digestive) et s’accompagnent d’anorexie, d’amaigrissement et d’avortement chez les animaux survivants.