La gestion de la douleur arthrosique inclut une adaptation de l’alimentation - La Semaine Vétérinaire n° 1327 du 19/09/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1327 du 19/09/2008

Arthrose et nutrition

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Valérie Trudel*, Eric Troncy**

Fonctions :
*Faculté de médecine vétérinaire, université de Montréal.

Un régime qui contient un taux élevé d’acides gras oméga 3 permet de préserver l’intégrité du cartilage.

Le vétérinaire est souvent confronté à des situations où il doit traiter des problèmes de douleur et d’inflammation chroniques et récurrents. Outre l’efficacité thérapeutique, le contrôle des effets secondaires médicamenteux est primordial dans la réussite du traitement. En ce sens, l’alimentation peut apporter un soutien dans la prise en charge de la douleur arthrosique.

Les acides gras essentiels jouent un rôle important dans le processus inflammatoire

Les acides gras oméga 6 (PG2, LT4 dérivés de l’acide arachidonique) sont pro-inflammatoires, alors que les acides gras oméga 3 tels que l’acide eicosapentanoïque (EPA), le PG3, le LT5 et l’acide docosahexaénoïque (DHA) sont reconnus pour leurs propriétés anti-inflammatoires. Les oméga 3 sont présents dans les graines de lin et l’huile de poisson d’eau froide, alors que les oméga 6 sont issus de la graisse animale. Contrairement à ce qui était admis jusqu’à récemment, l’action anti-inflammatoire des oméga 3 serait un processus actif et non passif. Deux types de médiateurs dérivés des oméga 3 sont connus : les résolvines et les protectines. Ces deux substances sont rapidement générées et relâchées localement dans les tissus lésés et initient alors la phase de résolution de la réponse inflammatoire. Les résolvines sont élaborées à partir de l’EPA et du DHA, alors que les protectines proviennent du DHA.

Le contrôle du poids peut agir à titre préventif chez les animaux prédisposés à l’arthrose et peut aider dans le contrôle des signes cliniques chez les chiens qui en sont atteints. Un surplus pondéral de 10 à 30 % au-dessus du poids idéal peut être suffisant pour entraîner une aggravation des signes cliniques. Les cellules adipeuses et les cellules musculaires inactives produisent respectivement des adipokines et des myokines qui sont des médiateurs pro-inflammatoires. Ainsi, un amaigrissement (voir bibliographie) et une augmentation de l’activité peuvent être bénéfiques pour les chiens atteints d’arthrose, alors que le gain de poids pourrait avoir l’effet inverse.

Le profil génétique d’un animal obèse est réversible en le faisant maigrir

Le profil d’expression des gènes diffère chez les chiens obèses par rapport aux chiens sveltes. La nutrigénomique a permis de démontrer qu’une modification du profil d’expression génétique d’un chien obèse est possible en lui servant une ration diététique de contrôle du poids. Dès lors, son profil d’expression génétique sera celui d’un chien métaboliquement mince. Les applications cliniques de cette découverte sont encore inconnues, mais prometteuses.

Lors d’arthrose, les aggrécanases sont les enzymes qui causent la dégradation du cartilage. L’acide gras oméga 3 actif à ce niveau chez le chien est l’EPA. Il agit en inhibant la production d’aggrécanases et préserve donc l’intégrité du cartilage.

Lors d’une étude clinique(1), l’utilisation d’une ration contenant un taux élevé d’oméga 3, et particulièrement d’EPA, a abouti à des résultats probants. Les propriétaires ont remarqué une amélioration significative de l’état de leur chien (plus grande facilité à courir, jouer, se lever, sauter et monter les escaliers). Les concentrations d’EPA dans le sérum étaient aussi plus élevées. D’autres études(1) ont mis en évidence que la concentration sérique d’EPA est proportionnelle à sa concentration dans le cartilage. Sur la plaque de force, les animaux ont montré une amélioration par rapport au poids porté par le membre affecté. Les vétérinaires ont aussi remarqué cette évolution positive lors de l’examen clinique. De plus, une réduction des doses d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (carprofène) a été possible.

Notre confrère Philip Roudebush a mis l’accent sur les bienfaits de la supplémentation en oméga 3. Il a insisté sur l’aspect pratique et efficace de fournir un tel apport via une ration contenant une haute teneur en cet acide gras essentiel. En effet, pour donner à un labrador la même quantité que celle contenue dans une nourriture riche en oméga 3, il faudrait lui administrer jusqu’à trente capsules de 1 g d’huile de poisson matin et soir. Toutefois, tous les aliments ne sont pas équivalents et il est important de vérifier leur teneur en oméga 3, car il existe d’importantes variations.

La gestion multimodale de la douleur devrait inclure la nutrition, puisque cette dernière offre des voies intéressantes qui valent la peine d’être exploitées.

  • (1) Données internes Hill’s Pet Nutrition.

CONFÉRENCIER

Philip Roudebush, diplomate de l’American College of Veterinary Internal Medicine, director scientific affairs of Hill’s Pet Nutrition Inc., Topeka (KS), Etats-Unis.

Article tiré de la conférence « Nutrition, inflammation et douleur », présentée lors du congrès de l’International Veterinary Academy of Pain Management, de l’Ordre des vétérinaires du Québec et de la faculté de médecine vétérinaire de l’université de Montréal, du 1er au 3 novembre 2007. Ont collaboré au programme scientifique la Société canadienne contre la douleur, le Conseil canadien de protection des animaux et l’Association vétérinaire pour l’anesthésie et l’analgésie animales (4A-Vet).

BIBLIOGRAPHIE

  • • J.A. Impellizeri et coll. : « Effect of weight reduction on clinical signs of lameness in dogs with hip osteoarthritis », Javma, 2000, vol. 216, n° 7, pp. 1089-1091.
  • • R.D. Kealy et coll. : « Evaluation of the effect of limited food consumption on radiographic evidence of osteoarthritis in dogs », Javma, 2000, vol. 217, n° 11, pp. 1678-1680.
  • • G.K. Smith et coll. : « Lifelong diet restriction and radiographic evidence of osteoarthritis of the hip joint in dogs », Javma, 2006, vol. 229, n° 5, pp. 690-693.
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