L’optimisation du cycle de la jument nécessite de combiner plusieurs facteurs

Selon notre confrère américain Dietrich Volkmann⁽¹⁾, « les juments deviennent gravides en dépit et non grâce à ce qu’on leur fait » ! Afin de maximiser les chances pour chaque jument de mener à bien une gestation, trois éléments sont à prendre en compte : la mère, l’étalon et sa semence, le facteur environnemental.

Pour le choix de la jument, il convient notamment de considérer son âge et d’étudier ses antécédents de reproductrice. Le facteur mâle, capital, nécessite de se renseigner au sujet des performances de l’étalon, de son taux de fertilité, notamment pour les inséminations artificielles : choix entre la semence fraîche, réfrigérée ou congelée, doses disponibles, leurs caractéristiques (motilité, taux de vivants à la décongélation), etc. Les éleveurs ont à leur disposition de nombreux étalons et différentes techniques de reproduction assistée. L’insémination artificielle en fond de corne n’est pas toujours justifiée avec des spermes en faible quantité et de mauvaise qualité. « Il est préférable d’obtenir une jument pleine en fin de saison plutôt que de sélectionner un étalon prestigieux infertile », souligne notre confrère. Toutefois, « s’il est possible de maîtriser les données techniques de la reproduction, le contexte environnemental est plus difficile à gérer ». Plusieurs éléments entrent en ligne de compte, comme le choix du moment de la mise à la reproduction (les périodes transitionnelles sont à éviter et il vaut mieux opter pour avril ou mai que février), le stress de la nouveauté, le changement alimentaire, le manque d’exercice, l’absence d’étalon souffleur.

La synchronisation des chaleurs est intéressante pour gérer un groupe de juments et leur éviter trop de transports et de stress. Aux Etats-Unis, les vétérinaires disposent de progestérone combinée aux œstrogènes, ce qui semble donner de meilleurs résultats que la progestérone seule.

L’optimisation du cycle diffère chez les juments normales ou “sensibles”

Le premier objectif est d’évaluer le nombre de follicules matures en début d’œstrus et d’exploiter toutes les ovulations, quitte à gérer après les jumeaux potentiels. Ensuite, la programmation de l’insémination ou du saut est primordiale : en l’absence de liquides, il convient d’inséminer lors d’une ovulation, en évitant d’utiliser de trop grands volumes de sperme, car il s’agit d’un facteur potentiel d’inflammation.

Pour une meilleure vidange utérine, la jument doit pouvoir bouger après l’insémination et il convient également, quand cela est possible, de faire appel une nouvelle fois au souffleur.

Le contrôle d’ovulation permet de vérifier le nombre de corps jaunes et de gérer la présence éventuelle de liquide utérin. Lorsque ce dernier est présent, il sera évacué par massages plutôt que par lavages.

Les juments sont dites “sensibles” ou à problème lorsqu’elles présentent des liquides intra-utérins avant ou après l’insémination artificielle ou la saillie, des antécédents d’endométrite aiguë ou chronique (endométrite dégénérative), sont nullipares à dix ans, dépassent l’âge de seize ans, présentent un col serré, des antécédents de subfertilité. De telles juments doivent impérativement être inséminées avec une semence de bonne qualité. Il est possible de leur administrer des antibiotiques sous forme systémique (sulfamides) et des anti-inflammatoires (prednisolone avant la saillie). Le liquide utérin doit être éliminé par massage avant l’insémination. Si besoin, de l’ocytocine sera injectée quatre heures après l’insémination artificielle, trois ou quatre fois de suite (10 UI) jusqu’au contrôle de l’ovulation vingt-quatre heures plus tard. Les lavages utérins peuvent être utiles dans ce cas. Il est fortement déconseillé de procéder à plus d’une insémination artificielle durant le même cycle. En outre, il convient de bien vérifier la fermeture vulvaire et, si les juments sont paresseuses, de les longer au trot soutenu deux fois par jour, car elles ont besoin d’exercice pour évacuer les fluides utérins. La progestérone n’est pas utilisée fréquemment par notre confrère chez ces juments : la seule raison qui justifierait sa prescription serait la présence de kystes endométriaux volumineux nuisant au signal embryonnaire.

Quant à l’association jument subfertile et semence de mauvaise qualité, Dietrich Volkmann n’a pas de solution miracle, si ce n’est de l’éviter à tout prix si l’objectif est d’obtenir une gestation en fin de saison.

• (1) Conférence présentée lors des journées annuelles de l’Avef 2007 à Deauville.