Les images de dermatoses alopéciques non prurigineuses sont parfois caractéristiques - La Semaine Vétérinaire n° 1326 du 12/09/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1326 du 12/09/2008

Dermatologie

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Gwenaël Outters

Plusieurs signes cliniques sont nécessaires pour orienter clairement le diagnostic.

Les alopécies non inflammatoires sont de trois types : les dysendocrinies, les alopécies récidivantes et les dysplasies folliculaires. Parmi les premières, le syndrome de Cushing se caractérise par une alopécie tronculaire bilatérale et symétrique (qui peut cependant se localiser sur le chanfrein ou la corde du jarret), accompagnée de symptômes généraux. La peau est fine et hypotonique, avec une perte d’élasticité. Une phlébectasie se manifeste par une augmentation de la visualisation des vaisseaux sous-cutanés. Des stries blanchâtres (vergetures) peuvent apparaître, en particulier sur la peau de l’abdomen. Des comédons brunâtres à topographie ventrale, et surtout périmammelonnaire, sont notés. La calcinose cutanée forme des concrétions blanchâtres, érythémateuses et inflammatoires, prurigineuses et douloureuses, qui peuvent dessiner des plaques et laisser extruder du calcium. Une hyperpigmentation cutanée localisée ou diffuse est présente. Les complications bactériennes sont fréquentes. Au microscope, une télogénisation importante des poils est observée.

L’image de “queue de rat” souvent décrite n’est pas spécifique d’une hypothyroïdie

L’hypothyroïdie est caractérisée par une alopécie tronculaire, bilatérale, symétrique, liée à un non-renouvellement des poils, surtout sur les zones de frottement (cou). Les poils sont fins et décolorés. D’autres signes dermatologiques peuvent être évocateurs (comédons, squamosis, état kératoséborrhéique parfois compliqué d’une pyodermite, myxœdème dermique responsable du “faciès tragique”). L’observation microscopique montre une hyperplasie épidermique associée à une mucinose, ce qui oriente le diagnostic vers une dysendocrinie. Les poils sont en phase télogène.

Le syndrome de féminisation est causé par un sertolinome secrétant

Le syndrome de féminisation chez le mâle touche préférentiellement les animaux âgés de huit à douze ans, de races boxer, colley ou pékinois. Il est le fait d’un sertolinome sécrétant. L’alopécie non systématique peut être associée à un état kératoséborrhéique, à des macules hypermélaniques, à une gynécomastie, à une ptose du fourreau, à une dermatose linéaire prépuciale (érythème, hyperpigmentation, comédons) et à une hyperpigmentation du scrotum.

L’alopécie X est progressive et concerne les zones de friction

L’alopécie X touche préférentiellement les races nordiques, le caniche et les chiens à poils pelucheux. Aucun signe général n’est associé à cette affection. Elle se caractérise par une alopécie progressive des zones de friction, avec une perte des poils primaires et, dans un premier temps, une persistance des poils secondaires, ce qui donne un aspect dit “en vieille peau de mouton”. Des surinfections compliquent parfois le tableau. En général, la face, les antérieurs et l’extrémité des postérieurs sont préservés. Le caniche a tendance à développer une hypermélanose sur la face postérieure des cuisses. Les mèches de bourre persistent, ainsi que des poils au milieu de plages alopéciques, ce qui est caractéristique. Les poils peuvent repousser à la suite d’un traumatisme (biopsie). L’histologie révèle des follicules en flamme qui, associés aux données cliniques, sont fortement évocateurs de l’alopécie X.

L’alopécie récidivante des flancs touche presque tous les chiens

L’alopécie récidivante des flancs se manifeste par un aspect en carte de géographie, généralement symétrique, qui apparaît plutôt en automne ou en hiver. Les poils repoussent de façon spontanée dans les trois à quatre mois suivants. Ils sont souvent plus sombres, mais d’une densité normale. Peu de chiens semblent épargnés par cette entité dermatologique. Parfois, elle est associée à une hyperpigmentation. Chez le korthals, il existe une forme localisée au niveau des pavillons auriculaires et de la face postérieure des cuisses. L’histologie révèle des images de kératose folliculaire “en pied de sorcière”.

L’alopécie en patron atteint préférentiellement les teckels et touche les pavillons auriculaires, le ventre et la face postérieure des cuisses. Elle est associée à une hypermélanose. Le microscope révèle des follicules pileux miniaturisés.

Une folliculite bactérienne peut être un signe d’appel de dysplasie folliculaire

Lors de dysplasie folliculaire, l’alopécie bilatérale symétrique touche de jeunes animaux et se localise au niveau du tronc. Des troubles de la kératinisation (squamosis, comédons) et des pyodermites secondaires peuvent compliquer le tableau. Les poils sont sinueux, tordus, crochetés, légèrement piquants au toucher, caractérisant une dysplasie pilaire. Certaines dysplasies folliculaires sont liées à la couleur (alopécie des robes diluées, dysplasie folliculaire des poils noirs). Une folliculite bactérienne peut être un signe d’appel, de même que des manchons pilaires. L’examen microscopique du poil permet de confirmer une anomalie de la répartition de la mélanine avec des amas au niveau de la cuticule, de la tige ou sur les racines, et une altération de la forme des poils. L’anatomopatholologiste retrouve une hyperkératose et une incontinence pigmentaire.

Les images de dermatoses alopéciques non prurigineuses sont relativement caractéristiques, sans toutefois être pathognomoniques. C’est pourquoi mieux vaut ne jamais conclure en face d’un seul signe ou d’une image clinique isolée.

  • Les alopécies non inflammatoires présentées dans cet article ne sont pas exhaustives.

CONFÉRENCIER

Arnaud Muller, praticien à Lomme (Nord), titulaire d’un CES de dermatologie, résident du Collège européen de dermatologie.

Article tiré de la conférence « Diagnostic des alopécies non inflammatoires par l’image », présentée lors du congrès de l’Afvac en 2007.

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