Le virus Ebola est responsable d’une mortalité élevée chez les primates - La Semaine Vétérinaire n° 1326 du 12/09/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1326 du 12/09/2008

Virologie

Formation continue

FAUNE SAUVAGE

Auteur(s) : Marie Sigaud

Il constitue une menace pour la santé humaine et un frein aux efforts de conservation.

Le virus Ebola porte le nom d’une rivière de la république démocratique du Congo (ex-Zaïre) près de laquelle il a été isolé pour la première fois, en 1976. Depuis, il est à l’origine de plusieurs épidémies mortelles en Afrique centrale. Récemment encore, en 2007, des épidémies ont touché la république démocratique du Congo et l’Ouganda.

Le virus Ebola appartient à la famille des Filoviridae. Il en existe quatre sous-types (Zaïre, Soudan, Côte d’Ivoire et Reston), dont trois sont pathogènes pour l’homme et sévissent sur le continent africain. Le plus dangereux et virulent serait le sous-type “Ebola-Zaïre”, responsable de plusieurs épidémies mortelles en république démocratique du Congo et au Gabon.

La transmission se fait par simple contact avec un individu infecté

L’infection se manifeste chez l’homme par une fièvre hémorragique qui peut entraîner la mort en quelques jours seulement dans plus de 80 % des cas. Aucun médicament ni vaccin n’est disponible. Seuls la prévention et le contrôle rapide des épidémies par l’isolement des malades, ainsi que la protection du personnel soignant, permettent d’en limiter l’extension. Depuis sa découverte, quelque mille huit cent cinquante cas, dont plus de mille deux cents mortels, sont documentés. Le virus est un agent pathogène de classe 4, à très haut risque infectieux : les recherches doivent donc être menées au sein d’installations de confinement de niveau correspondant (laboratoires P4).

L’infection se transmet par simple contact avec le sang, les sécrétions, les organes ou des liquides biologiques de sujets infectés en phase symptomatique. Le virus se dissémine rapidement dans la rate, les ganglions lymphatiques, le foie et les poumons où il se réplique activement. Après une période d’incubation de cinq à sept jours, les premiers symptômes apparaissent : hyperthermie, asthénie, arthralgie, myalgie, diarrhée, douleurs abdominales, etc. Puis l’infection se généralise et induit des changements physiopathologiques sévères (atteintes hépatique et rénale, troubles de la coagulation, hémorragies multiples, etc.) pour aboutir, la plupart du temps, à la mort des patients.

Le virus Ebola touche les populations de grands singes

Le virus Ebola peut se transmettre à l’homme lors de la manipulation d’animaux porteurs du virus, vivants ou morts, comme les chimpanzés, les gorilles et certaines antilopes des bois (les céphalophes). Ainsi, les épidémies humaines apparues en 2001 étaient concomitantes de flambées virales simultanées chez plusieurs espèces de la faune sauvage.

Les hommes se contaminent souvent par l’intermédiaire de primates non humains infectés, eux-mêmes sensibles à la maladie. En effet, le virus touche également cruellement les populations de primates sauvages comme les chimpanzés et les gorilles, provoquant des épizooties dévastatrices au sein de populations réduites, déjà fragilisées par la réduction de leur habitat et la pression anthropique. C’est justement après la consommation de singes contaminés que sont apparues certaines épidémies au sein de villages en bordure de forêt. Le réservoir de ce virus a longtemps été ignoré. Si les singes étaient des sources de contamination connues pour l’homme, qui contaminait les singes ?

Des chauves-souris tropicales pourraient constituer un réservoir

Des scientifiques de l’Institut de recherche et du développement (IRD) et du Centre international de recherches médicales de Franceville (CIRMF) ont mené une étude, entre 2001 et 2003, sur des petits vertébrés sains capturés près de carcasses de primates infectés, au Gabon et en république démocratique du Congo. Ils ont alors découvert des anticorps spécifiques du sous-type Zaïre dans le sérum de trois espèces de chauves-souris frugivores : l’hypsignathe (Hypsignathus monstrosus), l’épomophore de Franquet (Epomops franqueti) et le myonyctère à collier (Myonycteris torquata). Les résultats ont également mis en évidence la présence de séquences d’ARN viral dans le foie et la rate de ces mêmes animaux. Les chauves-souris sont donc porteuses du virus Ebola sans être malades, ce qui les désigne comme un réservoir naturel potentiel du virus. De plus, les observations sur le terrain montrent que les pics de mortalité chez les grands singes se situent lors de la saison sèche, une période pendant laquelle les ressources alimentaires se font rares. Cela favorise une plus grande promiscuité entre certaines espèces, comme les chauves-souris et les primates, autour des mêmes sources d’alimentation : les arbres fruitiers. A cette période s’ajoutent plusieurs événements comportementaux et physiologiques chez les espèces de chauves-souris incriminées, telles que les compétitions intraspécifiques entre mâles et les mises bas groupées des femelles. Tous ces facteurs modifieraient la nature et le niveau des réponses immunitaires, propices à la reprise de la réplication virale dans les organes cibles, voire à l’apparition de virus dans la circulation sanguine. Ainsi, la contamination des grands singes se ferait principalement à cette période, par contact direct avec les sécrétions des chauves-souris, notamment par le sang et les liquides placentaires lors des mises bas.

POUR EN SAVOIR PLUS

• E.M. Leroy, P. Rouquet, P. Formenty et coll. : « Multiple Ebola virus transmission events and rapid decline of central african wildlife », 2004, Science, vol. 303, pp. 387-390.

• E.M. Leroy, B. Kumulungui, X. Pourrut et coll. : « Fruit bats as reservoirs of Ebola virus », 2005, Nature, vol. 438, pp. 575-576.

• http://www.who.int

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