Il existe dix façons de traiter l’arthrose canine et féline - La Semaine Vétérinaire n° 1326 du 12/09/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1326 du 12/09/2008

Orthopédie chez le chien et le chat

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Philippe Zeltzman

Fonctions : diplomate de l’American College of Veterinary Surgeons (ACVS), chirurgien au Valley Central Veterinary Referral Center (Whitehall, Pennsylvanie).

Si une seule technique est souvent insuffisante, la mise en œuvre de plusieurs méthodes permet généralement d’atteindre un résultat satisfaisant.

L’arthrose est une affection dégénérative chronique des articulations qui mène souvent à l’euthanasie. Pourtant, il existe de multiples solutions pour aider les chiens et les chats à mieux se déplacer, sans douleur. Chez les animaux, l’arthrose est secondaire à une autre affection comme une rupture du ligament croisé, une luxation de la rotule, une dysplasie de la hanche ou du coude, un traumatisme, etc. Il existe une dizaine de moyens de lutter contre ce trouble. Même si une seule technique mène rarement à un succès retentissant, la mise en œuvre de plusieurs méthodes permet le plus souvent d’atteindre un résultat satisfaisant. Les options évoquées ici concernent uniquement l’ostéo-arthrose, à l’exclusion de l’arthrite septique et des arthrites d’origine immunitaire.

1 LE RÉGIME AMAIGRISSANT OU LE MAINTIEN DU POIDS.

Atteindre un poids idéal est primordial chez un animal atteint d’arthrose. Cette règle générale s’applique d’autant plus lorsque les membres antérieurs sont affectés, car ils portent 60 % du poids. Des études montrent que la baisse pondérale seule peut réduire une boiterie. La restriction calorique peut en particulier retarder l’apparition et diminuer la sévérité de l’arthrose à la suite d’une dysplasie de la hanche.

De nombreux régimes alimentaires existent pour atteindre ce but. Des molécules comme le mitratapide ou le dirlotapide peuvent aussi être utilisées afin d’accélérer le processus. Une fois le poids idéal atteint, il est important de passer à un aliment allégé afin de continuer à le contrôler.

2 LE RÉGIME POUR LES ARTICULATIONS ET/OU POUR L’ARTHROSE.

Les aliments commerciaux adaptés à l’arthrose sont enrichis en glucosamine, en sulfate de chondroïtine et en acide eicosapentaénoïque (EPA), un acide gras oméga-3 qui se trouve, par exemple, dans l’huile de poisson. Les acides gras oméga-3 exercent un effet anti-inflammatoire qui agit en bloquant les gènes responsables des enzymes lytiques du cartilage (aggrecanase). Il est important de s’assurer que le rapport entre les acides gras oméga-6 et oméga-3 est faible (inférieur à 1).

3 L’EXERCICE CONTRÔLÉ.

Malgré la douleur, il est important de maintenir un programme d’exercice. En général, la marche en laisse, lente mais de plus en plus longue, est idéale. Il est aussi possible de faire marcher le chien dans les herbes hautes ou sur du sable sec. Cela permet de maintenir les masses musculaires et la mobilité des articulations. A contrario, l’absence d’exercice entraîne un cercle vicieux (voir schéma). A l’autre extrême, l’activité parfois exubérante chez certaines races (labrador) est à contrôler pour limiter les traumatismes répétés du cartilage articulaire. En outre, partir pour une randonnée de cinq heures avec un chien arthrosique, après une semaine passée sur le canapé, n’est pas une excellente idée. La natation est une activité qui convient aux animaux atteints si les mouvements ne sont pas trop violents lors de l’entrée et de la sortie de l’eau. Chez le chat, il faut faire preuve de créativité pour encourager l’exercice, notamment via le jeu ou l’aliment. Par exemple, les maîtres peuvent jeter les croquettes à une certaine distance pour forcer le chat à marcher.

4 LES CHONDROPROTECTEURS.

Outre un aliment spécifique, il est conseillé d’administrer à l’animal de la glucosamine et du sulfate de chondroïtine par voie orale. Il est important d’expliquer au propriétaire qu’il n’est pas possible d’incorporer suffisamment de glucosamine dans l’aliment. Il faut donc continuer à donner des suppléments par voie orale. Même si les données scientifiques objectives sont peu nombreuses, ces produits semblent capables de réduire l’inflammation articulaire.

5 LA PHYSIOTHÉRAPIE.

La mobilisation des articulations est indispensable. Chaque exercice débute par un échauffement et finit par l’application de glace. La chaleur réduit les spasmes musculaires et prépare le muscle, les tendons et les ligaments avant l’exercice. Elle diminue la douleur par la stimulation de certaines fibres nerveuses et la création d’une vasodilatation. La glace atténue l’inflammation et la douleur en ralentissant la vitesse de l’influx nerveux, en réduisant l’œdème et en diminuant l’activité des enzymes cataboliques dans le cartilage articulaire. Il est important d’interposer un torchon ou une serviette entre la peau et la glace ou la source de chaleur afin d’éviter les brûlures cutanées.

6 LES MÉDICAMENTS ANTI-INFLAMMATOIRES NON STÉROÏDIENS (AINS).

La lutte contre la douleur est la base fondamentale de tout programme de traitement de l’arthrose. Utilisés selon les besoins de l’animal plutôt que de manière systématique, les AINS sont généralement sûrs et plus efficaces que l’aspirine ou les formulations humaines. Il convient d’informer les propriétaires des effets secondaires, en particulier les ulcères gastro-intestinaux. Au besoin, un médicament antiacide peut être prescrit (cimétidine, ranitidine, famotidine). Lors d’administration chronique, il est recommandé de réaliser une biochimie sanguine tous les six mois afin de surveiller les effets secondaires rénaux et hépatiques.

7 LES AUTRES ANTALGIQUES.

Quand les AINS sont contre-indiqués (insuffisance rénale ou hépatique) ou ne suffisent pas, le recours à d’autres antalgiques est envisagé : opioïdes (tramadol, médicament à usage humain), acupuncture, application de glace, massage, etc. Chez le chat, la buprénorphine (médicament à usage humain(1)) par voie orale peut être utilisée. La combinaison d’un AINS et d’un opioïde semble avoir un effet synergique.

8 LES CHANGEMENTS DANS L’ENVIRONNEMENT.

Certaines modifications mineures peuvent contribuer à améliorer la vie quotidienne de l’animal arthrosique : lui offrir un milieu sec et chaud, une litière épaisse, confortable et propre, un sol non glissant, limiter les marches d’escalier, construire un plan incliné, etc. Lors d’arthrose ou de douleur cervicale, le bol alimentaire peut également être surélevé.

9 DES VISITES DE CONTRÔLE RÉGULIÈRES.

Les contrôles fréquents sont importants, surtout en début de traitement, afin de procéder à des ajustements selon les progrès de l’animal : modification de la quantité d’aliment, changement d’aliment ou de médicaments, augmentation de dosage, etc.

10 LA CHIRURGIE.

Dans certains cas, la chirurgie est un bon moyen de traiter l’arthrose. Elle peut être simple, comme lors du retrait d’un morceau d’os ou de cartilage (non-union du processus anconé, ostéochondrose dissécante, excision-arthroplastie de la tête fémorale, etc.), mais l’intervention peut aussi être plus compliquée (arthrodèse d’une articulation, prothèse totale de hanche, etc.).

La communication avec le propriétaire doit être claire. Certes, l’arthrose est une affection chronique, mais elle peut être contrôlée, au point de permettre à l’animal d’atteindre une qualité de vie tout à fait acceptable.

  • (1) Une AMM vétérinaire a été accordée cet été à une solution injectable à 0,3 mg/ml de buprénorphine (Buprecare®) destinée aux chiens et aux chats. Cette spécialité devrait donc être commercialisée en France prochainement.

Comment diagnostiquer l’arthrose ?

L’arthrose est trop souvent suspectée chez un animal âgé dont l’activité diminue progressivement. Il est important de prouver qu’elle existe réellement. De multiples moyens diagnostiques peuvent alors être mis en œuvre :

– commémoratifs ;

– examen général ;

– examen orthopédique éveillé ;

– examen orthopédique sous sédation ou anesthésie ;

– radiographie ;

– arthrocentèse et analyse du liquide synovial ;

– biopsie de la membrane synoviale ;

– imagerie avancée (scanner, imagerie par résonance magnétique) ;

– arthroscopie ;

– arthrotomie ;

– scintigraphie.

Ph. Z.
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