Quelles évolutions des filières hors sol vous ont marqué durant la dernière décennie ? - La Semaine Vétérinaire n° 1324 du 29/08/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1324 du 29/08/2008

Entre nous

FORUM

L’éleveur porcin est acteur de la sécurité sanitaire

Roxane Rossel, Arzacq Arraziguet (Pyrénées-Atlantiques).

Au cours des dix dernières années, l’éleveur de porcs est devenu un acteur de la gestion de la sécurité sanitaire des viandes. En raison des nouvelles réglementations (paquet hygiène, maîtrise des salmonelles, registre d’élevage), il est responsable de la qualité hygiénique de ses animaux. Il doit réaliser de plus en plus d’enregistrements pour assurer la traçabilité de ses produits, de ses actes, et prouver qu’il respecte les bonnes pratiques d’hygiène. En matière de santé animale, l’émergence de la maladie d’amaigrissement du porcelet est à noter. Son origine, le circovirus porcin de type 2, a été longue à s’imposer.

Les élevages porcins ont essuyé des retards de croissance et des pertes considérables jusqu’à ce qu’un recadrage des pratiques d’hygiène et de conduite, puis la vaccination, permettent de maîtriser l’affection. Le syndrome dysgénésique respiratoire porcin (SDRP) a aussi marqué la filière en termes économiques. Certains éleveurs ont mené avec succès des programmes volontaires d’éradication. Vivre avec le SDRP n’est donc pas une fatalité ! Par ailleurs, la France continentale est devenue indemne de maladie d’Aujeszky. La législation vétérinaire des dix dernières années a été riche en événements, avec le décret prescription-délivrance et l’arrêt Riaucourt. Ce dernier, qui interdit aux groupements de producteurs d’acheter et de revendre des médicaments hors du plan sanitaire d’élevage, a entraîné un essor des sociétés d’exercice libéral dans le monde vétérinaire porcin.

La distribution du médicament a changé

Thierry Mauvisseau, Les Essarts (Vendée).

Praticien installé depuis douze ans, j’ai créé un laboratoire d’analyses vétérinaires et une activité de conseils en productions hors sol. La filière, déjà bien organisée entre éleveur, vétérinaire et technicien de groupement de production, a continué sa mutation à travers des regroupements, aussi bien des firmes d’aliment que des praticiens. Le suivi vétérinaire en élevage s’est renforcé avec l’apparition de la grippe aviaire ou la lutte contre les salmonelles. Notre la boratoire a dû s’adapter (mise en place d’un système qualité et d’une traçabilité, avec une accréditation Cofrac). La distribution du médicament a changé en raison du décret prescription-délivrance qui implique l’instauration de bilans sanitaires annuels et la traçabilité même pour les numéros de lots de présentation. Les médicaments sont délivrés avec une parfaite connaissance de l’élevage et de l’affection. La prescription exige souvent un examen bactériologique afin de délivrer le médicament le plus efficace au moindre coût pour l’éleveur. Cela génère une angoisse parfois importante pour les vétérinaires en cas d’échec, d’autant que leur pharmacie est en perpétuelle récession. Des maladies apparaissent, comme l’entérocolite du lapin ou des affections dues à Ornithobacterium chez la dinde, Riemerella chez l’ensemble des volailles. D’autres réapparaissent, comme le botulisme. Traquer l’agent responsable, prescrire avec raisonnement, découvrir de nouvelles maladies, tel est mon métier et je ne le regrette pas.

Le marché est en forte décroissance dans la filière “volaille”

Georges Cothenet, Saint-Nolff (Morbihan).

J’ai exercé pendant trente-sept ans au sein du groupe Evialis dans le domaine des productions avicoles. Le marché des viandes de volailles, après les envolées des années 80 à 90, a subi d’importantes crises (perte de nombreux marchés à l’export, notamment en viande de dinde qui accuse une chute d’environ 50 % depuis 2000). Dans le même temps, nous assistons à une concentration des entreprises en amont (couvoirs, fabricants d’aliments du bétail) ou en aval (abattoirs, centres de découpe et de conditionnement d’œufs). Les productions avicoles ont été marquées par l’épidémie d’influenza aviaire, qui a débuté à Hong Kong en 1997. Si elle a eu peu de conséquences pathologiques en Europe, son impact économique a été considérable, au point d’influencer négativement la consommation de viande de volailles dans notre pays.

Par ailleurs, deux bactéries pathogènes sont apparues : Ornithobacterium rhinotracheale (dindes) et Riemerella anatipestifer (palmipèdes prêts à gaver).

Au niveau thérapeutique, quelques nouveaux vaccins ont été mis sur le marché. Néanmoins, notre arsenal s’est considérablement réduit par la perte de nombreux additifs et anti-infectieux (méticlorpindol, amprolium, nicarbazine, dimétridazole, furaltadone, chloramphénicol, etc.) réduisant nos moyens de lutte contre les maladies digestives. En matière de nutritionanimale, nous avons vécu deux changements de fond : l’interdiction des farines animales, qui a remis en question nos techniques de formulation, et la réglementation “salmonelles” qui, après avoir privilégié la détection dans les élevages, impose désormais le traitement thermique de certains aliments. L’envolée actuelle du prix des matières premières va de nouveau permettre aux chercheurs et aux nutritionnistes de démontrer leur expertise. Cette dernière décennie a été riche en événements, exigeant de la part de tous les intervenants une grande capacité de réaction. Les vétérinaires y ont pris une large part.

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