Peu de vraies nouveautés sont présentées lors du 20e congrès de l’IPVS - La Semaine Vétérinaire n° 1324 du 29/08/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1324 du 29/08/2008

Filière porcine. International Pig Veterinary Society

Actualité

Auteur(s) : Patrick Pommier

Iléite due à Lawsonia, castration du porcelet et amoxicilline ont notamment alimenté les conférences.

La dernière édition du congrès mondial de l’International Pig Veterinary Society s’est déroulée du 21 au 26 juin dernier à Durban (Afrique du Sud). Malgré une pléthore de communications (plus de neuf cents en incluant les posters), le niveau scientifique général de la manifestation, qui rassemblait près de deux mille participants, a été considéré comme moyen par nombre de confrères. Beaucoup de communications confirmaient des données déjà présentées dans d’autres circonstances. La maladie d’amaigrissement du porcelet (MAP) et le virus PCV2 ont représenté quarante présentations orales et plus de quatre-vingts posters, sans compter les symposiums satellites organisés par les laboratoires producteurs de vaccins. Il a également beaucoup été question de vaccins, mais aussi de génome viral à propos du syndrome dysgénésique respiratoire porcin (SDRP), avec au total trente et une présentations orales et cinquante-six posters. Une cinquantaine de communications (incluant les posters) ont par ailleurs été consacrées à l’iléite due à Lawsonia intracellularis et aux moyens de lutte contre cette maladie, qui prend de plus en plus souvent une forme subclinique. Cette bactérie est largement répandue dans les élevages à travers le monde et une équipe brésilienne a évalué le rôle éventuel des moineaux (Passer domesticus) en tant que réservoir et/ou vecteur de Lawsonia. Pour cela, les chercheurs ont capturé une quarantaine de moineaux avant de leur inoculer une forte dose de culture de L. intracellularis par voie intragastrique. Les oiseaux sont observés pendant les trois semaines suivantes, au cours desquelles des fèces sont régulièrement prélevées et soumises à des recherches par PCR. Puis ils sont euthanasiés et soumis à des recherches histologiques et immuno-histochimiques. Aucun signe clinique n’est observé au cours de cette période et aucune souche de Lawsonia n’est détectée dans les fèces. L’autopsie ne révèle aucune lésion macroscopique ni microscopique. Les auteurs en concluent que le moineau ne joue probablement aucun rôle dans l’épidémiologie de cette maladie.

L’anesthésie des porcelets durant la castration n’est généralisée qu’en Norvège

Les méthodes de castration des porcelets, ainsi que leur évolution prévisible, ont fait l’objet d’une vingtaine de communications et d’un symposium satellite. La Norvégienne Bente Fredriksen, au nom d’un groupe de travail européen (dans lequel figurent nos compatriotes Armelle Prunier et Michel Bonneau, de l’Institut national de la recherche agronomique), a présenté une synthèse des pratiques de castration appliquées dans les pays de l’Union. Dans la plupart d’entre eux, 80 à 100 % des mâles sont castrés, généralement entre l’âge de trois et sept jours. Cet acte est habituellement effectué par les éleveurs eux-mêmes, sans anesthésie. Ce schéma, qui correspond aux méthodes françaises, connaît toutefois de nombreuses exceptions, ponctuelles (dans la plupart des Etats, certains porcelets sont castrés jusqu’à l’âge de deux semaines) ou nationales. Ainsi, la castration ne concerne qu’une minorité de porcelets en Espagne, au Portugal et à Chypre, et n’est presque pas réalisée au Royaume-Uni et en Irlande. En Tchéquie, Slovaquie, Estonie, Lituanie et Norvège, la castration est majoritairement effectuée par des vétérinaires. Par ailleurs, même si une partie des animaux semblent bénéficier d’une anesthésie dans certains pays, cette pratique n’est généralisée qu’en Norvège, dont la législation interdit la castration sans analgésie depuis 2002.

L’administration orale fractionnée de l’amoxicilline favoriserait son absorption

Pour finir, des résultats originaux ont été présentés par Jérôme Del Castillo (université de Montréal-Saint-Hyacinthe). Son étude était consacrée à l’absorption de l’amoxicilline, mais ses résultats, de l’avis personnel de l’auteur, pourraient s’appliquer à d’autres β-lactamines. Lors d’administration orale, la biodisponibilité de l’amoxicilline est particulièrement faible chez le porc (30 %). Cette différence avec ce qui est observé chez l’homme pourrait être liée au mode de transport de l’antibiotique à travers la paroi intestinale. La molécule d’amoxicilline franchit cette barrière en se liant à un peptide de transport, le PepT1. Or, non seulement le transit alimentaire est plus rapide chez le porc que chez l’homme, mais la localisation de ces peptides est limitée, dans cette espèce, à une courte zone du jéjunum. En outre, l’auteur et son équipe ont émis l’hypothèse que les PepT eux-mêmes ont une faible capacité de transport, ce qui se traduirait par leur rapide saturation dès que l’amoxicilline atteint une certaine concentration dans la lumière intestinale.

Des mesures pharmacocinétiques effectuées chez des animaux fistulisés et cathéterisés semblent confirmer cette hypothèse. La conséquence directe de ces résultats est que l’absorption de l’amoxicilline, lors d’administration orale, serait plus efficace si celle-ci était fractionnée, et non concentrée en une seule prise. Sur un sujet (la pharmacologie) souvent considéré comme rébarbatif, la présentation particulièrement claire de notre confrère a beaucoup intéressé les praticiens présents dans la salle… qui n’ont plus qu’à trouver comment tenir compte à la fois de ces conclusions et de la notion d’antibiotique dose-dépendant !

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