LES MALADIES ÉQUINES SONT SURVEILLÉES DE PRÈS - La Semaine Vétérinaire n° 1324 du 29/08/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1324 du 29/08/2008

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Auteur(s) : Marine Neveux

La filière équine n’est pas à l’abri de la résurgence de maladies infectieuses ou encore de la flambée de foyers concernant des agents pathogènes signalés dans l’Hexagone. Le dernier épisode en date remonte aux cas d’artérite virale équine, au printemps. La filière s’est progressivement structurée ces dernières années pour faire face à ces risques qui ont des conséquences sanitaires, mais aussi économiques, tant les échanges de chevaux s’internationalisent. Dans ce cadre, le Réseau d’épidémiosurveillance en pathologie équine s’est réorganisé pour s’adapter à la nouvelle donne sanitaire.

Aujourd’hui, plus de cent cinquante vétérinaires sentinelles font office de véritables antennes de veille lorsqu’un cas ou un foyer de maladie infectieuse se développe au sein d’une écurie, d’un centre équestre ou chez un propriétaire de chevaux. Les vétérinaires jouent en effet un rôle essentiel dans la gestion de ces affections. Créé en 1999, le Réseau d’épidémiosurveillance en pathologie équine (Respe) a fait évoluer ses statuts cette année pour suivre les changements du contexte sanitaire de la filière. « Nous avions déjà décidé de cette évolution début 2006 », témoigne Christel Marcillaud-Pitel, directrice du Respe. La récente crise de l’artérite virale, en 2007, a servi de catalyseur en élargissant la problématique des risques sanitaires à toute la filière. L’ensemble du comité de suivi de l’Association vétérinaire équine française (Avef), l’an passé, a participé à cette refonte des statuts du réseau. Elle est née du besoin d’un élément neutre et indépendant, autour duquel chacun puisse trouver sa place, au sein de la filière équine. C’est donc aujourd’hui chose faite. Le Respe est désormais une association loi 1901 qui regroupe des vétérinaires, des acteurs socioprofessionnels et les administrations concernées par le secteur équin en France(1). Il est structuré, avec un conseil d’administration, un bureau (voir encadré en page 30), un conseil scientifique et technique et une équipe fonctionnelle, dont notre consœur Christel Marcillaud-Pitel, et un technicien, Estevan Guix.

Environ 30 % de la population équine française est sous contrôle

« Notre objectif est maintenant de faire reconnaître le Respe comme un organisme à vocation sanitaire (OVS) », annonce Christel Marcillaud-Pitel. Un cahier des charges est en cours d’élaboration. Le statut d’OVS permet une reconnaissance vis-à-vis du ministère de tutelle et l’obtention de délégations (pour certaines prophylaxies, par exemple). Les vétérinaires sentinelles du Respe couvrent quasiment tous les départements de l’Hexagone. Le réseau touche actuellement 30 % des chevaux officiellement recensés. L’objectif serait de faire de la France le premier pays européen à assurer une surveillance sanitaire globale de sa population équine.

Concernant le financement du Respe, « chacun apporte sa pierre à l’édifice par sa cotisation, en plus du budget alloué par l’Avef », explique Christel Marcillaud-Pitel. En outre, le Conseil général du Calvados est le principal financeur. Impliqué dès la création en 1999, il continue de soutenir le Respe, avec toujours un budget pour les analyses réalisées dans le cadre des protocoles, mais également la mise à disposition d’un vétérinaire. L’autre poste fonctionnel du Respe est fourni par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa). Une convention est en cours d’établissement entre les deux organismes (projet de mise à disposition de ressources par l’agence).

Sinon, le réseau ne bénéficie pas d’aides de la part de l’Etat. « Depuis trois ans, l’Etat nous demande de lui transmettre des bilans, en fin d’année, pour les faire suivre au niveau européen », précise notre consœur. Si le Respe était reconnu en tant qu’OVS, il pourrait en outre avoir accès à certaines aides liées aux maladies légalement réputées contagieuses (MLRC).

Une nouvelle organisation du réseau avec une représentation plus équilibrée

Le siège du Respe est intégré au conseil des chevaux de Basse-Normandie à Mondeville (Calvados). La représentation du conseil d’administration est équilibrée, avec une répartition de représentants vétérinaires et de la filière équine presque équivalente. Un conseil scientifique et technique est désormais en place au sein du réseau. L’ancien conseil d’orientation de l’association a été remanié. Aux vétérinaires praticiens et aux scientifiques ont été intégrés des représentants socioprofessionnels (Haras nationaux, groupements de défense sanitaire, syndicat des éleveurs de pur-sang). « Nous avons également essayé de mixer les équipes : scientifiques, vétérinaires de terrain et acteurs socioprofessionnels », précise Christel Marcillaud-Pitel.

L’objectif est d’harmoniser les pratiques sanitaires entre les pays

Il n’existe pas de structure similaire au Respe dans les autres pays européens. En effet, le plus souvent, leurs réseaux sont axés sur une seule affection ou un point précis et ne fonctionnent pas toujours avec des vétérinaires ou des professionnels de la filière. En Belgique, des projets émergent en partenariat avec les écoles vétérinaires. Au Royaume-Uni, certaines actions sont ciblées sur des maladies particulières.

« La population équine circule beaucoup et nous avons le projet d’une harmonisation au niveau européen, au moins en ce qui concerne le suivi de certaines maladies. » Le Respe pourrait ainsi devenir un interlocuteur privilégié de structures existantes ou à mettre en place à l’échelon européen, voire international, par le biais de collaborations. Cela permettrait de mener une surveillance accrue et de mettre en œuvre des mesures concertées dans un contexte de forte circulation des chevaux. L’université belge de Liège, qui fait partie du conseil d’administration du Respe, apporte déjà sa contribution à ce projet.

Le réseau a en outre été créé dans le cadre du pôle de compétitivité de la filière équine et, dans cet axe, une labellisation se met en place.

Quatre sous-réseaux existent et deux autres sont en projet

Quatre groupes d’études fonctionnent aujourd’hui. Le premier existe depuis 1999 et concerne le syndrome respiratoire aigu (grippe, rhinopneumonie, artérite virale). « Nous aimerions suivre d’une façon encore plus représentative ces maladies virales, qui sont présentes sur le terrain et pour lesquelles nous ne possédons pas encore suffisamment d’informations, déplore Christel Marcillaud-Pitel. Aujourd’hui, nous allons toutefois assez loin, jusqu’au typage des souches. » Ces travaux de recherche permettent aussi de faire évoluer les vaccins, de mieux connaître les virus et les lignées. En effet, quel que soit le virus identifié, le typage de la souche et le lignage offrent de précieuses données sur la virulence, l’origine (mutation ou non, importation d’un agent pathogène, etc.). Le deuxième groupe de travail porte sur le syndrome nerveux qui est un sujet de préoccupation, comme en témoignent notamment les potentiels foyers de West-Nile. Le troisième est dédié à la gourme, présente partout en France et particulièrement contagieuse, puisque jusqu’à 70 % des chevaux d’un effectif peuvent être touchés, avec parfois des complications graves. Le dernier groupe concerne la myopathie atypique, dont l’émergence est souvent signalée durant la saison hivernale. Il est géré dans le cadre du réseau européen sur cette affection. Un nouveau sous-réseau est prévu sur les avortements pour la prochaine saison. Un autre réseau plus général, sur la gestion de crise, est aussi en projet. Sans se substituer au comité d’alerte sanitaire orchestré par le conseil d’administration, il permettra de centraliser les données, d’effectuer des débriefings sur les crises, d’améliorer au mieux le fonctionnement afin de transmettre les informations au conseil d’administration, d’être prospectif sur les maladies émergentes, etc.

D’autres partenaires pourraient encore rejoindre le Respe

En outre, le syndrome piro-like demeure une piste d’étude. En effet, « les affections à vecteurs semblent être une bonne source de maladies émergentes en raison des modifications climatiques (risque de West-Nile, de peste équine, etc.) », ajoute Christel Marcillaud-Pitel.

Depuis janvier dernier, le Respe a recensé une douzaine d’alertes sur la grippe, l’artérite virale, la rhinopneumonie, la gourme, la myopathie atypique (une étude est conduite en partenariat avec le réseau européen qui suit cette maladie). Les alertes sont lancées lorsqu’il existe un phénomène contagieux réel. Trois informations ont été notées depuis le début de l’année (elles sont émises lorsque plusieurs cas sont recensés, mais avec des foyers isolés et circonscrits).

Les analyses sont effectuées dans le cadre du Respe et les aides au diagnostic sont prises en charge. « Nous avons également l’intention de mettre en place un partenariat avec les laboratoires comme autre source d’informations sanitaires. »

Aujourd’hui, d’autres partenaires montrent une volonté de rejoindre le Respe, comme l’université de Caen (entérinée lors du dernier conseil d’administration en juin) ou des étalonniers privés (de trot et de sport).

  • (1) Voir la liste des organismes impliqués sur le site WK-Vet.com, “ Semaine Vétérinaire”, puis “Compléments d’articles”.

Calendrier du Respe

• 8 avril 2008 : assemblée générale constitutive.

• Fin avril : enregistrement à la préfecture pour une publication au Journal officiel le 3 mai.

• Juin : conventions entre le Conseil général du Calvados et la directrice du Respe, l’Afssa et le technicien, le pôle de compétitivité de la filière équine et la labellisation (30 avril).

• 27 juin : premier conseil d’administration et désignation du conseil scientifique et technique.

• 20 novembre : première assemblée générale.

• Fin 2008 : envoi du courrier à la DGAL en vue de l’agrément OVS (organisme à vocation sanitaire).

• 2009 ? : reconnaissance par l’Union européenne.

• 2010 ? : nouveaux locaux.

M. N.

Représentants du Respe

Titulaires du conseil d’administration

• Association vétérinaire équine française (Avef) : Jean-Yves Gauchot, François-Xavier Valon, Richard Corde, Guillaume Fortier.

• Société nationale des groupements techniques vétérinaires : Christophe Brard, Denis Dugardin.

• ENV de Lyon : Jean-Luc Cadoré.

• France Galop : Paul-Marie Gadot.

• Société d’encouragement du cheval français : Arnaud Duluard.

• Syndicat des éleveurs de chevaux de sang de France : Tim Richardson.

• Fédération nationale des Groupements de défense sanitaire : Michel Combes.

• Fédération nationale du cheval : Laurent Mangold.

• Haras nationaux : Françoise Clement.

Bureau

- président : Jean-Yves Gauchot ;

- vice-président : Tim Richardson ;

- trésorier : Richard Corde ;

- secrétaire : Laurent Mangold.

M. N.
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