« La pertinence du réseau de veille sanitaire impose une large participation des confrères » - La Semaine Vétérinaire n° 1324 du 29/08/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1324 du 29/08/2008

Entretien avec Jean-Yves Gauchot, président de l’Avef et du Respe

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La Semaine Vétérinaire : Le Respe a été récemment restructuré. Quels sont les nouveaux enjeux issus de cette réorganisation ?

Jean-Yves Gauchot : Le Réseau d’épidémiosurveillance en pathologie équine (Respe) est actuellement unique en Europe. Les données épidémiologiques sont collectées grâce à l’action de quelque cent cinquante vétérinaires sentinelles volontaires, répartis sur plus de soixante-quinze départements, et de plusieurs laboratoires(1) qui assurent aussi la prise en charge des analyses contenues dans les protocoles du réseau.

Créé en 1999, le Respe fonctionnait, jusqu’en avril dernier, sur les bases d’un partenariat entre l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) et l’Association vétérinaire équine française (Avef), officialisé en 2004 par la signature d’une convention. Ce réseau avait, dès le départ, obtenu le soutien actif du Conseil général du Calvados, via son laboratoire départemental, avec une dotation importante d’analyses. L’hébergement et le fonctionnement administratif du Respe étaient assurés par l’Afssa et son Laboratoire d’études et de recherches en pathologie équine (Lerpe), sur le site de l’Institut de pathologie du cheval à Dozulé.

L’intérêt du Respe a toujours été reconnu, tant au plan local (praticiens) qu’aux niveaux régional, national et international, par tous les acteurs de la filière équine et par les responsables en charge de missions sanitaires chez cette espèce. Cependant, son identité a parfois été mal perçue. Issu du travail bénévole de la commission “maladies infectieuses” de l’Avef, il fonctionnait sans statut juridique spécifique. Et si la convention entre l’Afssa et l’Avef a permis sa reconnaissance scientifique, elle est devenue un obstacle à son développement, notamment pour l’adhésion de nouveaux partenaires et lors de signatures de conventions. De plus, elle ne permettait pas une gestion financière autonome.

En parallèle, des événements récents – crise de l’artérite virale (2007 et épisode en 2008), cas d’anémie infectieuse en Ardèche (2007 et 2008), épizootie de grippe et de gourme (2008), etc. – ont fait ressortir un besoin pressant d’informations actualisées sur la fréquence, la localisation et la diffusion des maladies d’intérêt sanitaire majeur pour la filière. Cela est encore renforcé par les mouvements de chevaux nationaux et internationaux fréquents (compétitions, courses, élevage) qui favorisent la diffusion de nombreux agents pathogènes. A la suite de ces récentes crises sanitaires et du désir de reconnaissance officielle, le Respe est devenu, le 8 avril dernier, un réseau indépendant (association loi 1901) de veille et d’alerte sanitaire en pathologie équine, au service de toute la filière.

L’Avef a en outre souhaité qu’au-delà d’un réseau de vétérinaires, le Respe devienne une entité à part entière, avec des représentants des corps professionnels et institutionnels de la filière dans son ensemble(1). Ce projet se justifiait donc par :

- la fédération d’intervenants publics et privés autour d’objectifs communs et de procédures formalisées ;

- l’apport d’un outil pour faire de la France le premier pays européen à assurer une surveillance sanitaire globale de sa population équine (à long terme, certaines régions pourraient être progressivement déclarées indemnes de certaines infections nuisant aux échanges économiques, voire l’ensemble du territoire) ;

- l’obtention d’une reconnaissance et d’un soutien des pouvoirs publics (Etat, Organisation mondiale de la santé animale, etc.) ;

- la volonté de devenir un interlocuteur privilégié de structures similaires existantes ou à mettre en place à l’échelon européen, voire international, par le biais de collaborations, afin de mener une surveillance accrue et une mise en œuvre de mesures concertées dans un contexte de forte circulation de la population équine.

S. V. : Les confrères sont-ils actuellement suffisamment impliqués dans ce réseau ?

J.-Y. G. : Chacun reconnaît l’intérêt de l’épidémiologie clinique. Si l’effectif étudié dépend des affections, une structure nationale est indispensable pour assurer la collecte, la synthèse et la diffusion des informations épidémiologiques.

Un besoin d’informations actualisées sur les maladies infectieuses majeures, ainsi que sur certaines affections non infectieuses, s’est imposé lors de l’épisode d’encéphalose hépatique équine. En effet, entre mai et décembre 1992, plus de deux cents chevaux sont morts. Or les premières données n’ont été communiquées aux professionnels que deux mois après l’apparition des cas, les investigations n’ont pu être coordonnées et l’enquête épidémiologique a été limitée. Cet épisode est à l’origine de la mobilisation, puis de la création de la commission “laboratoire et épidémiologie” de l’Avef en 1995, sous l’impulsion de notre confrère François Valon (aujourd’hui président du comité scientifique et technique du Respe), avec à ce jour un réseau d’environ cent cinquante vétérinaires. En 2006, l’Avef et la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) ont passé un accord pour augmenter la représentativité et permettre aux vétérinaires mixtes non adhérents à l’Avef, mais membres de la SNGTV, d’accéder aux données du Respe (www.respe.net) et de ses sous-réseaux.

La pertinence de cet outil, fondé sur les informations transmises par les sentinelles dans le cadre des réseaux spécialisés, impose une large participation des vétérinaires. Les nouvelles orientations, le développement de nouveaux réseaux spécialisés (avortement) devraient participer à son évolution, améliorer sa couverture nationale et atteindre des races sous-représentées (chevaux de trait, etc.). De même, les nouveaux statuts ont conduit à intégrer les représentants professionnels de la filière, ainsi que de l’élevage (Syndicat des éleveurs de chevaux de sang), ce qui permettra d’accroître la collecte des informations, augmentera l’assise de diffusion et incitera les confrères à se rapprocher du Respe.

S. V. : N’êtes-vous pas déçu par le désengagement actuel de l’Etat vis-à-vis des aspects sanitaires liés à la filière équine ?

J.-Y. G. : C’est un mal pour un bien, car cela a permis aux vétérinaires de structurer un réseau d’épidémiosurveillance, de l’ouvrir aux professionnels non vétérinaires et de prendre en charge la gestion des maladies à déclaration obligatoire et autres maladies infectieuses contagieuses.

Ainsi, avec les nouveaux statuts, nous avons prévu de solliciter la Direction générale de l’alimentation pour faire du Respe un organisme à vocation sanitaire, qui prendrait toute sa place et son importance dans le cadre de la candidature de la France aux Jeux équestres mondiaux de 2014.

  • (1) La liste des membres est disponible sur le site WK-Vet, “ Semaine Vétérinaire”, puis “Compléments d’articles”.

  • (2) Laboratoire départemental Frank Duncombe (Caen), Laboratoire d’études et de recherches en pathologie animale et zoonoses (Afssa Lerpaz, Maisons-Alfort), laboratoire partenaire de la Fédération nationale des courses françaises (Saint-Ouen), etc.

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