Célia et Guillaume à la découverte des pachydermes des plaines - La Semaine Vétérinaire n° 1324 du 29/08/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1324 du 29/08/2008

Carnet de voyage

Éclairage

INTERNATIONAL

Le couple poursuit sont tour du monde des élevages au Laos, où il a notamment rencontré des cornacs.

En quittant le Vietnam(1) à la veille du nouvel an, Guillaume et Célia Keravec, respectivement vétérinaire et agronome, laissent aussi derrière eux d’importants soucis administratifs. En effet, une semaine passée à Hanoï pour refaire passeport et visa volés par des pirates dans la baie d’Halong a quelque peu gâché leur séjour vietnamien. Grâce à l’accueil chaleureux des Laotiens et à la sérénité de leurs magnifiques temples, ils entament l’année 2008 sous de meilleurs auspices. En parcourant le pays en auto-stop, le couple découvre un peuple avenant et discret qui continue à vivre grâce à un élevage traditionnel familial, comme en Chine et au Vietnam. A la recherche de nouveauté, les globe-trotters apprennent, au gré de leurs rencontres, l’existence de Ban Pha Pho, l’un des derniers villages laotiens où sont élevés des éléphants, également connu pour l’habileté de ses cornacs. Sur la remorque du tracteur qui les bringuebale vers le village, ils voient défiler les paysages du Sud Laos, composés de marécages particulièrement fertiles, les wetlands. Leur hôte, qui maîtrise quelques bribes de français, les accueille dans l’une des maisons en bois sur pilotis typiquement lao. Depuis le balcon, il désigne des formes grises dans le soleil couchant. Les fameux pachydermes sont là, à quelques centaines de mètres, jouant et s’arrosant avec les herbes des marécages.

Une démonstration de tractage d’arbre par Thong Ban

A l’aube, Célia et Guillaume suivent l’un des cornacs, M. Hin, dans la forêt environnante pour chercher son éléphante. Thong Ban, qui porte fièrement ses quarante printemps, est aisément repérable grâce au son de la cloche en bois qu’elle porte autour du cou. Elle impressionne le couple quand elle sort sans bruit des sous-bois.

Ce jour-là, l’un des villageois a besoin de ses services pour sortir de la forêt un arbre fraîchement coupé. Célia et Guillaume aident M. Hin à mettre en place le harnais, fait de couvertures et de bois, qui protège le cuir épais de l’éléphante des frottements de la chaîne. Elle se laisse faire docilement et, peu à peu rassuré, le couple ose enfin approcher de ce mastodonte de quatre tonnes. Avec une facilité déconcertante, Thong Ban traîne un tronc de plus de six cents kilos sans plus se soucier des chaos du terrain, alors que les hommes peinent à la suivre dans ces sous-bois touffus. Le travail accompli, elle rejoint ses congénères dans la plaine pour un repos bien mérité. Les éléphants passent alors l’après-midi à s’arroser et à brouter les herbes fraîches des wetlands. Ingérant plus de cent cinquante kilos d’herbes et de feuillage par jour, l’éléphant d’Asie raffole des sels minéraux qui affleurent dans cet écosystème volcanique.

Un moyen de production d’électricité écologique

De leur côté, Célia et Guillaume profitent de ce temps libre pour suivre la transhumance de la centaine de buffles du village. Ces derniers suivent en effet la course du soleil pour trouver des pâturages toujours frais. Juste derrière eux, les enfants ont pour mission d’aplatir et de faire sécher les précieuses bouses. Transformées en combustible, elles sont utilisées par l’usine de biomasse voisine qui fournit l’électricité aux villages de la vallée. Au crépuscule, les onze éléphants sont ramenés dans la forêt pour la nuit. Les deux jeunes Français vivent alors une expérience inoubliable en jouant les cornacs juchés à cru, à plus de deux mètres du sol, sur la matriarche.

Chaque soir, à la lumière d’une bougie, leur hôte, à la fois pharmacien et vétérinaire du village, leur en apprend plus sur cet élevage particulier. Animaux rustiques, les éléphants n’en restent pas moins des herbivores qui ont besoin de leur temps de repos et de pâture. Oubliant ces nécessités pour plus de profit, certaines entreprises forestières poussent les pachydermes à bout. Maltraitance, sous-nutrition, voire dopage aux amphétamines aboutissent a des situations déplorables et ont rendu cet élevage assez impopulaire.

Cornac et éléphant grandissent ensemble

A Pha Pho, chaque cornac prend particulièrement soin de son éléphant et ne lui impose pas plus de trois heures de travail par jour. Né en captivité, l’éléphanteau est pris en charge par un jeune qui l’accompagnera toute sa vie. Cornac et éléphant grandissent ensemble, ce qui crée entre eux une relation fusionnelle, garantissant à l’animal des traitements adéquats. Mais les éléphants, peu à peu remplacés par des machines plus performantes, ne sont plus aussi utiles qu’autrefois. Leur avenir s’oriente vers le tourisme. Les cornacs ne résistent pas longtemps aux propositions des entreprises de ce secteur et ils s’exilent peu à peu vers les villes, avec leurs éléphants, abandonnant cet élevage villageois et un savoir-faire ancestral dont Célia et Guillaume ont eu la chance de saisir la beauté. Travailler aux côtés de M. Hin et de Thong Ban, duo aussi invraisemblable qu’harmonieux, les a durablement impressionnés et, couchés dans leur hamac sur les quatre mille îles du Mekong, ils rêveront longtemps aux paisibles pachydermes, forces tranquilles en voie de disparition.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1320 du 20/6/2008 en pp. 26-27, n° 1308 du 28/3/2008 en pp. 34-35 et n° 1301 du 8/2/2008 en pp. 34-35.

Différences entre les éléphants d’Afrique et d’Asie

• Poids et taille : 7 500 kg, 3 m de haut et 9 m de long (du bout de la trompe au bout de la queue) pour l’éléphant de savane d’Afrique (Loxodonta africana africana), 5 000 kg et 2,5 m de haut pour l’éléphant d’Asie (Elephas maximus).

• Oreilles : grandes (2 m au moins !) chez l’éléphant d’Afrique, petites chez celui d’Asie.

• Défenses : grandes chez les mâles et les femelles d’Afrique, présentes seulement chez les mâles (pas chez tous) pour l’éléphant d’Asie. Les femelles ont de petites dents qui ne sont pas visibles.

• Trompe : elle se termine par deux “doigts” chez l’éléphant d’Afrique, un seul chez l’éléphant d’Asie.

• Les épaules constituent la plus haute partie du corps chez l’éléphant d’Afrique qui présente un front plat et un dos creux. Chez l’éléphant d’Asie, qui possède un front à deux “bosses” et un dos rond, la tête est le point le plus haut.

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