Fièvre catarrhale ovine
Formation continue
RURALE
Auteur(s) : Agnès Faessel
Une modélisation de la propagation du sérotype 8 en Europe permettra d’établir des prévisions.
En 2006, l’épidémie de fièvre catarrhale ovine liée au sérotype 8, venue de Belgique, était contemporaine de conditions météorologiques exceptionnelles. Elle a rapidement touché l’ensemble des pays du Benelux, la France et l’Allemagne. Mais l’an passé, la progression explosive de la maladie, jusqu’au Royaume-Uni et au Danemark, est intervenue en dépit de conditions climatiques normales. Le virus est désormais présent et se transmet efficacement par des vecteurs autochtones.
La société Avia-GIS, basée près d’Anvers en Belgique flamande, étudie l’épidémiologie de la fièvre catarrhale ovine depuis plusieurs années. Elle travaille particulièrement à comprendre et à modéliser sa propagation géographique, qui suit de manière évidente celle des vecteurs porteurs du virus : les moucherons Culicoïdes.
Les données scientifiques concordent avec les constatations du terrain pour reconnaître le vent comme l’un des paramètres majeurs de cette propagation. En effet, contrairement à d’autres insectes comme les phlébotomes, les Culicoïdes ne restent pas au sol lorsque le vent se lève. Ils peuvent ainsi être transportés sur des kilomètres, emportant avec eux le virus infectieux. La plus grande distance de propagation connue est de 700 km et explique la diffusion du sérotype 16 d’Israël à Rhodes. « Les distances parcourues sont plus importantes en mer que sur terre, précise Guy Hendrickx, d’Avia-GIS, car le vent est plus fort et les turbulences moins fréquentes : le transport est plus efficace. »
L’arrivée du sérotype 8 en Europe en 2006 ne peut pas s’expliquer par ce type de phénomène et reste non élucidée. Mais une fois sur place, le virus s’est bien laissé porter par le vent.
« L’extension en France a suivi des journées à fort vent du Nord-Est », conclut l’analyse d’Avia-GIS, qui a étudié de manière dynamique la météorologie de l’année 2006, en incluant plus de soixante paramètres, dont la vitesse et la direction du vent, mais aussi la température et l’humidité relative (voir cartes). Fin octobre et début novembre (semaines 43 et 44), un vent intense en direction du Sud-Ouest a poussé des foyers infectieux belges vers la France. Il explique sans doute l’installation de la fièvre catarrhale dans les élevages du nord et de l’est du pays au cours des semaines suivantes. Sur la même période, le vent a aussi dirigé des foyers infectieux vers le sud de l’Allemagne. L’épidémie s’est néanmoins ralentie, stoppée par une barrière naturelle de plus de 300 m : le relief montagneux. C’est en effet un autre critère important dans la dynamique de la progression de la maladie. « A petite échelle, la moindre colline ralentit sa propagation : elle doit être contournée », constate Guy Hendrickx. Mais pour que l’affection se propage, il faut aussi que les moucherons rencontrent leurs cibles. Ainsi, la densité géographique des élevages influence la prévalence de la maladie, favorisant sa progression.
L’étude de 2006 montre qu’en moyenne, en une semaine, le front viral parcourt un peu plus de 15 km à partir des foyers infectieux. Il se propage dans un rayon de 5 km dans la moitié des cas. Il évolue à 95 % dans un rayon de 31 km. Dans 5 % des cas, il dépasse ces 31 km, avec un record observé de près de 100 km. Plus la distance augmente et moins la zone de propagation conserve une forme circulaire.
Après l’étude des épidémies de 2006 et 2007, Avia-GIS souhaite concevoir une modélisation de la propagation de la fièvre catarrhale essentiellement fondée sur le vent, le relief et la densité des cheptels. Le paramètre le plus variable est sans conteste le vent, qui devient prévisible grâce aux connaissances météorologiques des principaux courants. L’objectif ultime est en effet de prévoir la progression de la maladie et d’optimiser les stratégies de prévention. La vaccination des cheptels ne remet pas en cause le modèle, mais s’y intègre : « Il nous suffit de baisser artificiellement le paramètre de la densité des élevages », explique Guy Hendrickx.
Guy Hendrickx, société Avia-GIS (Belgique).
Article rédigé d’après la conférence « Epidemiology of blue-tongue in Europe », présentée le 9 avril dernier dans le cadre du symposium de parasitologie et de maladies vectorielles, organisé par Merial à Tunis.
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