L’Afrique du Sud reprend l’abattage des éléphants surnuméraires - La Semaine Vétérinaire n° 1323 du 11/07/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1323 du 11/07/2008

Gestion des écosystèmes

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Alain Zecchini

Il existe pourtant d’autres solutions, comme rétablir des itinéraires de migration avec les pays voisins.

Le moratoire sur l’abattage des éléphants en Afrique du Sud aura vécu treize ans : il a été levé le 1er mai dernier. Les pachydermes “en surnombre” pourront désormais être supprimés. Cette décision est intervenue après plusieurs années d’atermoiements du gouvernement de Pretoria. Le débat public a été passionné et les défenseurs des éléphants particulièrement mobilisés. Les animaux seront abattus d’une balle dans la tête depuis un hélicoptère. Comme c’était le cas avant le moratoire, c’est une famille entière qui devra disparaître. Les liens sociaux sont en effet très forts chez ce mammifère et la perte d’un individu d’une communauté traumatise celle-ci.

L’éléphant est un mégaherbivore dont les besoins sont importants

L’option de réduire artificiellement la population d’éléphants est discutée, en Afrique du Sud, depuis les années 40, mais n’a été mise en œuvre qu’en 1965. De 1966 à 1994, quelque seize mille éléphants du parc Kruger (qui abrite l’essentiel de la population) ont ainsi été abattus. Le moratoire est intervenu à la suite de nombreuses campagnes de protestation. L’administration actuelle des parcs propose maintenant de supprimer jusqu’à cinq mille individus du même parc, soit 40 % des effectifs.

Pour le gouvernement sud-africain, les éléphants sont trop nombreux. Leur capacité de charge, c’est-à-dire la population maximale que puisse supporter en bon équilibre l’écosystème, serait de sept mille cinq cents individus dans le parc Kruger. Ce chiffre peut se discuter, mais il est évident qu’il y a bien surpopulation. Les éléphants exerceraient donc une pression trop forte sur l’écosystème, en termes de besoins alimentaires. De plus, dans le reste du pays, ils sont accusés de s’en prendre aux récoltes et de mettre en danger la vie des hommes.

Selon les autorités, l’abattage ne serait utilisé qu’en dernier recours, après avoir tenté de réguler le nombre des animaux par les moyens de la contraception et de la délocalisation. Pour la contraception, toutes les tentatives ont échoué (les femelles devenaient agressives). La délocalisation semble plus réaliste. Il s’agit de déplacer l’individu “à problème” dans un autre environnement. Cette option coûte cher (équipe, matériel, transport), mais c’est le cas aussi pour l’abattage. Cette option ne demande qu’à être amplifiée, dans le cadre d’un grand projet, celui du parc transnational du grand Limpopo, qui pourrait représenter l’alternative la plus adaptée à l’abattage. Ce parc, ouvert officiellement en décembre 2002, intéresse l’Afrique du Sud, le Mozambique et le Zimbabwe. Son but est de rétablir des itinéraires de migration pour la faune sauvage entre les trois pays.

La cohabitation homme-faune sauvage reste toujours difficile

En octobre 2001, les premiers éléphants ont été délocalisés du côté mozambicain. Mais il reste encore de nombreux problèmes à résoudre avant d’envisager des migrations en masse des éléphants du parc Kruger. Le Mozambique se relève à grand-peine d’une guerre civile qui a décimé sa faune sauvage et dispose de peu de moyens. La mise en place des infrastructures qui lui revient est donc lente. Le Zimbabwe, de son côté, est plongé dans un chaos qui interdit de prendre toute mesure effective pour le parc. La zone de Gonarezhou est occupée par des squatters qui s’adonnent assidûment au braconnage des animaux sauvages (c’est aussi le cas au Mozambique). Néanmoins, ce parc transnational représente une option réaliste, quand elle sera pleinement mise en œuvre.

Il est donc légitime de s’interroger sur les motivations de Pretoria concernant l’abattage, car rien n’interdirait de délocaliser davantage d’éléphants du côté mozambicain, même s’il faut pour cela accentuer les aides financières et logistiques au Mozambique. Mais il y a la question de l’ivoire. Les autorités ont toujours conservé les défenses, récupérées sur les animaux morts naturellement ou reprises aux braconniers, dans l’espoir de les vendre.

La demande en ivoire n’est que partiellement comblée par le commerce illégal

Le commerce international des produits d’éléphant est interdit par la Convention de Washington (Cites) depuis 1989. Mais à plusieurs réunions de cette convention, des pays d’Afrique australe (dont l’Afrique du Sud) ont obtenu des dérogations. La dernière remonte à juin 2007 : le Botswana, le Zimbabwe, la Namibie et l’Afrique du Sud ont obtenu le feu vert pour écouler 200 t d’ivoire. L’agrément était assorti d’un moratoire de neuf ans, suivant ces ventes. Ainsi, les “pays à éléphants” sont fondés, de leur point de vue, à reconstituer leurs stocks, pendant cette période.

Les demandes d’ivoire du Japon, et surtout de la Chine, sont énormes. Elles sont en partie comblées par le commerce illégal. Les animaux sont abattus principalement par les braconniers au Tchad, en république Centrafricaine, au Gabon, au Congo-Brazaville, en république démocratique du Congo, en Angola, au Malawi, en Mozambique, au Kenya et au Bostwana. Les pays d’Afrique de l’Ouest et centrale possèdent les populations d’éléphants les plus diminuées. Dix-sept pays de ces régions (auxquels s’étaient joints l’Ethiopie et le Kenya) ont signé, à Bamako (Mali), le 7 février dernier, une déclaration appelant à renforcer d’urgence la conservation de l’éléphant et à lutter contre le braconnage.

Beaucoup plus loin, en Afrique du Sud, la décision de mettre un terme au moratoire renvoie à cette problématique. De leur côté, les associations de protection de la faune sauvage sud-africaines n’ont pas été longues à réagir contre cette décision. Animal Rights Africa, notamment, a entrepris une action en justice pour la faire reporter. Cette organisation va lancer une campagne internationale appelant au boycott de l’Afrique du Sud, particulièrement à l’occasion de la coupe du monde de football qui se tiendra dans le pays en 2010. Dissuader les touristes de s’y rendre n’est pas une menace à prendre à la légère. Le tourisme est l’un des plus gros postes de la balance des paiements sud-africaine, et l’éléphant est un attrait majeur pour les réserves du pays. Le parc Kruger, la principale destination, reçoit 1,3 million de visiteurs par an.

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