L’échographie est au service du diagnostic de l’hypothyroïdie - La Semaine Vétérinaire n° 1322 du 04/07/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1322 du 04/07/2008

Endocrinologie

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Gwenaël Outters

Cette technique d’imagerie médicale présente une sensibilité de 94 % lorsque cinq paramètres sont observés et permet d’obtenir un résultat immédiat.

Des progrès récents sont intervenus dans le domaine du diagnostic par imagerie de l’hypothyroïdie chez le chien. L’hypothyroïdie primaire peut être due à une thyroïdite lymphoplasmocytaire ou secondaire à une atrophie de la glande. Cette affection n’offrant que des symptômes peu spécifiques, le diagnostic clinique est difficile. Certains signes, comme un mégaœsophage ou une cardiomyopathie dilatée, sont parfois associés à une hypothyroïdie, mais la relation n’a jamais été prouvée. En médecine humaine, le diagnostic d’hypothyroïdie fait appel à des tests biochimiques, mais aussi à la scintigraphie, à l’échographie et à l’analyse cytologique ou histologique de la glande.

En médecine vétérinaire, l’échographie est de plus en plus pratiquée

Deux coupes sont nécessaires à une visualisation correcte de la thyroïde. Chaque lobe est situé dorsolatéralement à la trachée. L’artère carotide commune, qui passe sur le côté latéral de chaque lobe, est un repère anatomique utile sur les deux coupes. L’aspect normal est caractérisé par un parenchyme homogène et hyperéchogène par rapport aux muscles environnants. La capsule est hyperéchogène et lisse avec des bords bien délimités. La thyroïde présente une forme polygonale à triangulaire en coupe transversale et apparaît fusiforme en coupe longitudinale.

La taille de la thyroïde est proportionnelle à celle du chien, mais il n’existe pas de valeur de référence utilisable pour chaque race. La hauteur et le volume sont les paramètres les plus fiables (voir encadré ci-dessous).

Lors d’hypothyroïdie, le parenchyme est hétérogène, isoéchogène à hypoéchogène par rapport aux muscles environnants. La capsule est irrégulière, la glande est de forme anormale (ronde à ovale) et de taille diminuée (voir encadré ci-contre).

Après la mise en place du traitement, l’échogénicité de la thyroïde a tendance à augmenter de nouveau (en raison du remplacement du tissu glandulaire par du tissu fibreux). La taille continue à diminuer de façon significative. La thyroïde reste anormale après le traitement, qui supplémente en hormones thyroïdiennes sans agir sur la glande elle-même.

Ainsi, dans le diagnostic de cette affection, le recours à l’échographie permet de différencier les chiens hypothyroïdiens de ceux qui présentent une hypothyroxinémie d’adaptation (chez lesquels la glande thyroïde a une structure échographique normale). Cet outil diagnostique présente en outre une sensibilité de 94 % lorsque cinq paramètres sont combinés et le résultat est immédiat.

Le scanner et l’IRM présentent un intérêt dans la recherche et l’évaluation des tumeurs

La scintigraphie permet notamment la visualisation, après l’injection d’un produit radioactif (pertechnetate), de la thyroïde et des glandes salivaires. Une thyroïde normale montre des lobes uniformes, symétriques et ovales, plus petits que les glandes salivaires parotidiennes. Le ratio de la radioactivité de la thyroïde sur celle de la glande salivaire est de 1 à 1,2 chez le chien, voire parfois 2. Cette valeur est variable selon l’animal et le nycthémère.

Lors d’hypothyroïdie, une diminution de la captation du produit radiopharmaceutique et une baisse de la taille de la thyroïde sont observées. Toutefois, de nombreux faux positifs et faux négatifs sont détectés. La sensibilité de cet examen pourrait être augmentée par l’utilisation de l’iode radioactif 131, cependant plus cher et moins disponible.

Au scanner, la thyroïde normale se présente sous la forme d’un tissu homogène et hyperdense en raison de sa forte teneur en iode. Une captation intense et homogène du produit de contraste iodé est notée. Il n’existe actuellement aucune description de l’aspect de la glande thyroïde au scanner chez le chien hypothyroïdien. En médecine humaine, l’hypothyroïdie est caractérisée par une thyroïde de densité inférieure, liée à la diminution de la concentration en iode et à une augmentation du tissu interstitiel. Le scanner permet d’évaluer les tumeurs thyroïdiennes (parfois responsables d’hypothyroïdie lorsque plus de 75 % de la glande est détruite), de rechercher des métastases pulmonaires et un éventuel tissu ectopique tumoral.

L’imagerie par résonance magnétique (IRM) permet une meilleure évaluation de l’extension des tumeurs thyroïdiennes par l’amélioration du contraste. Une thyroïde normale présente un signal augmenté et un parenchyme hétérogène. L’avantage de l’IRM est aussi l’apport de différentes coupes dans plusieurs plans et une augmentation de la qualité de l’image des tissus mous. Cet examen trouve sa place également dans la recherche de tumeurs thyroïdiennes.

Parmi tous les outils d’imagerie médicale, l’échographie présente une forte sensibilité pour le diagnostic de l’hypothyroïdie. Il s’agit d’un examen relativement peu onéreux réalisé sur un animal vigile. Le scanner et l’IRM ont leur intérêt dans la recherche de tumeurs thyroïdiennes, cependant leur coût est un frein à leur utilisation et ils requièrent une anesthésie générale.

Si la T4 est basse et la c-TSH augmentée, l’hypothyroïdie est confirmée

L’obtention du diagnostic de certitude de l’hypothyroïdie est un véritable exercice d’endurance. En effet, les signes cliniques de la maladie ne sont pas pathognomoniques. Les symptômes observés ne dépassent pas 50 % des cas et ne sont pas spécifiques : léthargie, prise de poids, anémie, alopécie, signes neurologiques. Les fluctuations physiologiques de sécrétions selon le moment de la journée, l’âge ou la race de l’animal, l’adaptation de l’organisme, la saison sont autant de pièges face aux suspicions cliniques. En outre, l’hypothyroxinémie d’adaptation s’exprime en cas de prise de corticoïdes, de phénobarbital ou de sulfamides ou lors de maladies telles que le syndrome de Cushing, le diabète ou les glomérulonéphrites.

De nombreux tests sont disponibles tels que la cholestérolémie, l’hématocrite (non spécifique), les dosages de T4 (libre ou totale), de c-TSH (thyroid stimulating hormone), de T4 à la dialyse à l’équilibre, d’anticorps antithyroglobuline. Le test à la TRH (thyréotropine releasing hormone), quant à lui, est à abandonner.

Il convient de rappeler l’obligation d’utiliser les laboratoires de biologie vétérinaire pour les dosages endocriniens, car les valeurs de base en médecine humaine sont beaucoup plus hautes. De plus, la déviation standard en endocrinologie étant de 10 %, une T4 à 10 nmol/l signifie une valeur effective entre 8 et 12. Le dosage de la TSH progresse en médecine vétérinaire, même s’il reste 10 % de faux positifs et 20 à 40 % de faux négatifs. Il présente une spécificité de 70 % et une valeur prédictive positive de 37 % et ne doit être analysé qu’avec un dosage de T4.

La recherche des anticorps antithyroglobuline est positive dans la moitié des cas et il existe de grandes variations raciales. La valeur prédictive évolutive de ce test étant modeste, il ne peut être considéré que comme un élément complémentaire de l’arsenal diagnostique.

Le diagnostic de l’hypothyroïdie s’effectue à la lumière d’une anamnèse, de commémoratifs et de signes cliniques compatibles. Si la cholestérolémie, le dosage de T4 et de c-TSH sont normaux, il est possible d’éliminer une hypothyroïdie à 90 %. Si la T4 est basse et la c-TSH augmentée, l’hypothyroïdie est confirmée. En cas de doute, le dosage de T4 à la dialyse à l’équilibre (disponible dans peu de laboratoires) et celui des anticorps antithyroglobuline peuvent se révéler intéressants. En outre, l’imagerie est une option diagnostique, mais elle reste délicate.

CONFÉRENCIERS

Virginie Barberet (d’après les recherches d’Olivier Taeymans), département d’imagerie médicale, école vétérinaire, université de Gand (Belgique).

Dominique Héripret, praticien à la clinique Frégis à Arcueil (Val-de-Marne).

Article tiré de la conférence « Imagerie versus bilans sanguins pour le diagnostic de l’hypothyroïdie », présentée lors du congrès de l’Afvac 2007.

Une thyroïde anormale

L’hypothyroïdie est associée significativement à une diminution de la taille de la thyroïde. Cette glande est anormalement petite si :

• Volume relatif de la thyroïde < 0,05 ml/kg de poids métabolique

• Volume = (H x l x L x 0,479) du lobe gauche + (H x l x L x 0,479) du lobe droit.

G. O.

Diagnostic échographique de l’hypothyroïdie

• Taille : 47,1 % (mauvais critère si utilisé seul).

• Homogénéité : 64,7 %.

• Forme : 64,7 %.

• Délimitation de la capsule : 70,6 %.

• Echogénicité : 76,5 %.

• Cinq paramètres combinés : 94,1 %.

G. O.
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