Six options existent pour les sondes de nutrition entérale - La Semaine Vétérinaire n° 1321 du 27/06/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1321 du 27/06/2008

Soins intensifs du chien et du chat

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Philippe Zeltzman

Chaque type de sonde comporte ses propres indications, ses avantages, ainsi que ses inconvénients.

L’alimentation d’un animal anorexique ou débilité est primordiale pour limiter le catabolisme protéique et ses multiples conséquences (atrophie musculaire, immunodéficience, anémie, cicatrisation ralentie). Les indications du soutien entéral incluent l’anorexie prolongée (surtout chez le chat), une chute pondérale significative mais involontaire (plus de 10 %), la perte de nutriments, des besoins caloriques accrus, une baisse d’appétit prévisible (mandibulectomie) et le shunt d’une partie de l’appareil digestif. Lorsque l’alimentation orale n’est pas possible ou pas souhaitable, la voie entérale est préférée à la voie parentérale. Elle est pratique, plutôt sûre, assez facile, bon marché, bien tolérée et surtout physiologique, tant que le tractus gastro-intestinal est fonctionnel. L’aliment liquide peut être administré sous forme de bolus, ou via une perfusion lente délivrée par une pompe. Les sondes peuvent être suturées à la peau par divers moyens : laçage chinois, sparadrap suturé ou simplement à l’aide de sutures.

Après chaque repas, la lumière de la sonde est soigneusement rincée avec de l’eau. Entre les repas, une colonne d’eau est laissée en place dans la sonde. Dans tous les cas, il est prudent de mettre en place un carcan et/ou un bandage pour éviter l’arrachage prématuré de la sonde. Chaque type de sonde comporte ses propres indications, ses avantages et ses inconvénients.

1. SONDE NASO-ŒSOPHAGIENNE

• Indications : elle est préférable à la sonde naso-gastrique pour limiter le reflux gastro-œsophagien. Simple, efficace, peu invasive et bon marché, elle peut être utilisée à court terme (généralement moins de dix jours). Elle est souvent réservée à un usage au sein de la clinique, mais il est possible d’expliquer au propriétaire comment l’utiliser à la maison. Elle est adaptée à l’animal anorexique, avec une cavité nasale, un pharynx, un œsophage et un estomac normaux.

• Technique : sa mise en place nécessite rarement une sédation. Seul 1 ml d’anesthésique local est injecté dans la narine. L’extrémité doit être située entre la base du cœur et le diaphragme, soit jusqu’à la 7e cote. Il est prudent de vérifier le placement de la sonde à l’aide d’une radiographie thoracique. A défaut, son placement dans l’œsophage plutôt que dans la trachée peut être vérifié en s’assurant que la pression est négative ; en injectant 3 ml de sérum physiologique pour voir si une toux est déclenchée ; en injectant une dizaine de millilitres d’air et en auscultant les bruits gastriques.

• Matériel : une sonde en PVC est facile d’accès et bon marché, mais elle risque de durcir. Une sonde infantile en polyuréthane est plus chère, mais moins irritante et plus résistante aux sucs gastriques.

• Contre-indications : comme le diamètre est faible (5 French), seul un aliment liquide peut être utilisé. Cette sonde est contre-indiquée en cas de vomissements ou de régurgitation importants. Les complications incluent les saignements de nez, la rhinite, les vomissements, la régurgitation. Une pneumonie est possible en cas de placement accidentel dans la trachée.

2. SONDE D’ŒSOPHAGOSTOMIE

• Indications : elles sont similaires à celles de la sonde naso-œsophagienne. Un aliment liquide et des médicaments peuvent être administrés par la sonde.

• Technique : sa pose est facile, sans instruments spécifiques. Son placement requiert une anesthésie brève ou peut se faire à l’occasion d’une intervention chirurgicale. Il est prudent de vérifier le placement de la sonde à l’aide d’une radiographie thoracique. Elle doit être laissée en place environ deux semaines pour qu’une fistule œsophago-cutanée se forme. Son retrait ne nécessite pas de tranquillisation.

• Matériel : une taille de 12 French peut être utilisée chez le chat et chez le chien.

• Complications : elles incluent l’infection du site cutané, la sténose, le déplacement accidentel, la pneumonie par aspiration, une œsophagite due au reflux, les vomissements et la régurgitation.

3. SONDE DE PHARYNGOSTOMIE

• Indications : elles sont similaires à celles de la sonde naso-œsophagienne, mais cette option tombe peu à peu en désuétude.

• Technique : son placement requiert une anesthésie courte. Elle est placée dorsalement et caudalement aux os stylohyoïde et épihyoïde.

• Matériel : une sonde d’un diamètre de 20 à 24 French peut être utilisée, ce qui permet l’injection d’aliments plus visqueux.

• Complications : elles regroupent l’obstruction des voies respiratoires, la pneumonie par aspiration, les vomissements, le reflux, la lésion du nerf récurrent laryngé, le déplacement accidentel, l’infection du site cutané ou encore l’œsophagite.

4. SONDE DE GASTROSTOMIE

• Indications : elles incluent l’animal anorexique ou dysphagique. La sonde permet d’administrer des médicaments. L’estomac peut être décompressé via le retrait de gaz ou de liquide.

• Technique : mise en place à l’aide d’un endoscope ou à la faveur d’une laparotomie, le placement nécessite une anesthésie générale. La sonde peut rester en place pendant des semaines ou des mois, mais un minimum de deux semaines est nécessaire afin qu’une fistule gastro-cutanée se forme.

• Matériel : un grand diamètre (18 à 24 French) est possible afin d’utiliser un aliment plus visqueux. Il existe des sondes de longueurs différentes. Les modèles classiques, longs, présentent un risque accru de morsure ou d’arrachage. Des sondes courtes, dites low profile, qui réduisent ce risque, sont désormais proposées.

• Contre-indications : la sonde de gastrostomie est contre-indiquée en cas de vomissements chroniques ou d’obstruction mécanique ou fonctionnelle. Les complications sont notamment le retrait accidentel et précoce, entraînant la fuite de contenu gastrique, ce qui occasionne une infection cutanée et/ou une péritonite septique, la lacération de la rate lors du placement endoscopique, le reflux gastro-œsophagien, la pneumonie par aspiration.

5. SONDE DE JÉJUNOSTOMIE

• Indications : adaptée aux animaux dont l’intestin grêle distal est fonctionnel, elle est indiquée lors d’obstruction gastrique (par exemple, en cas de gastrite chronique hypertrophiante pylorique), de motilité gastrique réduite, de gastrectomie partielle, d’obstruction de l’intestin grêle proximal, de pancréatite, de chirurgie des voies biliaires et de la vésicule biliaire.

• Technique : placée au cours d’une laparotomie, elle requiert une anesthésie générale. La sonde doit rester en place au moins dix jours avant son retrait afin d’établir une fistule jéjuno-cutanée. Elle peut rester en place pendant des semaines.

• Matériel : une sonde de faible diamètre (5 French) permet l’apport d’un aliment liquide afin de réduire le risque de blocage.

• Complications : elles comprennent l’infection du site cutané et le retrait accidentel, ce qui peut entraîner une péritonite septique.

6. SONDE DE GASTRO-JÉJUNOSTOMIE

• Indications : décrite récemment chez le chien et le chat, ses indications sont les mêmes que celles de la sonde de jéjunostomie. Elle permet l’accès à l’estomac et à l’intestin grêle, sans qu’une entérotomie soit nécessaire. Elle est idéale pour les animaux qui ont subi une intervention des voies pancréatiques ou biliaires.

• Technique : son placement se fait par endoscopie ou à l’occasion d’une laparotomie et requiert donc une anesthésie générale. Elle peut rester en place pendant des semaines, voire des mois. La sonde de jéjunostomie peut être retirée avant la sonde de gastrostomie. Au besoin, cette dernière permet de décompresser l’estomac (gaz ou liquide).

• Complications : elles incluent les fuites du contenu gastro-intestinal, le déplacement accidentel et la migration de la sonde de jéjunostomie.

CONFÉRENCIÈRE

Susan Klein, spécialiste en médecine interne au New York State College of Veterinary Medicine.

Article rédigé d’après la conférence « Nutritional support for the critically-ill patient : enteral feeding », présentée le 27 février 2008 à Madison, New Jersey (Etats-Unis).

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