La biosécurité est au cœur de l’agenda vétérinaire européen - La Semaine Vétérinaire n° 1321 du 27/06/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1321 du 27/06/2008

Assemblée générale de la FVE et de l’UEVP. Débat sur les défis à relever

Actualité

Auteur(s) : Karin de Lange

Le Code de déontologie et l’Acte vétérinaire européens ont fait partie des sujets majeurs évoqués à l’occasion de la réunion de la FVE, organisée au début du mois.

One health (idée selon laquelle les santés animale et publique ne font qu’une), nouvelle politique de santé animale communautaire, formation vétérinaire et d’autres thèmes professionnels majeurs, dont l’Acte vétérinaire et le Code de déontologie, sont les priorités stratégiques de cette année, selon la Fédération vétérinaire européenne (FVE). Présentés par son directeur exécutif Jan Vaarten, ils ont donc logiquement mobilisé l’attention lors de l’assemblée générale de la FVE, qui s’est tenue à Vienne (Autriche), les 6 et 7 juin derniers. « La santé publique est un élément clé de la sécurité alimentaire, a confirmé Bernard Vallat, directeur de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), invité pour l’occasion. Il est important de souligner le lien entre la santé animale, la sécurité alimentaire et la santé publique. » Les anciennes réglementations doivent être adaptées face à un monde qui change, a-t-il ajouté. Par exemple, « les agents pathogènes se diffusent aujourd’hui à travers le globe en moins de temps que leur durée d’incubation ». A cela s’ajoutent l’augmentation des échanges (légaux et illégaux) et des voyages, ainsi que le réchauffement climatique et le constat que 60 % des agents pathogènes humains et 75 % des maladies émergentes sont des zoonoses. Dans ce contexte, « une bonne communication est prioritaire », a insisté le directeur de l’OIE.

Notre confrère a également souligné l’importance de la qualité de la formation vétérinaire : « Il convient de protéger la valeur du titre de vétérinaire et les gouvernements doivent réaliser que des critères de base sont à exiger pour l’usage de ce titre. » Le niveau des vétérinaires varie en effet beaucoup à travers le monde. Or la qualité des services vétérinaires est « particulièrement importante » et l’OIE a récemment développé un outil destiné à l’estimer. Après une visite et une évaluation dans le pays concerné, les experts publient un projet de rapport de performances de ses services vétérinaires, suivi par une analyse des écarts observés, ce qui facilite l’obtention des fonds pour combler ces lacunes. Depuis 2006, cinquante-six pays ont ainsi été évalués.

Une semaine vétérinaire européenne sera organisée en novembre prochain

« Mieux vaut prévenir que guérir » est le slogan de la nouvelle stratégie communautaire de santé animale (CAHS). Ses grandes lignes ont été présentées par Eric Marin, de la Commission européenne. L’une des priorités de cette stratégie est d’assurer une meilleure biosécurité, tant au niveau des élevages que des frontières. L’importance de ce sujet est telle qu’il a été retenu comme thème central de la Veterinary Week (semaine vétérinaire) qui sera organisée du 10 au 16 novembre prochain. Cette nouvelle initiative commune de la FVE et de la DG Sanco, d’envergure européenne, vise à promouvoir la stratégie communautaire de santé animale, tout en mettant en avant le rôle et les responsabilités de la profession vétérinaire. Des activités relatives à la biosécurité sont donc prévues dans l’ensemble des pays membres, mais sont surtout à organiser par la profession elle-même. Christophe Buhot, président de l’Union européenne des vétérinaires praticiens (UEVP), a ainsi appelé ses confrères européens à se saisir de cette occasion. Il ne faut pas seulement « prendre le train en marche », mais « conduire la locomotive ! », a-t-il précisé.

L’assemblée de l’UEVP a permis de présenter le système des visites d’élevage français

La qualité de l’enseignement vétérinaire fait également partie de la stratégie communautaire de santé animale, comme l’a récemment rappelé le Parlement européen. Il a en effet souligné l’importance d’un « système d’accréditation européenne des écoles vétérinaires » dans sa résolution du 22 mai dernier. Cet appel a été chaleureusement accueilli par l’assemblée, qui a regretté l’absence d’un cadre légal et de sanctions pénales dans le dispositif actuel d’évaluation des établissements. Une réunion sur ce thème est donc prévue le 6 octobre, avec des représentants de la Commission européenne (DG Sanco, DG Marché, DG Enseignement) et le comité coordinateur pour la formation vétérinaire (ECCVT).

« Votre concept One health a l’air bien plus excitant que l’habituelle demande de fonds de la part de la profession médicale », s’est enthousiasmé Karl Jurka, consultant politique professionnel du lobbying au sein de l’Union, invité à l’occasion de l’assemblée générale. L’intervenant a également remarqué que « la plupart des personnes de plus de quarante ans – cas de la majorité des décideurs politiques – ont un lien émotionnel avec la santé ». Il a ainsi souligné que la plupart des décisions politiques sont fondées sur « 70 % d’émotions et 30 % de connaissances », une règle qui s’applique « à l’ensemble de la législation européenne ». L’intervenant a par ailleurs rappelé que le “bon lobbying” se caractérise par une excellente préparation et documentation, à la fois sur le sujet et sur l’interlocuteur en question. Au final, pour un impact optimal, il est important de « se concentrer sur les personnes clés de demain ».

La biosécurité a également figuré au cœur de l’agenda des débats de l’UEVP, dont l’assemblée générale se tenait le 5 juin, parallèlement à celle de la FVE. A cette occasion, notre confrère Thierry Chambon a présenté le système français de visites d’élevage qui a suscité un fort intérêt parmi les vétérinaires européens, en particulier la prise en charge financière par le gouvernement. S’inspirant de ce dispositif, l’UEVP s’est proposée de formuler un plan de suivi sanitaire de troupeau “générique”, sur la base d’une enquête au niveau européen et des échanges avec l’Union européenne des vétérinaires hygiénistes (UEVH).

Etienne Bonbon, de la Commission européenne (DG Sanco), invité par l’UEVP, a présenté le nouveau concept de compartimentalisation. Cet outil de gestion du risque devrait permettre de « protéger le statut sanitaire d’une sous-population animale », en particulier lors de la présence d’une endémie ou d’une maladie récurrente comme l’influenza aviaire. « Il s’agit d’une séparation fonctionnelle plutôt que géographique, qui serait à considérer comme un complément plutôt qu’une alternative à la régionalisation. »

Les animaux de compagnie ne sont pas oubliés lors des débats

Les animaux de compagnie, traditionnellement “parents pauvres” de la scène vétérinaire européenne, ont alimenté de nombreuses discussions à l’occasion de la réunion de l’UEVP. Le poids économique de ce secteur en Belgique a notamment fait l’objet d’une intervention de Marc Buchet, vice-président de l’organisation. Les dépenses des propriétaires (dont 1 million de chiens, 1,9 million de chats, 3 millions d’oiseaux, 4,5 millions de poissons et 1 million d’autres animaux) ont représenté 820 millions d’euros en 2004. Près de la moitié de cette somme était consacrée aux aliments, les frais vétérinaires figurant en deuxième position, avec 18 % du montant total. Le chiffre d’affaires de l’industrie des fournisseurs (y compris les éleveurs professionnels, le pet food, les accessoires, le toilettage et l’hébergement) s’élevait « bien au-delà d’un milliard d’euros » et ce secteur employait quelque dix mille personnes. Il a été décidé d’établir un questionnaire, en collaboration avec la Fédération européenne des associations vétérinaires des animaux de compagnie (Fecava), afin de recueillir des données similaires dans d’autres pays.

Les chiens dangereux ont également suscité l’intérêt à Vienne. Notre confrère Rémi Gellé, président du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL), a informé les confrères européens des changements réglementaires français sur ce point. Pour sa part, Andrew Byrne, président de la Fecava, a présenté les avancées du projet Blue Dog. Il a expliqué la façon dont cet outil permet d’apprendre aux enfants (et aux parents !) la bonne attitude à adopter vis-à-vis des chiens. Il s’agit d’un apprentissage important, car des études montrent que la plupart des morsures canines chez les jeunes ont lieu à la maison et sont le fait de l’animal de la famille. A partir du 1er septembre prochain, tous les propriétaires de chiens en Suisse devront prendre des cours (cinq heures de théorie et dix heures de pratique) et passer un examen pour prouver leur capacité à maîtriser et à prendre soin de leur animal, sous peine de le perdre, a indiqué Anne Ceppi, vice-présidente de l’UEVP.

Parmi les autres thèmes “canins” évoqués à Vienne figuraient la présentation de Pets in Europe, une nouvelle organisation caritative pour les animaux de compagnie, la problématique de la définition des cadavres d’animaux de compagnie comme des déchets biologiques, ainsi que les mesures sanitaires transfrontalières en Europe.

Code de déontologie et Acte vétérinaire européens sont adoptés à Vienne

Un nouveau Code de déontologie (Code of Conduct) pour la profession vétérinaire a été adopté à l’occasion de l’assemblée générale de la FVE. Il se compose d’un préambule explicatif, d’un chapitre qui énonce les obligations professionnelles minimales et d’un autre qui liste des recommandations de qualité. « Le but est de protéger le public, en renforçant la confiance du client dans la profession, et non de défendre les intérêts vétérinaires », a souligné notre consœur Catherine Roy, présidente du groupe de travail qui a élaboré le texte. La rédaction d’un Code de déontologie vétérinaire était essentielle pour éviter « que quelqu’un d’autre le fasse à notre place ».

L’Acte vétérinaire, également adopté à Vienne, définit clairement le rôle du praticien, précisant les tâches et les responsabilités qui doivent rester la prérogative de la profession en Europe.

Par ailleurs, le Monténégro a été accueilli comme nouveau membre de la FVE. Ce petit pays (14 000 km2), situé sur la côte Adriatique, compte six cent mille habitants et sa Chambre vétérinaire (fondée en 2007) comprend cent trois membres, dont quelque soixante praticiens.

La prochaine assemblée générale de la FVE se tiendra à Hanovre (Allemagne) les 15 et 16 novembre, avant l’assemblée du printemps 2009, prévue à Stockholm (Suède) les 22 et 23 mai.

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