Des PCR spécifiques à chaque espèce de brachyspires se développent

Un symposium sur les diarrhées grises dues aux brachyspires a été organisé par Novartis Santé animale le 5 juin dernier à Bénodet (Finistère). Il a permis d’aborder les travaux de Jean Le Guennec (Labofarm) et de son équipe qui, depuis plus d’un an, élaborent une nouvelle approche technique de recherche de ces bactéries. Habituellement, dans les cas cliniques, les laboratoires ont recours à la PCR (polymerase chain reaction) multiplexe qui a l’avantage de détecter rapidement la présence ou non de brachyspires et d’identifier les deux espèces majeures (Brachyspira hyodysenteriae et Brachyspira pilosicoli). En revanche, elle ne permet pas de faire la distinction entre B. intermedia et B. innocens. Actuellement, dans le cadre d’enquêtes en élevages porcins et avicoles, le laboratoire Labofarm recherche les brachyspires sur les prélèvements de fèces en réalisant une étape de préenrichissement suivi d’une culture d’une durée d’incubation minimale de dix jours. Cette stratégie permet d’abaisser le seuil de détection. Les cultures obtenues sont ensuite testées par PCR multiplexe pour l’identification. Parallèlement à cette méthode, l’équipe poursuit ses recherches pour mettre au point une PCR en temps réel (PCR Tr), spécifique à chaque espèce de brachyspires. La PCR Tr B. pilosicoli (et bientôt B. intermedia) est presque validée.

Le respect des règles de biosécurité par les éleveurs est mis en exergue

Un autre point essentiel, abordé par Jean Le Guennec, concerne la qualité des prélèvements et leur conservation. En effet, une température inférieure à 8 °C et le maintien de l’humidité selon des conditions propices à l’anaérobiose sont primordiaux. Ces éléments ont également été mis en exergue par notre consœur Jill Thomson, du Scottish Agriculture College, experte en brachyspires. Son laboratoire réalise des mises en culture et des phénotypages, ainsi que des PCR afin de détecter les brachyspires. Toutefois, leurs résultats restent limités en termes de seuil de détection et de spécificité.

La conférencière a aussi souligné la forte prévalence de B. pilosicoli et de B. hyodysenteriae dans les colites (27 % en infection simple au lieu de 31 % en infection croisée) en Ecosse, en 2007. Elle a notamment insisté sur deux facteurs de risque de développement de cette bactérie. Le premier est l’utilisation de nouvelles matières premières défavorables. En effet, certaines variétés de céréales et la présentation de l’aliment en granulés sont fortement liées à l’apparition de diarrhées. Le non-respect des règles de biosécurité constitue un second facteur de risque, selon notre confrère Christophe Daubignard (Novartis), qui a expliqué la méthode d’expertise Biosécurité, inspirée de la méthode HACCP, que son laboratoire met en place en élevage.

Pour sa part, le professeur Pierre-Louis Toutain (école vétérinaire de Toulouse) a évoqué l’application sur le terrain des règles de pharmacocinétique et de pharmacodynamique. Pour lui, la métaphylaxie est une solution à étudier en élevage. Il a également indiqué que le schéma posologique doit être au-dessus de la concentration minimale inhibitrice (CMI), mais aussi de la concentration préventive de mutants (CPM), et que l’écart entre ces valeurs doit être le plus étroit possible pour éviter un accroissement de la résistance. Notre confrère a par ailleurs souligné l’importance de développer de nouveaux antibiogrammes en valeurs vétérinaires, spécifiques à une espèce et à une maladie, ces valeurs étant déterminées selon l’épidémiologie, l’expression clinique et le rapport PK-PD. En dernier lieu, il a rappelé que les conditions de terrain sont particulièrement éloignées de celles de laboratoire et que les doses administrées ont la particularité d’être collectives en élevage porcin, ce qui se traduit par une hétérogénéité de traitement qu’il convient de prendre en compte.