« Les exigences de base de la compétence vétérinaire mondiale doivent être définies » - La Semaine Vétérinaire n° 1320 du 20/06/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1320 du 20/06/2008

Entretien avec Bernard Vallat, directeur général de l’OIE

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Auteur(s) : Nathalie Devos

La Semaine Vétérinaire : L’évaluation par l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) des services vétérinaires du monde entier est opérationnelle depuis la fin de l’année 2006. Quelles sont les principales problématiques mises en exergue ?

Bernard Vallat : Au total, depuis fin 2006, soixante-seize pays, pour la plupart situés en Afrique et au Moyen-Orient, ont demandé à l’OIE d’évaluer leurs services vétérinaires. A ce jour, cela a été réalisé chez cinquante-quatre d’entre eux.

L’évaluation est effectuée par des équipes d’experts, de cultures et de nationalités différentes, afin d’être en adéquation avec les réalités du terrain. Ils élaborent tous leurs rapports selon une même méthodologie, qui leur a été enseignée lors de la formation d’évaluateur mise en place par l’OIE en préalable à leur accréditation.

Les principaux problèmes relevés par les évaluateurs sont de trois ordres. D’une part, certaines législations sont obsolètes ou inadéquates face aux risques sanitaires inhérents au contexte de mondialisation actuel : c’est par exemple le cas d’anciennes colonies, qui ont obtenu leur indépendance il y a une cinquantaine d’années, mais qui sont encore sous le régime d’une législation coloniale. D’autre part, des insuffisances budgétaires entravent la bonne application des législations sanitaires (surveillance et contrôle des maladies animales, sécurité sanitaire des aliments, bien-être animal, etc.) : certains pays n’ont plus de vétérinaires publics en raison des salaires excessivement bas proposés pour ces postes. Enfin, il existe une forte disparité en termes de formation vétérinaire au niveau international : certains pays ne disposent pas d’école vétérinaire, ce qui suppose pour les candidats au métier d’obtenir une bourse pour aller se former à l’étranger, ce qui n’est pas forcément le cas. Par ailleurs, les programmes de formation des vétérinaires dans certains Etats ne sont pas adaptés à la réalité du terrain et aux différents axes d’activité de notre profession (santé des grands animaux, épidémiologie, sécurité sanitaire des aliments, administration, recherche scientifique, etc.).

S. V. : Une harmonisation des services vétérinaires mondiaux a justement été évoquée lors d’une réunion sur l’enseignement vétérinaire, en avril dernier, au siège de l’OIE. Pouvez-vous développer ses objectifs ?

B. V. : Cette harmonisation consisterait à recommander l’établissement d’un tronc commun de formation dans les écoles vétérinaires du monde entier, afin que les exigences de base en termes de compétence vétérinaire soient assurées partout.

Ces exigences minimales seraient requises pour exercer et seraient placées sous le contrôle des Ordres vétérinaires, lesquels sont d’ailleurs encore inexistants dans certains pays et non conformes aux recommandations de l’OIE dans d’autres. Cette situation va s’améliorer, car l’existence et le rôle des Ordres sont codifiés par les normes de l’OIE qui s’appliquent à la qualité des services vétérinaires.

L’an prochain, l’OIE organise une conférence où seront invités tous les doyens des écoles vétérinaires, ainsi qu’un représentant de chaque tutelle gouvernementale de nos cent soixante-douze pays membres. Le but de cette réunion est d’aboutir à la préparation d’une résolution pour élaborer une liste d’exigences de base requises en termes de formation et de compétence vétérinaire internationale. L’application de cette résolution relèverait à la fois des tutelles et des Ordres vétérinaires.

S. V. : Y a-t-il des problèmes de transparence dans certains pays vis-à-vis de la notification à l’OIE de leurs problèmes sanitaires ? Comment y remédier ?

B. V. : Un manque de transparence de la part de certains Etats existe malheureusement. Mais il faut reconnaître qu’aujourd’hui, de moins en moins de pays prennent le risque politique de dissimuler un problème sanitaire.

Deux facteurs expliquent ce manque de transparence. La situation politique tout d’abord. Seules quelques rares dictatures “dures”, telles que celle du Turkménistan, se refusent encore à transmettre toute information crédible. Mais petit à petit, certaines situations s’améliorent. Ainsi, la Corée du Nord, réputée très “fermée”, vient de demander à l’OIE d’évaluer ses services vétérinaires. Par ailleurs, je tiens à souligner les efforts de la Chine pour sa collaboration avec notre système d’informations sanitaires depuis quelques années. Le deuxième facteur qui intervient dans la défaillance de transmission des informations est le manque de moyens financiers et humains dont souffrent certains pays. Ils sont de bonne foi, mais ne connaissent pas eux-mêmes leur situation sanitaire, par manque de vétérinaires et de budget pour assurer la surveillance des cent maladies listées par l’OIE.

Afin d’améliorer la connaissance de la situation sanitaire mondiale et de pallier le manque de transparence, l’OIE dispose d’un système dit de tracking. Il s’agit d’un logiciel qui piège par mot clé sur Internet, dans toutes les langues, toute information relative à une maladie animale qui n’aurait pas été officiellement notifiée à l’OIE. Les pays “défaillants” sont ainsi repérés et font l’objet d’investigations. Dans 99 % des cas, ils reconnaissent les faits. Pour les pays particulièrement réticents à la transmission d’informations, l’OIE prend régulièrement contact avec la presse locale, parfois plus loquace que les autorités.

S. V. : Pourquoi avoir choisi de changer la dénomination de l’organisation tout en conservant le sigle OIE ?

B. V. : L’Office international des épizooties était une dénomination restrictive, puisque les missions de notre organisation vont bien au-delà de la gestion des épizooties. Par ailleurs, pour les “non-initiés” et le grand public, le terme d’épizootie peut être inconnu et celui d’office ne renvoie pas à l’organisation mondiale que nous sommes.

Lorsque nous avons changé de dénomination, en 2003, il a été décidé de garder l’acronyme OIE pour des raisons historiques, par respect pour nos fondateurs, et parce que nos principaux partenaires nous identifient depuis longtemps par ce sigle. Mais les choses ne sont pas figées et, dans l’avenir, peut-être déciderons-nous d’abandonner l’acronyme historique.

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