Le test de létalité sur souris est le plus utilisé pour rechercher la toxine botulique - La Semaine Vétérinaire n° 1320 du 20/06/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1320 du 20/06/2008

Botulisme aviaire

Formation continue

FILIÈRES

Auteur(s) : Karim Adjou*, Stéphanie Maeder**

Cette technique génère toutefois des faux négatifs lorsque la dose de toxine présente est insuffisante.

Le botulisme est suspecté en cas de forte augmentation de la mortalité, avec une paralysie flasque associée à des facteurs de risque comme un épisode antérieur de botulisme dans l’élevage, une hygiène insuffisante (ramassage des cadavres trop peu fréquent, présence d’insectes, désinfection et vide sanitaire déficients, stockage des cadavres non congelés à proximité), une météorologie chaude et orageuse, voire le voisinage d’une étendue d’eau pour les volailles élevées en plein air. Le diagnostic clinique seul(1) ne suffit pas. Le recours au laboratoire est nécessaire pour obtenir un diagnostic de certitude, même si, en pratique, le coût des analyses ou la nature des prélèvements effectués peuvent limiter la réalisation de la palette de tests préconisés.

Le diagnostic bactériologique n’a pas de valeur diagnostique, car la seule mise en évidence de la bactérie ne préjuge en rien de la présence ou de l’absence de la toxine. En effet, Clostridium botulinum est un hôte commun du tractus digestif et son identification n’a aucune signification dans ce contexte. C’est donc la toxine botulique qui est recherchée. Elle est d’autant plus facilement décelée que les prélèvements sont réalisés chez des volailles récemment atteintes (si possible depuis moins de quarante-huit heures). En effet, des résultats sérologiques faussement négatifs sont souvent observés chez des dindes atteintes depuis plus de quatre jours.

Le diagnostic de laboratoire doit donc être précoce. La détection de la toxine est positive dans 68 % des cas dans les quarante-huit premières heures, au lieu de 13 à 28 % au-delà.

Le coût des analyses peut limiter la réalisation des tests

Le diagnostic de certitude peut s’effectuer de trois façons :

- par la mise en évidence de la toxine sans spécifier le type toxinique, grâce au test de létalité sur souris ;

- par la mise en évidence de la toxine, typée, dans le sérum ou le contenu intestinal ;

- par la recherche du gène codant pour la neurotoxine par amplification génique (PCR).

• Le test de létalité sur souris est la technique la plus souvent utilisée pour caractériser la présence de la neurotoxine botulique. Le prélèvement (foie ou contenu cæcal) est broyé, homogénéisé, centrifugé, dilué et filtré. Après la filtration, il est inoculé à des souris par voie intrapéritonéale. Lors de prélèvement sanguin, c’est le sérum obtenu après la centrifugation des tubes qui est injecté.

Une observation des animaux est alors effectuée vingt-quatre et quarante-huit heures après l’injection. Le test est positif lorsque les souris meurent. Mais cela suppose que la dose toxique est suffisante. Cette technique génère donc des faux négatifs. En outre, des faux positifs peuvent être observés. En effet, si des particules septiques ont été injectées en même temps, malgré la filtration, la mort peut survenir par septicémie.

Ce test de létalité sur souris peut être réalisé par des laboratoires départementaux ou privés. Il importe cependant de noter la bonne sensibilité de cette technique, même si elle ne permet pas d’identifier le type de toxine en cause.

• La toxinotypie botulique par séroneutralisation, aussi appelée épreuve de la souris protégée, se déroule de la même façon que le test de létalité sur souris, avec l’avantage d’aboutir à la détermination du type de toxine en cause. Elle comporte plusieurs étapes. Dans un premier temps, le surnageant du prélèvement est mélangé avec du sérum antitoxine. Il y a ainsi un tube par type de toxine recherchée (A, B, C, D, E, F, G). Après une courte incubation de trente minutes à 37 °C, le mélange prélèvement-sérum-antitoxine (1 ml) est injecté par voie intrapéritonéale aux souris. Celles qui survivent après l’épreuve permettent d’identifier la toxine responsable.

Ce test coûteux ne peut être effectué que par le laboratoire de l’Institut Pasteur, le seul à détenir les antitoxines botuliques.

• L’amplification génique, ou PCR, met en évidence le gène de production de la toxine botulique. La séquence cible est multipliée par des synthèses successives à l’aide d’amorces d’oligonucléotides et d’une ADN polymérase thermostable. La recherche du gène de toxine de C. botulinum de types C et D par PCR est en général effectuée parallèlement au test de recherche de la toxine botulique par injection aux souris.

Si les souris meurent et que la PCR est positive, cela signifie que la toxine est présente (son type pourra être identifié lors de la PCR).

Si les souris ne meurent pas et que la PCR est négative, cela indique fortement l’absence de toxine botulique. Toutefois, si les symptômes persistent dans l’élevage, il faut procéder à de nouveaux prélèvements pour renouveler les analyses.

Si les souris restent vivantes, mais que la PCR est positive, cela met en évidence la présence du gène de production de la toxine botulique.

Enfin, si certaines souris meurent et que la PCR est négative, les prélèvements doivent être envoyés au laboratoire de l’Institut Pasteur pour la réalisation du test de séroneutralisation. Il peut aussi être envisagé d’effectuer d’autres prélèvements dans l’élevage.

En pratique, le coût des analyses ou la nature des prélèvements effectués peuvent limiter la réalisation de la palette de tests préconisés.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1319 du 13/6/2008 en page 42. La bibliographie de cet article est disponible sur le site WK-Vet.fr (rubrique “Revues”, “La Semaine Vétérinaire”, “Compléments d’articles”).

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