La situation épidémiologique de la rage des chauves-souris doit être surveillée - La Semaine Vétérinaire n° 1319 du 13/06/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1319 du 13/06/2008

Lyssaviroses des chiroptères

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Un homme est mort de la rage, directement ou indirectement contaminé par une chauve-souris, le 27 mai dernier en Guyane. Treize cas de rage chez des animaux domestiques dus à un lyssavirus de génotype 1, dont cette chauve-souris hématophage est le réservoir, ont été déclarés entre 1989 et 2003. Ce premier cas humain en Guyane reflète la situation préoccupante de la rage des chiroptères sur le continent américain. Il en va autrement en Europe où l’endémie chez les chiroptères ne représente pas une véritable menace pour un public bien informé.

Le virus EBL1 infecte plutôt la sérotine,l’EBL2 est associé au genre murin

Le premier isolement documenté d’un virus rabique chez une chauve-souris en Europe remonte à 1954. De 1977 à 2006, huit cent trente et un cas de rage sont détectés chez des chiroptères d’Europe. 90 % des chauves-souris testées positives viennent du Danemark, des Pays-Bas, d’Allemagne et de Pologne. D’autres cas sont rapportés en France, en Espagne, en Suisse, en Grande-Bretagne, en République tchèque, en Slovaquie et également en Ukraine et en Russie. En France, la surveillance passive renforcée de l’infection rabique chez les chauves-souris est conduite, depuis 2000, par le laboratoire de référence sur la rage de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) de Nancy. Il recense un nombre stable, chaque année, d’une à trois chauves-souris infectées par la maladie, sur une moyenne de deux cents collectées (pour la plupart par le réseau Afssa-SFEPM(1)). Différents cycles épidémiologiques coexistent. Le virus EBL1 (european bat lyssavirus de type 1), la seule souche isolée en France, infecte plus spécifiquement la sérotine (Eptesicus serotinus), tandis que l’EBL2 est plus communément associé aux espèces du genre Myotis (M. daubentonii et M. dascyneme). Ce dernier variant a été isolé aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, en Suisse et, dernièrement, en Allemagne (voir carte).

A l’heure actuelle, à l’exception d’une chatte à Fontenay-le-Comte (Vendée) en fin d’année dernière, seuls trois cas de contamination naturelle probable d’espèces domestiques (deux moutons au Danemark en 1998 et 2002) ou sauvages (une fouine en Allemagne) par des chauves-souris sont répertoriés en Europe. Il s’agit toujours d’EBLV1 et, jusqu’à présent, aucune contamination d’animaux par l’ELBV2 n’est rapportée. La transmission aux mammifères terrestres reste un événement extrêmement rare.

Aux Etats-Unis, la situation est plus préoccupante qu’en Europe

L’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) incite à une meilleure surveillance en Europe de ces lyssaviroses des chiroptères, mais ne considère toutefois pas qu’elles modifient le statut des pays indemnes de rage. Bien que le risque de transmission soit faible, les virus EBL1 et EBL2 sont capables de provoquer chez l’homme une maladie mortelle, d’évolution analogue à celle de la rage due aux souches de génotype 1. Des cas sporadiques humains sont décrits. Le premier date de 1977, en Ukraine. Deux autres cas sont confirmés en 1985, l’un dû à l’EBL1 en Russie, l’autre dû à l’EBL2 en Finlande. Un second cas dû à l’ELB2, est confirmé en novembre 2002 en Ecosse.

Aux Etats-Unis, la situation est plus inquiétante. Entre 1990 et 2000, 92 % des décès humains de rage autochtones sont liés à une contamination par des chiroptères. Comme en Guyane, le virus de la rage des chauves-souris américaines (insectivores ou hématophages) est dû au génotype 1, le même que celui des mammifères terrestres, bien que les souches soient distinctes et évoluent indépendamment.

La prévalence de la rage chez les diverses espèces de chiroptères dans le monde est difficile à appréhender, mais ces mammifères et leur rôle dans la transmission des maladies infectieuses concernent de plus en plus les épidémiologistes. Le réseau de surveillance doit être amélioré en Europe. Les lyssavirus, comme les autres virus à ARN, ont la capacité d’évoluer rapidement et de s’adapter à de nouvelles espèces animales. De nouveaux variants de lyssavirus viennent d’être caractérisés chez des chauves-souris d’Asie. Ils font peser de nouvelles menaces et compliquent les stratégies d’élimination de la rage.

  • (1) Société française pour l’étude et la protection des mammifères.

Communiquer sur la rage des chiroptères

• Ne pas exagérer les dangers pour ne pas déclencher de phobie ou des comportements hostiles à l’égard de ces mammifères, qui sont des espèces protégées (arrêté du 23/4/2007).

• Rappeler néanmoins le risque lié au contact direct avec un chiroptère. En cas de rencontre inattendue avec une chauve-souris, conseiller d’éviter ce contact.

• En cas de contact à risque, recommander de consulter rapidement un médecinou un centre de traitement antirabique.

• En cas de découverte d’un animal maladeou mort, prendre contact avec la Direction départementale des services vétérinaires oudes chiroptérologues du réseau Afssa-SFEPM.

M. B.

A noter

Alors que la plupart des cas de rage diagnostiqués chez les mammifères terrestres concernent des animaux présentant des signes cliniques, les chiroptères pourraient survivre à une infection par un virus EBL1 ou EBL2 sans présenter systématiquement de symptômes caractéristiques.

EN SAVOIR PLUS

• La rage des chiroptères, rapport de l’Afssa datant de 2003 (www.afssa.fr).

• B. Amengual, H. Bourhy et coll. : « Temporal dynamics of EBL type 1 and survival of Myotis myotis bats in natural colonies », http://www.plosone.org (article en anglais).

• Rabies Bulletin Europe : http://www.who-rabies-bulletin.org

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