La dialyse péritonéale est une solution pour traiter le cheval insuffisant rénal

L’insuffisance rénale aiguë chez le cheval est le plus souvent due à l’exposition à des agents néphrotoxiques ou à une néphropathie, secondaire à une hypoperfusion ou à une ischémie. Elle se caractérise par une réduction rapide du taux de filtration glomérulaire.

La diminution de la perfusion rénale peut apparaître dans toutes les situations où il existe une baisse de la postcharge, comme dans les cas de diarrhée, d’endotoxémie et de perte de sang aiguë. Des traitements médicaux peuvent aussi entraîner une néphrotoxicité, en particulier chez des chevaux déshydratés ou lors de surdosage. La myoglobinurie et l’hémoglobinurie sont également associées à des cas d’insuffisance rénale aiguë.

Les signes de cette affection chez le cheval incluent la dépression, la déshydratation, l’inappétence, des anomalies électrolytiques, des désordres acido-basiques, une azotémie, et d’autres symptômes associés à la cause originelle. Les solutions conventionnelles comprennent les perfusions, les diurétiques, le mannitol et/ou la dopamine, ainsi qu’un soutien général et le traitement de la maladie sous-jacente.

La dialyse péritonéale est déjà utilisée chez l’homme dans le cadre de l’insuffisance rénale aiguë, ainsi que chez les petits animaux. L’hémodialyse est une autre option envisageable, mais moins évidente chez le cheval en raison de l’équipement spécifique nécessaire et d’un coût élevé.

La dialyse péritonéale peut être effectuée en continu ou de façon intermittente.

La mise en place d’une dialyse péritonéale intermittente est facile

Une étude⁽¹⁾ rapporte le traitement par une dialyse péritonéale intermittente de deux chevaux atteints d’insuffisance rénale aiguë. Selon les auteurs, cette méthode est aisée à réaliser et ses complications sont mineures.

Chez les deux cas étudiés, la créatinine ne se normalise pas après les perfusions intraveineuses et plusieurs jours d’une fluidothérapie agressive. Un diagnostic d’insuffisance rénale aiguë est alors établi. Les deux chevaux restent réfractaires aux traitements conventionnels.

La dialyse utilise le péritoine comme une membrane semi-perméable à travers laquelle l’eau et les petites molécules diffusent en direction du flux, qui dépend d’un gradient de concentration existant. L’avantage de la dialyse péritonéale chez le cheval est qu’elle ne demande pas d’équipement spécifique. Les auteurs ont utilisé une dialyse intermittente. Elle a été réalisée pendant quatre jours dans le premier cas, et six jours dans le second.

Après plusieurs calculs, les auteurs retiennent que 10 l de fluides par épisode de dialyse sont suffisants pour le lavage de l’abdomen. Une solution standard de Ringer lactate est utilisée. Chez les petits animaux, 1,5 % de dextrose est souvent ajouté à la solution, car cet agent osmotique augmente l’ultrafiltration.

L’un des premiers objectifs de la dialyse péritonéale est de réduire l’azotémie jusqu’à ce que la fonction rénale de l’animal soit suffisante pour prendre le relais.

Des complications mineures sont rapidement résolues

Les auteurs n’ont pas continué la dialyse jusqu’à un taux sérique de créatinine normal, mais ont choisi de retirer les cathéters avant. Ils ont vérifié que la créatinine continuait de diminuer. En effet, plus la dialyse augmente, plus le risque de péritonite s’accroît. Les autres complications potentielles incluent des problèmes de flux des cathéters, une rétention, une hypoalbuminémie, des anomalies électrolytiques, une effusion pleurale, une dyspnée due à l’augmentation de la pression abdominale, des changements du statut d’hydratation, un œdème sous-cutané. Chez les deux cas étudiés, les auteurs ont noté une inflammation du péritoine et un œdème ventral après le retrait du cathéter. La péritonite, apparue malgré les conditions stériles du maniement de l’équipement, peut s’expliquer par le fait que la dialyse inhibe les mécanismes de défense naturelle du péritoine. Ainsi, la dilution des opsonines et des leucocytes dans le dialysat contribue à la contamination de la cavité péritonéale via le cathéter. La péritonite a donc rapidement été résolue après le retrait du cathéter.

Il est en outre important de suivre le statut électrolytique de l’animal, car chez les petits animaux, une hyponatrémie, une hypochlorémie, etc., sont observées lors de dialyse. Les auteurs n’ont pas rencontré d’anomalies conséquentes en électrolytes ou en protéines chez les deux chevaux. Seuls de légers problèmes d’obstruction de cathéter et de rétention sont observés. Ils peuvent être dus à un mauvais positionnement du cathéter, à un entrapement omental ou à une occlusion avec de la fibrine. Une valve de Heimlich à une voie a été attachée au cathéter et le drainage s’est fait spontanément. L’héparinisation des fluides instillés ou le flushing du cathéter avec de l’urokinase pourraient aussi servir à limiter ces complications.

Même si les chevaux de l’étude étaient confinés au box, une sortie au pas peut être utile pour encourager le drainage des fluides.

• (1) J.H. Han et H.C. McKenzie : « Intermittent peritoneal dialysis for the treatment of acute renal failure in two horses » et S.F. Peek : « Peritoneal dialysis and acute renal failure : a new treatment for an old disease ? », Equine Veterinary Education, 2008, vol. 20, n° 5, pp. 256-266.