Le gui possède des propriétés prometteuses pour la cancérologie vétérinaire - La Semaine Vétérinaire n° 1318 du 06/06/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1318 du 06/06/2008

Phytothérapie. Application en oncologie

Actualité

Auteur(s) : Richard Blostin*, Claude Faivre**

Chercheurs, médecins et vétérinaires ont évoqué l’utilisation des plantes dans ce cadre, fin avril à Nantes.

Le groupe d’étude en biothérapies (GEB) de l’Afvac a réuni près de soixante vétérinaires autour du thème “phytothérapie et cancérologie”, les 26 et 27 avril derniers à Nantes. L’objectif de cette réunion était de proposer des applications cliniques pratiques par l’utilisation moderne de remèdes phytothérapiques. L’usage traditionnel des plantes évolue grâce à la recherche fondamentale et clinique, apportant ainsi une alternative et un complément aux traitements proposés aujourd’hui dans le domaine de la cancérologie vétérinaire.

Le screening des plantes fournit déjà une base analytique importante à la recherche de molécules intéressantes en chimiothérapie (if, pervenche de Madagascar, etc.). La phytothérapie clinique diffère de la chimiothérapie par l’emploi de la totalité des molécules d’une plante dans la régulation tissulaire et cellulaire, à des doses non iatrogènes.

Différents intervenants étaient invités pour évoquer ce sujet, qu’ils soient chercheurs, médecins ou vétérinaires. Cécile Soyer, du centre de cancérologie d’Alfort, a ainsi présenté l’intérêt, les avancées et les limites des traitements chirurgicaux, chimiothérapiques et radiologiques. Elle a souligné la place importante d’un bilan d’extension approprié pour le pronostic et le choix du traitement. Les performances de l’imagerie médicale ont permis la réalisation de progrès considérables dans ce domaine.

La cancérologie vétérinaire est actuellement limitée par le coût des traitements, la disponibilité des médicaments et leurs effets secondaires. Tout traitement phytothérapique qui permettrait de limiter ces inconvénients et d’accroître l’efficacité sera bien accueilli dès lors que son utilisation s’appuie sur des considérations scientifiques.

Le gui est un stimulant général qui ne présente pas d’effets délétères

La première journée de cette rencontre a été largement consacrée au gui européen, le viscum album.

Sri Elluru Ramulu, chercheur en immunologie à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), a abordé l’état actuel de la recherche fondamentale pour expliciter les différents mécanismes d’action du gui (sur l’apoptose, l’angiogenèse, la lyse cellulaire, l’immunomodulation, etc.).

Suivant les tumeurs, les protocoles utilisés et les possibilités réactionnelles du malade, le gui est donné oralement ou sous forme injectable. Sa composition varie selon l’arbre hôte qui le porte. Ainsi, la teneur en lectines et en viscotoxines (deux familles de substances actives parmi une centaine retrouvées dans le gui) est différente dans le gui de chêne, le gui de pommier et le gui de pin, qui sont les trois principales variétés de viscum album utilisées en France. Les effets secondaires négatifs de l’emploi de cette plante sont particulièrement rares. A contrario, les propriétaires des animaux traités par ce biais constatent souvent un effet stimulant général. En outre, son coût d’utilisation reste modeste.

Des effets positifs, notamment sur le fibrosarcome félin et le sarcoïde équin

Différentes études préliminaires menées en France et en Suisse semblent montrer l’intérêt du viscum album dans le traitement des fibrosarcomes du chat, ainsi que dans celui des tumeurs mammaires de la chienne et de la chatte. Ophélie Clottu, jeune consœur suisse, a présenté son travail de thèse sur le sarcoïde du cheval, qui met en évidence des résultats assez spectaculaires quant à l’utilisation du gui chez des animaux atteints de plusieurs lésions.

La recherche clinique vétérinaire se développe dans différents pays. Ainsi, des travaux brésiliens révèlent, chez des chiennes qui présentent des sarcomes de Sticker, que l’utilisation du gui permet de diminuer la durée du traitement à la vincristine, ainsi que ses effets sur la lymphopénie.

Le viscum album présente donc un intérêt potentiel en médecine vétérinaire, qui doit se développer en s’appuyant sur la recherche fondamentale afin de mieux affiner son utilisation en cancérologie dans les traitements alternatifs ou complémentaires.

La phytothérapie s’ouvre les portes de la médecine moderne

La deuxième journée a été l’occasion, pour notre confrère Claude Faivre, de souligner, sous un angle pharmacognosique et pharmacologique, l’intérêt de plusieurs plantes dans la prévention des tumeurs, au cours ou après des traitements antitumoraux.

Le rôle du foie, par la mise en œuvre de différents mécanismes connus pour éliminer des substances d’origine endogène ou exogène susceptibles de participer au développement tumoral, a été souligné par Martine Charles, médecin phytothérapeute. Par exemple, le curcuma favorise les sécrétions des enzymes digestifs et neutralise les xénobiotiques avant leur pénétration dans la cellule.

Seules quelques plantes facilement disponibles en France et pouvant présenter un réel intérêt en clinique vétérinaire ont été étudiées durant ces deux jours. La phytothérapie, en associant la somme de connaissances traditionnelles à la recherche pharmacognosique et fondamentale, s’ouvre les portes de la médecine moderne comme traitement alternatif ou complémentaire, et cela dans des domaines pathologiques aussi difficiles que celui de la cancérologie.

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