L’avenir des praticiens est dans l’offre de services

L’évolution amorcée par la profession ces dernières années se poursuit. Dans ce cadre, l’édition 2008 du congrès de la Société nationale des Groupements techniques vétérinaires (GTV) a voulu « favoriser le développement de l’activité de conseil des praticiens auprès des éleveurs de leur clientèle », indique Christophe Brard, son président, dans l’éditorial du recueil des conférences.

En partant sur des données classiques de physiologie (« ovaires » et « utérus », « évaluation des résultats de reproduction », « les facteurs de risque nutritionnels et zootechniques »), l’évolution des affections de la reproduction et leur importance dans la pratique vétérinaire ont été abordées sous plusieurs angles, de l’individuel au troupeau, de l’acte au conseil.

Par rapport à l’édition 2007 de ces journées, la fréquentation de la Cité des congrès nantaise a été stable, avec 402 congressistes payants cette année (405 l’an passé), 130 conférenciers, 518 exposants (chiffre en hausse malgré les fusions entre laboratoires), soit un total de 1 337 badges distribués. Les auxiliaires, seulement 26, étaient moins représentées, malgré un programme varié portant sur des aspects pratiques de leur profession tels que « l’écoute active » ou « les obstacles à la communication », utiles au bon fonctionnement des cliniques. La présence de 208 étudiants a attesté de leur intérêt pour l’exercice rural. Les futurs confrères ont été sensibilisés aux fondamentaux en matière de césarienne, mais aussi aux situations imprévues lors de l’atelier des GTV junior.

La fièvre catarrhale, le sujet incontournable des journées GTV

L’épidémie de fièvre catarrhale ovine et la campagne de vaccination qui agite l’Hexagone n’ont pas entamé l’intérêt des confrères pour la reproduction, même si les allées de l’exposition commerciale ont beaucoup entendu parler de FCO. La conférence sur les « troubles de la reproduction chez les ruminants causés par le virus de la fièvre catarrhale ovine », présentée par notre confrère Etienne Thiry, professeur à l’université de Liège (Belgique), a d’ailleurs rempli la salle plénière, sans pour autant s’écarter des données déjà publiées pour les sérotypes autres que le BTV 8, pour lequel études et expérimentations sont en cours. La maladie a des effets sur la fertilité et la fécondité, et l’infertilité persiste quatre à huit semaines après l’infection. Ce sujet d’actualité continue de susciter des questions chez les vétérinaires et des inquiétudes chez les éleveurs. L’une d’entre elles concerne l’utilisation des vaccins livrés sous autorisation temporaire d’utilisation (ATU) et pas encore sous autorisation de mise sur le marché (AMM) et le risque d’avortement, que les laboratoires fournisseurs estiment équivalent à celui généré par l’emploi de n’importe quel vaccin. « C’est l’hyperthermie qui survient après une vaccination qui, si elle est trop longue (plus de quarante-huit heures) et trop élevée, peut provoquer un avortement, pas le vaccin lui-même », a précisé Etienne Thiry. Il reste toujours conseillé de procéder aux vaccinations contre la FCO, la BVD ou l’IBR séparément, dans la mesure où leur compatibilité n’est pas démontrée. « Un écart de deux semaines semble un délai optimal. » La « fonction reproductrice du taureau » a aussi été présentée « sous l’angle de la fièvre catarrhale ».

Le suivi de reproduction des troupeaux laitiers se développe

L’évaluation des performances de production et de reproduction est devenue courante dans les élevages laitiers. La nouveauté réside dans les divers outils de collecte des données et d’analyse, dont certains sont fournis par les GTV ou le ministère de l’Agriculture, et qui commencent à se généraliser. L’utilisation et les avantages de ces outils ont fait l’objet de présentations lors de ces journées. L’objectif était de donner aux praticiens des clés pour présenter aux éleveurs de nouveaux services, plus performants et mieux axés sur l’évolution de l’élevage moderne. L’un des pôles d’intérêt, cette année, était la présentation par des confrères européens de leur propre expérience dans le domaine du suivi de reproduction des troupeaux laitiers, de leur rentabilité pour le vétérinaire aussi bien que pour l’éleveur. Le suivi en élevage allaitant, encore peu répandu, a aussi fait l’objet de conférences très suivies. Didier Guérin, du Groupement de défense sanitaire du cheptel creusois, a clairement montré, chiffres à l’appui, l’intérêt économique des critères analytiques du suivi de reproduction (taux de gestation pour la fertilité, intervalle vêlage-vêlage pour la fécondité, et taux de mortalité) dans l’amélioration des résultats d’élevage.

Le parasitisme n’est pas un problème sous contrôle, loin de là

La recrudescence de la gale sarcoptique, de la grande douve et autres helminthoses ont donné lieu à d’intéressantes communications sur le suivi en élevage allaitant, les effets des traitements et les méthodes de détection. Il va sans dire que les laboratoires pharmaceutiques ne sont pas en reste sur le sujet. Les affections collectives des jeunes bovins, l’utilisation d’antibiotiques dans les filières d’animaux de rente, le botulisme aviaire et la leptospirose porcine sont autant de thèmes qui ont été abordés et appréciés des congressistes.

Dans l’ensemble, le programme concocté par Gérard Bosquet et l’ensemble du comité scientifique a rencontré un franc succès, vidant les allées de l’exposition commerciale pendant les conférences. Les journées 2009 se dérouleront une nouvelle fois à Nantes, du 13 au 15 mai. Le programme est encore en cours d’élaboration.