Hipra, un laboratoire espagnol, crée la surprise en s’installant à Nantes

C’est la surprise du millésime 2008 de l’exposition commerciale du congrès des Groupements techniques vétérinaires (GTV). Hipra, un laboratoire espagnol parmi les leaders sur le marché des productions animales ibériques (Portugal inclus), a présenté pour la première fois directement aux praticiens français trois médicaments vétérinaires avec une autorisation de mise sur le marché (AMM) hexagonale. Hipra est en effet en train de monter une filiale en région nantaise, à Saint-Herblain.

Sélectan®, le premier générique de Nuflor®

Les trois médicaments d’Hipra promus au congrès de Nantes s’attaquent à des marchés majeurs. Il s’agit d’abord du premier générique de Nuflor®, une solution injectable à 300 mg/ml de florfénicol présentée sous la marque Sélectan®. Cette solution, plus fluide que le princeps, est à l’origine d’une meilleure “seringabilité”. Les indications officielles de ce générique, destiné au traitement curatif des maladies respiratoires bovines et porcines, sont un peu plus réduites que celles du princeps chez les bovins. En effet, la notice d’emploi ne mentionne que le schéma posologique “historique” de Nuflor® en deux injections intramusculaires espacées de quarante-huit heures à 20 mg/kg. L’indication en prévention (métaphylaxie) et l’usage en une injection unique sous-cutanée à 40 mg/kg n’y figurent pas. Sélectan® est présenté en flacon en verre (100 ml) ou en plastique (250 ml).

Un vaccin contre M. hæmolytica et H. somni

Pour prévenir les maladies chez les bovins, Hipra présente aussi un vaccin inactivé contre les pasteurelles bivalent en adjuvant huileux : antileucotoxine pour le sérotype A1 de M. haemolytica et… à corps bactériens inactivés pour H. somni (souche baillie). C’est la première fois en France qu’un vaccin contre Histophilus somnus est autorisé. A l’inverse, les vaccins contre Mannheimia hæmolytica sont nombreux. Le calendrier vaccinal comprend deux injections sous-cutanées de 2 ml à vingt et un jours d’intervalle chez des veaux âgés d’au moins deux mois. Le délai d’apparition de l’immunité est de trois semaines (après une primovaccination en deux injections espacées de trois semaines et de préférence de chaque côté de l’encolure). Le vaccin prêt à l’emploi est conditionné dans des flacons en verre de dix doses (20 ml) ou cinquante doses (100 ml).

Un vaccin anticoccidien aviaire

Hipra propose en outre un nouveau vaccin anticoccidien aviaire : Hipracox®. Le vaccin vivant est à base d’ookystes sporulés de cinq espèces d’Eimeria (E. acervulina, E. maxima, E. mitis, E. praecox et E. tenella). Depuis 1996, Schering-Plough était le seul laboratoire à commercialiser en France une gamme de vaccins vivants contre la coccidiose aviaire : Paracox® 5 et 8. Hipracox® se distingue notamment par l’inclusion d’E. praecox et par la présence d’une souche d’E. maxima (au lieu de deux dans Paracox® 5 et 8). Ces vaccins vivants, administrés par voie orale, nécessitent des oiseaux élevés sur litière et sans coccidiostatique. Ils impliquent aussi une logistique de commande et de distribution particulière qui les exclut des catalogues des centrales.

Intervet et Schering-Plough : ensemble

« Ensemble, améliorons les performances. » « Ensemble, pour des veaux en bonne santé. » « Ensemble, créons la fertilité. » Avec ces slogans et pour la première fois, Intervet et Schering-Plough partageaient le même stand. Toutefois, la naissance de la nouvelle entité qui unit officiellement les équipes et les gammes tarde encore à se mettre en place. Après l’annonce de sa vente à Schering-Plough, le 12 mars 2007, Intervet est devenu, le 19 novembre, sa filiale officielle, après avoir obtenu l’accord de la Commission européenne.

La grande douve mobilise les parasitologues

La fasciolose bovine n’a pas disparu ! Depuis quelques années, elle mobilise les parasitologues et les laboratoires. Ainsi, Virbac présentait, avec Philippe Dorchies et Jean-Pierre Alzieu, une bible européenne sur cette maladie, ainsi qu’un film d’une quinzaine de minutes. Sept autres parasitologues ont participé à sa rédaction, traitant de la biologie du parasite, du dépistage avec la recherche de son hôte intermédiaire la limnée, du diagnostic, de « l’extrême gravité » de la fasciolose et de son impact sur les performances. L’ouvrage fait aussi un tour d’Europe sur l’épidémiologie dans sept autres pays. « Les changements climatiques, notamment l’hiver dernier doux et pluvieux, sont favorables au développement du parasite », a souligné Jean-Pierre Alzieu, qui prédit une année à douve. De son côté, le responsable technique de Virbac a souligné l’intérêt de traiter durant l’été contre la grande douve, en association avec le traditionnel traitement endectocide.

Avec l’observatoire de la grande douve, Novartis a investi de longue date, avec un groupe d’experts, sur l’évaluation de ce parasite en France. Le bilan est positif sur le plan épidémiologique puisqu’il permet aujourd’hui de cerner la prévalence de la fasciolose dans l’Hexagone : 96 % d’analyses sérologiques positives l’an dernier (dont 35 % avec des taux élevés) et 56 % d’analyses coprologiques positives. Cette année, l’observatoire développe, avec ses experts, des outils pratiques pour la mise en place d’un « plan d’expertise grande douve » reposant sur le diagnostic suivi d’un traitement adapté. Le bilan financier est également positif pour Novartis puisque les ventes de son douvicide de référence, Fascinex®, à base de triclabendazole, ont progressé de 21 % en 2007. En outre, le tour des nouveautés sur les traitements douvicides ne serait pas complet sans citer la nouvelle solution injectable qui combine le closantel et l’ivermectine, Closamectine®, lancée par Axience.

Des oligo-éléments et des analyses

Dans le cadre du thème de la reproduction, Vétoquinol présentait sa gamme d’oligo-éléments Fertiligo®, en seringue orale unidose, et Ipaligo®, en granulés ou en solution orale. Le laboratoire a en outre développé un partenariat avec le laboratoire départemental d’analyses d’Ille-et-Vilaine (LDA 35) pour le dosage des minéraux et des oligo-éléments. La compilation des analyses réalisées chez huit cent soixante-dix vaches allaitantes et mille soixante-dix laitières lui permet de présenter une cartographie par département des résultats pour le cuivre, le zinc et le sélénium.

Moins connu, Vétalis commercialise également une gamme d’oligo-éléments : Oligovet®. En collaboration avec le LDA de Vendée et le laboratoire de dosages hormonaux de l’ENV de Nantes, Vetalis met aussi en place un observatoire des oligo-éléments fondé sur des analyses.

Ceva réinvestit la formation reproduction

Très présent sur le marché de la reproduction, Ceva a présenté un atelier Reprology sous la forme d’un cas clinique interactif et annoncé un nouveau cycle de réunions intitulé Reprosessions. Le laboratoire aquitain était aussi présent dans les proceedings avec six posters, dont trois études reliées à la spirale vaginale Prid®, notamment lors d’anœstrus, et un compte rendu d’essai de vaccination contre la fièvre Q en milieu infecté avec Coxevac® (vaccin sous autorisation temporaire d’utilisation).

Ces journées techniques se sont terminées par trois symposiums satellites : Pfizer sur son nouveau dispositif vaginal Cidr®, concurrent de Prid®, Intervet sur la fièvre catarrhale ovine et Boehringer Ingelheim sous forme d’un forum sur la douleur chez les bovins (voir en page 15). De son côté, Merial sponsorisait plusieurs ateliers et la soirée spectacle Triple Lutz d’Alex Lutz.