Empreinte génétique, santé et performances figureront sur les futurs pedigrees - La Semaine Vétérinaire n° 1318 du 06/06/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1318 du 06/06/2008

Valorisation de l’élevage canin

À la une

Auteur(s) : Marine Neveux

Le projet d’enrichissement des pedigrees est un objectif important pour l’élevage canin. De nouveaux documents sont en effet en cours d’élaboration, avec comme échéance une mise en place expérimentale, pour quelques races, de juin à septembre prochain (cinq à sept clubs tests sont désignés). Les premiers pedigrees devraient être édités en octobre, avec une extension à toutes les races prévue dans le courant de l’année 2009.

« Le projet a germé en 2001, lors des états généraux de l’élevage, rappelle Michel Mottet, responsable du groupe de travail sur l’élevage au sein de la commission scientifique de la Société centrale canine (SCC). Il a été consécutif à la présentation des pedigrees des bergers allemands. » L’objectif est, à terme, que les actuels pedigrees deviennent de véritables outils de travail. En Allemagne, ceux des bergers allemands comportent des informations sur la santé et les performances des chiens, aussi bien de l’ascendance que des collatéraux. Le sujet a donc été confié en 2006 au groupe de travail sur l’élevage de la SCC, qui retient aujourd’hui trois types de données à faire figurer sur les nouveaux pedigrees : les informations ADN, celles sur la santé, et les performances.

Concernant l’ADN, si le chien possède son empreinte génétique, la mention « DNA » sera apposée sur son pedigree. Si la compatibilité avec les parents est vérifiée, « DNA/comp » sera mentionné. Ces informations, destinées aux éleveurs ou aux acquéreurs de chiots, visent à améliorer la transparence et à mettre en valeur la traçabilité. Le but est de déjouer les fraudes, certains éleveurs indélicats pouvant être tentés de déclarer des chiots sous une mère autre que celle d’origine ou issus d’un étalon autre que celui qui est déclaré.

Concernant la santé, « seules seront mentionnées les affections prises en compte dans les grilles de sélection ou nécessaires pour valider les titres de champion. Les clubs de race décideront quelles maladies retenir », explique Michel Mottet. Et seuls les résultats favorables au chien seront repris dans les pedigrees, c’est-à-dire « ceux qui valorisent le sujet ».

Côté performances, seront mentionnées celles en conformité avec le standard de la race (le mode de validation sera le même pour toutes les races). Les qualificatifs inscrits seront ceux obtenus lors des expositions (très bon, excellent, R-CACS, CACS, R-CACIB, etc.). En compétition, les performances varient selon les diverses disciplines. « Nous avons d’abord effectué un inventaire des disciplines propres à un groupe racial », détaille Michel Mottet. Mais comme la place est limitée sur les pedigrees, le groupe de réflexion a décidé de ne faire figurer que six mentions de performances. Dans chaque discipline sera pris en compte le niveau le plus élevé obtenu par le chien.

D’un point de vue pratique, le recueil des résultats d’analyses ADN se fera par l’envoi direct des laboratoires à la SCC. Les données sur la santé relèveront de la responsabilité des clubs de races, la SCC ne faisant qu’enregistrer les éléments transmis. Une mise à jour sera réalisée au fur et à mesure et l’édition d’une copie actualisée du pedigree pourra être faite sur demande du propriétaire.

Gilles Chaudieu, praticien à Chamalières (Puy-de-Dôme) et membre de la commission scientifique de la SCC, a rappelé l’importance de faire coexister la mention d’un résultat établi par un examen clinique ophtalmologique et/ou par un test génétique. En effet, selon la race, le test peut ne pas avoir la même pertinence. A titre d’exemple, notre confrère précise « qu’il y a des chiens qui expriment cliniquement des atrophies rétiniennes, mais qui génétiquement sont négatifs. Il est donc important de ne pas faire du tout clinique ou du tout génétique ! ». En outre, il conviendra de mettre à jour les abréviations, car les affections évoluent, certaines viendront s’ajouter ou seront modifiées. De même, selon les évolutions dans la race ou en médecine, les politiques de santé du club de race pourront être amenées à changer. Enfin, toutes ces données devront être saisies avec attention.

Plusieurs questions sont soulevées par les éleveurs

M. Pouvel (club français du Terre-Neuve et du landseer) s’interroge sur la façon dont les éléments en provenance de l’étranger seront intégrés aux pedigrees français. « Certains titres, comme celui de vainqueur de la mondiale, de l’exposition européenne, etc., sont prisés au niveau international, comment seront-ils gérés ? » La même question se pose pour les maladies qui n’entrent pas dans les grilles françaises de sélection, mais qui sont prises en compte dans d’autres pays. Michel Mottet insiste : « Il faut que ces choix soient faits sous la responsabilité des clubs de race, la SCC ne veut pas s’y substituer. » En outre, le projet est actuellement mis en place avec des données françaises. Si un enrichissement au-delà des frontières est envisagé, le problème ne se posera pas uniquement sur un plan zootechnique. Les répercussions financières d’une telle démarche seront impactées sur le prix du pedigree, estime-t-il. « Aujourd’hui, le projet est lancé, nous ne sommes pas certains que les éleveurs accepteraient une augmentation du prix. Mais si cela apparaît comme un besoin pour eux, dans deux ou trois ans, nous pourrons envisager cette évolution. »

Plusieurs éleveurs se demandent pourquoi ne pas faire figurer les éléments éventuellement négatifs concernant la santé des chiens. Selon un éleveur de bouvier suisse, il est dommage de ne pas les prendre en compte. « Nous ne voulions pas mettre dans l’embarras les propriétaires ou les éleveurs. Nous avons privilégié les éléments valorisants », répond Michel Mottet. En outre, pour notre confrère Christian Rondeau, président du Conseil supérieur de l’Ordre des vétérinaires, « des données de cette nature ne peuvent apparaître qu’avec l’acceptation du propriétaire. Or jamais il ne sera d’accord pour la parution d’informations négatives ». « Dans le Livre officiel des origines félines (Loof), nous publions tout quand le propriétaire l’autorise, y compris l’âge du décès et la cause », ajoute Catherine Bastide-Costes, du Loof.

« Les gens comprendront que si les résultats ne sont pas mentionnés, c’est qu’il y a un souci. C’est donc mieux d’utiliser les éléments valorisants », estime Christiane Lafay (club du Saint-Bernard et du dogue de Bordeaux).

Catherine Bastide-Costes a en outre précisé la nécessité de récupérer les pedigrees antérieurs dès qu’une nouvelle édition est demandée (comme c’est le cas pour les chats de race), afin qu’il n’y ait pas plusieurs copies en circulation.

En réponse à une question d’Antoine Brimbœuf (éleveur de border collie), il est précisé que, dans un premier temps, le coefficient de consanguinité n’apparaîtra pas.

Un objectif sous forme d’enjeu : compiler des données précises sur l’élevage canin

Hélène Pasqualini (club du pékinois et du japonais) aimerait que le cas particulier des chiens étrangers qui font toute leur carrière en France soit prévu, « car il y a beaucoup d’éleveurs qui achètent leurs chiens hors de nos frontières ». Ils seraient ainsi lésés de ne pas apparaître dans les grilles de sélection. Un éleveur demande si la SCC a l’intention de mettre en ligne les pedigrees. « Si nous le faisions, je pense que nous irions vers de gros ennuis ! », rétorque Gérard Arthus.

Pour conclure, André Varlet rappelle les enjeux d’un pedigree : « C’est le document qui suit l’animal. C’est aussi un instrument de formation, de propagande et, demain, de confrontation avec des documents d’autres pays. Les filières y apporteront les “plus” de qualité qui s’imposeront. Nous aurons ainsi des données précises sur l’élevage canin. » La France est déjà exportatrice de chiens de race. « Il faut que le client qui opte pour tel élevage obtienne une réponse sur la traçabilité du chien qu’il choisit, sur sa santé, etc. » Selon lui, « il ne faut pas non plus élever des coudes, des yeux et des hanches ! ».

Présentation envisagée des pedigrees

1 - Maintien du format A4.

2 - Utilisation d’abréviations pour la santé et les performances (un feuillet recto verso A4, avec la signification de chaque abréviation, accompagnera le pedigree).

3 - Utilisation de la couleur pour faire ressortir les éléments nouveaux : la santé en vert, les performances en exposition en rouge, les performances de travail en bleu. Ainsi, l’éleveur ou l’utilisateur pourra, d’un seul coup d’œil, repérer ce qui l’intéresse.

M. N.
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