Considérer le conflit selon un autre point de vue permet de débloquer des situations tendues - La Semaine Vétérinaire n° 1318 du 06/06/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1318 du 06/06/2008

Les positions de perception

Gestion

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Auteur(s) : Gil Wittke

Ce qu’elle m’agace, Audrey, à pleurer au moindre reproche !

— Jean-Bertrand, tu t’es écouté quand tu lui fais ce que tu appelles un reproche ?

Moi, j’appelle ça lancer un missile !

— Attends, Aymeric, je ne peux quand même pas laisser passer ses erreurs !

— Bien sûr que non, ce n’est pas non plus ce que je te dis. Mais mets-toi à sa place et tu verras

— Non, j’ai beau essayer, je n’y arrive pas. Pour moi, quand on se trompe, on assume.

— Pour moi aussi. La seule différence, c’est que je me mets à sa place et que je me demande comment j’aimerais qu’on me dise les choses dans ces cas-là.

— Mouais… »

La phrase « mets-toi à sa (ma) place ! », somme toute banale, a pour but d’inciter une personne à moduler et à modérer son attitude et ses jugements (« Pour moi, quand on se trompe… »). Elle est souvent utilisée lors de discussions stériles ou de conflits, et sans grande efficacité, loin s’en faut. Il est difficile de se mettre à la place de l’autre (« j’ai beau essayer, je n’y arrive pas »), car nous voyons le monde à travers nos yeux et les filtres de notre carte du monde, sans arriver à saisir vraiment comment notre interlocuteur fonctionne. De fait, nous avons déjà suffisamment de mal à gérer notre propre personnalité pour ne pas vouloir nous immiscer dans celle de l’autre.

La sincérité est le point clé d’une bonne modélisation

Pourtant, il existe un petit exercice intéressant qui permet, s’il est mis en œuvre avec sincérité, de recadrer son point de vue et, souvent, de résoudre des conflits parfois lourds ou de développer son empathie (« comment j’aimerais qu’on me dise les choses… ») : ce sont les positions de perception.

Le principe est simple : quitte à prendre la place de l’autre, autant aller jusqu’au bout de la démarche et se mettre réellement “dans sa peau”. Le but est donc de jouer une scène dans laquelle nous serons alternativement les deux personnes, nous et notre interlocuteur. Pour bien jouer le rôle de l’autre, l’idée est de se positionner à l’endroit où il est ou pourrait être. Dans notre scène, ce serait de l’autre côté de la table de consultation où était Audrey. Il est possible aussi de composer un face à face symbolique, à l’aide de deux chaises posées l’une en face de l’autre.

Ensuite, une fois dans “la position” de l’autre, l’objectif est de le ou de la modéliser autant que faire se peut, c’est-à-dire de mimer à la fois la posture (comment il ou elle se tient), les gestes, les comportements, le langage (mêmes mots, intonation de voix, etc.). Cette modélisation est la clé de l’exercice, car plus nous collons au modèle de notre interlocuteur, plus nous sommes proches de ses pensées, de son mode de raisonnement. Après, il suffit d’alterner les deux positions, à la fois la nôtre et celle de notre interlocuteur et de faire dialoguer les deux protagonistes, chacun exprimant son point de vue, en prenant soin de reprendre, à chaque changement de rôle, l’ensemble du modèle lié à la position.

Il est utile de demander à une tierce personne de tenir le rôle de “gardien du cadre”, notamment pour nous éviter de mélanger les positions ou pour aller contre notre tendance (bien naturelle) à reprendre notre personnalité dans la position de l’autre.

Cet exercice est un peu fatigant (quinze minutes suffisent), mais puissant, et il peut parfois débloquer des situations tendues. Il donne en effet l’occasion de percevoir le conflit selon un autre point de vue et de s’enrichir de nouvelles compréhensions. Cela permet en outre de se rendre compte que, malgré nous, nous entretenons le conflit, un peu ou beaucoup selon le cas, en restant attachés à notre vision du problème.

Ainsi, les positions de perception seront utilisées lors de conflits bloqués, de querelles de personnes ou pour préparer un entretien délicat avec un membre du personnel dont le caractère et le comportement sont connus. Cela peut aussi servir à faire évoluer son propre comportement lorsqu’il devient évident, comme dans cette scène, qu’il entraîne toujours la même réaction négative chez l’autre.

Le seul point délicat de cet exercice est qu’il peut apparaître comme une nouvelle démarche personnelle et unilatérale de faire progresser le conflit vers la résolution (« je fais toujours le premier pas »). Il peut donc se heurter à un orgueil bien légitime. Il reste alors à mesurer les enjeux pour soi-même. Les voies de la motivation sont d’essence personnelle.

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