Bruxelles met les bouchées doubles pour “réautoriser” le poulet américain “chloré” - La Semaine Vétérinaire n° 1318 du 06/06/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1318 du 06/06/2008

Sécurité des aliments. Echanges commerciaux entre l’Union et les Etats-Unis

Actualité

Auteur(s) : Nathalie Devos

Coriace, la Commission européenne ! Imperméable aux critiques de ses Etats membres, elle a soumis au comité permanent de la chaîne alimentaire et de la santé animale sa proposition d’autoriser de nouveau l’importation des poulets chlorés américains(1) en Europe, le 28 mai dernier, en l’agrémentant de conditions dites « strictes », pour tenter de faire avaler le morceau à ses opposants.

Ainsi, « les quatre substances(2) antimicrobiennes utilisées outre-Atlantique pour décontaminer les carcasses de volailles devront être appliquées séparément et non en combinaison ». Les mélanges rendent malades, c’est bien connu…

En outre, si les poulets blanchis de l’Oncle Sam débarquent au final dans les linéaires européens, ils devront être clairement étiquetés : « Traités avec des substances antimicrobiennes » ou « décontaminés par des substances chimiques ». Les consommateurs seront donc mis au parfum lorsqu’ils feront leurs courses au supermarché, mais le seront-ils avant de passer commande dans un restaurant ? La Commission européenne ne le dit pas. Pour convaincre les plus septiques, elle ajoute qu’un « rinçage des carcasses de volaille avec de l’eau potable après le traitement à l’eau de Javel sera exigé ». Cette précision serait-elle une blague de mauvais goût ?

Par ailleurs, comme pour toute machine à laver, il faut se préoccuper des eaux usées. Aussi, d’autres conditions « strictes » concernent leur gestion par les entreprises américaines qui pratiquent le procédé de décontamination chimique. « Ces mesures sont prévues pour assurer la protection de l’environnement. » Les établissements seront notamment tenus de rechercher la présence éventuelle de souches bactériennes résistantes qui se développeraient dans les eaux usées à la suite de la mise en œuvre du procédé chimique. Voilà qui est peu rassurant pour ceux qui envisageraient de se rabattre sur la viande d’herbivores…

Vingt et un des vingt-sept ministres européens de l’Agriculture sont déjà opposés au projet

Bruxelles précise que l’entrée des poulets “javellisés” américains dans l’Union serait décidée à titre provisoire pendant deux ans, période mise à profit pour de nouveaux avis scientifiques.

En avril dernier, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) avait pourtant rendu un avis prudent concernant les quatre substances utilisées dans le bain de désinfection des volailles américaines. Ses experts avaient étudié les conséquences en termes de réduction de la sensibilité des bactéries à ces substances, ou d’émergence de résistance aux antibiotiques ou à d’autres agents antimicrobiens. « Malgré une longue période d’utilisation de cette méthode, aucune donnée publiée n’existe allant dans ce sens », avaient-ils conclu. Toutefois, ils prônaient davantage de recherches. La Commission traduit cela par une phrase : « Toutes ces substances ont fait l’objet d’une évaluation scientifique de la part de l’Efsa concernant leurs effets directs possibles sur les consommateurs et toutes ont reçu un avis favorable à cet égard. »

Le projet d’autoriser de nouveau l’importation des poulets chlorés américains a surtout pour finalité d’honorer une promesse faite à Washington par le commissaire européen à l’Industrie, Günter Verheugen, en novembre dernier. Ce dernier copréside, avec un conseiller du président George W. Bush, le Conseil économique transatlantique mis en place en avril 2007, qui ambitionne de gommer les aspérités commerciales entre les deux continents. La précipitation évidente de Günter Verheugen s’explique par l’imminence du sommet entre l’Union et les Etats-Unis, programmé le 10 juin prochain en Slovénie. Pour les Etats membres qui refusent le poulet “javellisé”, une acceptation constituerait la remise en cause d’un modèle de production fondé sur de bonnes pratiques d’hygiène dans toute la filière, de la fourche à la fourchette. Pour faire capoter l’ambition de Bruxelles, les ministres européens de l’Agriculture devront obtenir une majorité absolue. Vingt et un d’entre eux (sur vingt-sept) se sont d’ores et déjà déclarés opposés à la levée de l’interdiction d’importer de tels produits lors d’une réunion à Bruxelles, le 19 mai dernier. Le projet est donc peut-être déjà tué dans l’œuf !

  • (1) Bannis de l’Union européenne depuis 1997.

  • (2) Dioxyde de chlore, chlorure de sodium acidifié, phosphate trisodique, acides peroxycarboxyliques.

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