Le métabolisme des agneaux en croissance est prédéterminé pendant la gestation - La Semaine Vétérinaire n° 1316 du 23/05/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1316 du 23/05/2008

Alimentation des brebis

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Stéphanie Padiolleau

L’état corporel de la mère trois mois avant la mise bas est un bon indicateur de la valeur de la lactation future.

L’alimentation des brebis pendant la gestation a une grande influence sur le poids des agneaux à la naissance, mais aussi sur la rapidité de leur développement et sur leur poids à l’abattage, vers quatre ou cinq mois.

La nutrition prénatale conditionne également le métabolisme postnatal

Une étude(1) montre l’influence des restrictions nutritionnelles en fin de gestation des mères sur le métabolisme postnatal et les performances des agneaux. Les brebis sont réparties en deux groupes, les unes (lot 1) alimentées avec une ration à haute valeur nutritionnelle et les autres (lot 2) avec une ration de valeur diminuée de moitié, durant les six semaines qui précèdent la mise bas. Après l’agnelage, les brebis des deux groupes ont la même alimentation. Deux béliers sont utilisés pour saillir chacun la moitié de chaque groupe, l’un ayant un caractère génotypique “croissance” (C) et l’autre “viande” (V). Au final, quatre groupes d’agneaux sont étudiés, de la naissance au cent quarante-cinquième jour de vie.

Les agneaux nés de mères rationnées (lot 2) ont un poids de naissance et des courbes de croissance avant le sevrage significativement inférieurs aux autres. A partir de la troisième semaine de vie, ils bénéficient d’une meilleure conversion du lait en poids vif, associée à l’augmentation de la glycémie et du taux de croissance. Ceux du sous-groupe viande sont les plus petits, avec une croissance plus lente avant le sevrage associée à un taux de glucose plasmatique inférieur à celui des agneaux des trois autres groupes. Après le sevrage, ils retrouvent une glycémie comparable à celle des agneaux du groupe 1, mais se révèlent incapables de combler leur déficit de poids à la naissance, malgré les meilleurs taux de croissance quotidiens. Les taux de glucose plasmatique les plus élevés sont notés chez les agneaux 2C, qui ont à cent quarante-cinq jours de vie un poids comparable à celui des agneaux du groupe 1. Cependant, leur dépôt de graisse est moindre, sans doute en raison de taux d’insuline plasmatique plus faibles. Cela suggère que la nutrition prénatale, influencée par l’alimentation des brebis en fin de gestation, conditionne non seulement le poids des petits à la naissance et leur croissance pendant la lactation (en relation avec une consommation de lait inférieure), mais aussi le métabolisme postnatal, même après le sevrage.

Dans la pratique, il est envisageable de constater l’état d’engraissement des brebis au cours de la gestation pour juger de l’effet de l’alimentation, et de prévoir les conséquences ultérieures pour les agneaux.

Le poids des agneaux est corrélé à la valeur énergétique de la ration en fin de gestation

Au sein d’un troupeau transhumant, un groupe de brebis est étudié(2) en collectant un certain nombre de données pendant trois années consécutives. Outre la note d’état des mères à plusieurs moments de la gestation (deux et trois mois avant la mise bas) et à l’agnelage (en automne), les performances des agneaux sont prises en compte (poids à la naissance, à dix et à trente jours de vie, gain moyen quotidien entre dix et trente jours). Ces données sont ensuite soumises à différents modèles d’analyse statistique. Le poids des agneaux n’est significativement pas affecté par les notes d’état corporel en cours de gestation ou à la mise bas, si elles sont comprises entre 2 et 4. Une perte d’état corporel est observée dans la seconde partie de la gestation, influencée de manière hautement significative par la taille des portées à la naissance.

Les résultats mettent en évidence une corrélation entre la note d’état des brebis en août et surtout en juillet (trois mois avant agnelage), et la croissance à dix et trente jours des agneaux. Le niveau des réserves corporelles au moment de l’agnelage a donc une influence moindre par rapport à celui observé en cours de gestation. Le gain moyen quotidien à dix et trente jours d’un agneau simple augmente de 8,7 g pour une hausse d’un point de la note d’état à trois mois de la naissance. Pour les agneaux doubles, la tendance est comparable. Les réserves corporelles interviennent en fin de gestation et surtout en début de lactation, au moment où la capacité d’ingestion de la brebis est la plus faible. Celles qui ont les notes les plus élevées en milieu de gestation possèdent une meilleure valeur laitière, car elle disposent encore d’un niveau de réserves suffisant au moment de la mise bas et en début de lactation.

Le poids des agneaux à la naissance peut donc être corrélé à la valeur énergétique de la ration en fin de gestation, alors que leur croissance avant et après le sevrage est déterminée d’après le génotype et la capacité laitière des brebis, variable selon les réserves corporelles disponibles à la mise bas et qui peuvent être évaluées dès le milieu de la gestation.

  • (1) M.P. Tygesen, A.-H. Tauson, D. Blache, S.M. Husted et M.O. Nielsen : « Late fœtal life nutrient restriction and sire genotype affect postnatal performance of lambs », Animal, 2008, vol. 2, n° 4, pp. 574-581.

  • (2) J. Teyssier, P. Lapeyronie, M. Vincent, G. Molenat : « Etat corporel pendant la gestation chez la brebis mérinos d’Arles en système transhumant, relations avec le poids à la naissance des agneaux et les performances d’allaitement », http:// ressources.ciheam.org.

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