La perte de poids chez le cheval constitue souvent un défi diagnostique - La Semaine Vétérinaire n° 1316 du 23/05/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1316 du 23/05/2008

Amaigrissement

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Marine Neveux

La difficulté que rencontre un cheval adulte pour grossir ou ne pas maigrir est un signe d’appel fréquent.

Chez le cheval, l’amaigrissement ou la difficulté à prendre du poids résulte souvent d’un déséquilibre entre l’acquisition et l’utilisation des nutriments fournis par l’alimentation. Les chevaux doivent avoir accès à une nourriture appropriée et être en mesure de la digérer. La non-consommation de nourriture peut résulter d’une inappétence ou d’une limite physique à recueillir, à mastiquer ou à avaler l’aliment. Dans ce cas, l’examen du cheval prend toute son importance, sans oublier la cavité buccale et les dents.

La difficulté à digérer correctement et à absorber les nutriments peut résulter de troubles gastro-intestinaux, hépatiques, pancréatiques, métaboliques ou toxiques. Des changements dans la motilité gastro-intestinale et le temps de transit, des désordres ulcératifs ou infiltrants de l’intestin, des troubles des villosités intestinales et du parasitisme peuvent affecter leur absorption. Les fonctions pancréatique et hépatique sont également essentielles. L’apport de sang doit être adéquat pour délivrer les nutriments aux tissus périphériques. Certains chevaux perdent du poids en raison d’une hausse du taux d’utilisation des protéines ou de l’énergie.

La perte de nutriments peut en outre survenir en raison d’une perte gastro-intestinale de protéines, de maladies rénales, de troubles chroniques exsudatifs de la peau, ou de pertes de sang chroniques externes.

Le taux métabolique de base augmente dans une large variété d’affections qui incluent les maladies infectieuses ou inflammatoires, les néoplasies, les états de douleur chronique et les désordres immunitaires. Les chevaux touchés consomment une quantité d’aliment qui serait suffisante pour un cheval en bonne santé, mais qui est insuffisante dans leur état, en raison d’une demande accrue en calories.

Occasionnellement, les chevaux peuvent perdre du poids à la suite de désordres tels qu’une fonte musculaire.

L’origine de la perte de poids peut être une infection chronique ou une inflammation

Les investigations commencent par une anamnèse rigoureuse et un examen physique complet du cheval maigre. Les causes les plus fréquentes de la perte de poids dans cette espèce sont une alimentation pauvre, des anomalies dentaires, un parasitisme interne. Ensuite, plusieurs examens complémentaires sont indiqués. Pour la plupart des chevaux, cela inclut une numération formule, un profil biochimique et une analyse d’urine.

Les chevaux qui souffrent de désordres chroniques infectieux ou inflammatoires présentent pour la plupart une leucocytose, une neutrophilie, une monocytose, une thrombocytose, une hyperfibrinogémie ou une hyperglobulinémie, avec une diminution du ratio albumine/ globuline et de l’anémie.

Les néoplasies abdominale ou thoracique chez le cheval peuvent être difficiles à diagnostiquer. En effet, les signes cliniques et les désordres observés sont parfois vagues et non spécifiques. Les anomalies les plus fréquentes sont l’anémie et les changements modérés des paramètres de l’inflammation. Si des signes d’inflammation sont révélés par l’analyse de laboratoire, mais que le site de l’inflammation n’est pas évident, des investigations via le screening des cavités abdominales et thoraciques sont nécessaires. Cela inclut un nouvel examen de l’appareil respiratoire, des radiographies ou une échographie thoracique, une endoscopie et un lavage transtrachéal. Pour l’exploration abdominale, les tests peuvent inclure une paracentèse abdominale, un examen rectal, une gastroscopie, une échographie abdominale ou laparoscopie exploratoire, une laparotomie.

Insuffisance d’un organe et malabsorption sont aussi en cause

Une insuffisance cardiaque ou respiratoire suffisamment marquée peut engendrer une perte de poids. Elle est alors souvent reconnaissable à l’examen clinique. Toutefois, l’insuffisance rénale ou hépatique peut être moins évidente. Les examens biochimiques sont alors utiles. La confirmation de la sévérité de la maladie hépatique requiert généralement une échographie du foie et une biopsie. Une perte protéique dans la lumière intestinale s’accompagne fréquemment d’une hypo-albuminémie. Si cette dernière ne peut s’expliquer par une insuffisance hépatique, une perte dans un troisième compartiment (thorax ou abdomen), une perte de sang, des lésions chroniques exsudatives ou une perte rénale, une entéropathie entraînant un déficit protéique est probablement présente. Une anomalie de la fonction de la muqueuse du petit intestin proximal peut être confirmée par un test d’absorption au glucose ou au xylose. Le premier est plus facile à réaliser, mais moins spécifique que le second. Après dix-huit heures de diète, une solution à 10 % de D-xylose est administrée par une sonde nasogastrique. Les prélèvements de sang sont réalisés à 0, 30, 60, 90, 120, 150, 180, 210 et 240 min. La glycémie doit s’élever à plus de 85 % de la valeur de base à 90 et 120 min. Une malabsorption complète est définie par un pic à moins de 15 %.

L’absorption peut être impactée par l’état de réplétion de l’estomac, le temps de transit gastro-intestinal, la durée du jeûne, le métabolisme et les fonctions endocriniennes. L’absorption du D-xylose n’est pas métabolisée dans la muqueuse du petit intestin et l’insuline n’influence pas son absorption. La motilité gastrique et intestinale, le développement important de bactéries dans la lumière du tube digestif et la fonction rénale influencent l’absorption du xylose.

Ainsi, une malabsorption complète indique une perte de protéines gastro-intestinales. Une malabsorption partielle est plus difficile à interpréter et peut apparaître secondairement à plusieurs types de désordres, comme la faim ou une inappétence prolongée.

  • Source : conférence de Debra C. Sellon, College of Veterinary Medicine, Washington State University : « Weight loss in horses », présentée lors de l’European Veterinary Conference (Voorjaarsdagen) en avril dernier à Amsterdam (Pays-Bas). Voir aussi le numéro spécial de Pratique vétérinaire équine sur “Le cheval maigre”, 2001.

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