La comptabilité analytique est utile au chef d’entreprise pour mieux avancer - La Semaine Vétérinaire n° 1316 du 23/05/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1316 du 23/05/2008

Rentabilité de la structure vétérinaire

Gestion

ENTREPRENDRE

Auteur(s) : Gwenaël Outters

Savoir calculer les prix de revient permet de connaître ses forces, ses faiblesses et de saisir des opportunités. Plusieurs méthodes existent pour évaluer au plus juste l’activité de la clinique.

Connaître le prix de revient d’un produit ou d’un service permet simplement, mais fondamentalement, de déterminer sa marge de manœuvre et de se placer par rapport au marché vétérinaire, du point de vue de la demande et de la concurrence. Il est donc important de connaître le coût de fonctionnement de son activité. Ces calculs apprennent également à comparer les prix de vente dans une certaine cohérence, à développer (ou abandonner) une gamme de produits ou de services, à raisonner ses investissements et à maîtriser ses coûts.

Coût et prix correspondent à des définitions précises

Pour parler correctement de comptabilité, il est nécessaire d’établir quelques définitions au préalable. Ainsi, le coût correspond au “coût de revient” et le prix au “prix de vente”. Le premier est le montant nécessaire pour produire un service, tandis que le second est la valeur estimée par l’acheteur pour le vendre ou l’acheter. Le coût est déterminé par le processus de production selon les acteurs, les ressources de consommés et les variations par structure. Il correspond à l’ensemble des charges nécessaires pour arriver à un stade donné d’élaboration du produit ou du service. Le prix est déterminé par le marché. Il est comparé aux autres acteurs et dépend de la valeur perçue par le client.

La comptabilité analytique est tournée vers l’entreprise

Deux méthodes de travail existent : la comptabilité générale qui s’oppose à la comptabilité analytique.

La comptabilité générale oppose les charges (les achats, les impôts, les taxes, etc.) aux produits, c’est-à-dire au chiffre d’affaires, sur le modèle de la déclaration 2035. Cette méthode permet de calculer le résultat de l’activité de manière globale. C’est une comptabilité tournée vers l’extérieur (son intérêt est essentiellement fiscal) qui classe les charges par nature, mais ne permet de prendre que des décisions générales (réduire des frais, des investissements).

La comptabilité analytique, quant à elle, permet d’analyser l’activité de la clinique. Elle impose une répartition des charges par production ou par produit et est donc tournée vers l’entreprise. Des charges “supplétives” (non comprises dans la comptabilité générale, comme le revenu du vétérinaire) y sont ajoutées et des charges “non incorporables” (de nature exceptionnelle ou non, en rapport direct avec l’activité) en sont retirées. Il reste alors des charges analytiques, à répartir sur les différents produits et services.

Les charges directes et indirectes entrent dans le calcul de coût complet

Les charges sont divisées en charges fixes et variables, directes et indirectes. Les charges fixes sont celles dont le montant n’évolue pas selon l’activité (loyer, salaires, électricité). Les charges variables sont proportionnelles à l’activité (achats, fournitures). Les charges fixes et variables entrent dans la méthode de calcul de coût partiel.

Les charges directes sont imputables directement à un service (sans répartition préalable) et les indirectes sont communes à l’ensemble des activités (il faut en faire une répartition préalable). Les charges directes et indirectes entrent dans la méthode de calcul de coût complet.

La méthode de coût partiel s’adresse plutôt aux commerces, pour lesquels la plupart des charges sont variables, ce qui n’est pas nécessairement le cas chez les vétérinaires. Le coût est raisonné sur les marges. Cette méthode permet de calculer le seuil de rentabilité et la faisabilité d’un investissement (voir encadré).

La méthode de calcul dite de coût complet est aussi appelée méthode des sections homogènes. Les charges directes sont affectées aux services et les charges indirectes sont réparties. Dans une première approche, il est possible de considérer la clinique comme une seule activité. Le coût horaire de la structure est alors égal à la somme des charges indirectes divisée par le nombre d’heures de travail. Cette méthode ne peut s’appliquer qu’aux petits cabinets avec une offre restreinte.

Pour obtenir un calcul plus juste, il convient de répartir les charges indirectes. Pour cela, les activités de la clinique sont listées et classées en différents centres d’analyse, principaux et secondaires. Les centres principaux sont les représentants de l’activité de la clinique et les centres secondaires travaillent pour les centres principaux. Il est ensuite possible de ventiler les charges selon une clé de répartition (par exemple, au prorata de la surface des différentes pièces affectées aux postes définis, voir figure). Cette répartition permet alors le calcul du coût total d’un centre d’analyse. Il convient ensuite, pour chacun d’eux, de déterminer le total de ses unités d’œuvre : heures du vétérinaire, temps de l’auxiliaire en contact avec les clients, temps d’utilisation du bloc opératoire, coût d’une journée d’hospitalisation, coût d’un acte d’imagerie ou de laboratoire, etc.

Au final, il faut déterminer le coût d’un service et faire une fiche d’activité selon les charges directes et indirectes.

Le coût d’un service identique n’est pas le même d’une clinique à l’autre

Ces méthodes de calcul sont lourdes et compliquées (chaque clinique est unique de par ses unités d’œuvre et ses centres d’analyse) et le problème de la variabilité des coûts selon l’activité persiste, les répartitions étant arbitraires. Cependant, cette démarche s’inscrit dans une politique d’entreprise nécessaire dans les cliniques vétérinaires qui incluent la connaissance des coûts de production. Elle permet également de réfléchir au bien-fondé des prix réclamés par les associations de protection des animaux pour les campagnes de stérilisation : un don direct est souvent bien plus rentable, ensuite il s’agit d’une question de sensibilité personnelle. Elle oblige également à connaître le bien-fondé des investissements : un choix n’est pas obligatoirement rentable, mais il faut le savoir. En outre, le temps passé à établir cette comptabilité analytique(1) ne doit pas non plus plomber la rentabilité de l’entreprise !

  • (1) Pour faciliter la tâche, le SNVEL met à disposition un logiciel (Valovet) sur son site Internet (http://www.vetopro.fr).

  • Source : conférence de Thierry Habran, « Calculer le coût de revient d’un produit ou d’un service », présentée au congrès de l’Afvac 2007.

Exemple de calcul de coût partiel

L’achat d’un échographe (15 000 €) est financé par un prêt sur cinq ans (TEG de 4,3 %) avec des mensualités de 278 € + une formation professionnelle de 1 500 € (à répartir sur les cinq ans), soit une charge fixe annuelle de 278 € x 12 + 300 € = 3 636 €. Le prix de vente est fixé à 42 € TTC (35,11 € HT).

La méthode de coût partiel permet de déterminer un “point mort”.

• Point mort financier : les recettes (CA) doivent couvrir les charges fixes (CF) et variables (CV) nécessaires au fonctionnement de l’appareil : dans l’exemple, les charges variables (EDF, gel, papier) peuvent être considérées comme négligeables et, pour connaître le nombre (N) d’examens à réaliser, le calcul est le suivant : CA = CF + CV, c’est-à-dire N x 35,11 € = 3 636 € + 0, donc N = 103 examens par an, soit 2 par semaine. A ce stade, l’appareil est financé, mais sans apporter de rentabilité.

• Point mort de rentabilité : pour que l’examen soit rentable, il faut considérer la rentabilité comme une charge variable. C’est-à-dire qu’une partie du CA doit être consacrée à assurer la rentabilité. Le calcul est donc, par exemple pour une rentabilité de 25 % : N x 35,11 € = 3 636 € + 0,25 x N x 35,11 €, et N passe à presque 3 examens par semaine.

• Point mort à rendement fixé à l’avance : par exemple, la décision est prise que le prix de l’examen doit assurer également le revenu du vétérinaire selon le temps passé. Si la rémunération du vétérinaire est de 25 € pour faire une échographie, il faut la considérer comme une charge variable et l’équation devient : N x 35,11 € = 3 636 € + N x 25 et, dans ce cas, N = 3 636 € / 35,11 € - 25 €, soit N = 7 examens par semaine.

G. O.
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