Il est possible de doper ses revenus en optimisant l’observance, selon une étude américaine - La Semaine Vétérinaire n° 1315 du 16/05/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1315 du 16/05/2008

Analgésie

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Valérie Trudel*, Eric Troncy**

Fonctions :
*Faculté de médecine vétérinaire, université de Montréal.

Des millions d’animaux ne sont pas traités selon les directives du vétérinaire.

Des recherches récentes rapportent que 75 à 80 % des propriétaires considèrent leur animal de compagnie comme leur enfant. L’activité des praticiens est donc, d’une certaine façon, assurée par le lien fort qui lie l’homme et l’animal. Mais cela démontre surtout l’importance que le bien-être de celui-ci – et, par conséquent, le contrôle de la douleur – peut revêtir aux yeux du maître. Des barrières à la maîtrise de la douleur existent cependant, comme le manque de connaissances des médicaments ou des autres méthodes disponibles, la peur non justifiée des effets secondaires, la difficulté de reconnaître et d’évaluer la souffrance, le défaut de formation. Chaque cas est différent. Un programme de contrôle de la douleur ne peut valoir pour tous, et il est à adapter de façon individuelle. Ce plan doit également être compris par le client sans ambiguïté. Toute l’équipe doit donc être impliquée dans la communication de ce plan au client de façon à favoriser la cohérence et à ne pas perdre en crédibilité aux yeux de ce dernier. L’étude conduite par l’American Animal Hospital Association sur l’observance du traitement en médecine vétérinaire met en lumière un problème sérieux. En effet, elle révèle que des millions d’animaux ne sont pas traités selon les directives du vétérinaire.

Des protocoles de soins rigoureux ont des répercussions bénéfiques sur le revenu

Selon Robin Downing, il existe quelques principes pour améliorer l’observance, laquelle requiert en premier lieu un message constant et cohérent. L’instauration de protocoles de soins suivis avec rigueur permet de faire de la visite dans la clinique une expérience standardisée. Le client reçoit ainsi la même information et vit sensiblement la même expérience à chaque consultation. Notre consœur a insisté sur l’importance de proposer une philosophie directrice affichée dès l’entrée de la clinique et inscrite sur tous les documents distribués, à laquelle adhèrent chaque membre du personnel, ainsi que les clients.

A partir de ces axiomes, elle propose neuf étapes pour améliorer l’observance (voir encadré).

Les revenus engendrés par une gestion adéquate de la douleur peuvent devenir importants. Ainsi, dans sa pratique, Robin Downing a fait une estimation de ses entrées d’argent (une fois soustraits les coûts directs totaux des traitements) liées à la prise en charge de la douleur chirurgicale de routine (cinq cents visites annuelles) sur la base d’un protocole multimodal (morphine et carprofène) et préventif. Elle les établit à 31 875 $ (près de 21 500 €) par an. Pour les interventions lourdes, l’utilisation de protocoles analgésiques plus complexes lui apporte entre 25 et 50 $ par jour de soins. En outre, en termes de douleur chronique arthrosique (quelque 480 chiens dans sa pratique), les revenus du seul protocole anti-inflammatoire (carprofène) sont considérables : 214 272 $ (près de 139 000 €) pour une seule année ! Et cela n’inclut pas les autres techniques de soins comme la nutrition, l’acupuncture, la physiothérapie, etc.

Notre consœur conclut que le praticien, en tant que médecin et gestionnaire, « ne peut pas se permettre de ne pas traiter la douleur ! ».

Améliorer l’observance en neuf points

1. Planifier des protocoles de contrôle de la douleur.

2. Décider que l’observance est importante. Il faut aussi choisir entre faire de la médecine de haute qualité ou de la médecine à bas prix… Il n’est pas possible de faire les deux.

3. Se former. La communication interne est aussi importante que celle avec les clients. Chaque membre du personnel de l’équipe vétérinaire est formé pour présenter les plans de contrôle de la douleur instaurés dans la clinique aux propriétaires des animaux qui souffrent.

4. Se former encore plus !

5. Oser demander de l’argent. Donner à l’animal ce dont il a besoin et facturer de façon appropriée tout ce qui est fait. L’utilisation d’un protocole multimodal du contrôle de la douleur maximise les résultats. Les clients en ont donc davantage pour leur argent.

6. Suivre les résultats.

7. Rendre ludique la prise en charge de la douleur en adoptant une attitude positive.

8. Mettre en avant des éléments qui vont favoriser l’observance : faire des rappels par écrit, par téléphone ou par courriel (jusqu’à cinq !) ; évaluer l’observance dans le dossier médical avant de rencontrer un client régulier ; faire des recommandations spécifiques (oralement et par écrit) en fonction de ce qui est le mieux pour l’animal ; rendre facilement disponibles les services et médicaments recommandés ; prévoir les modes de suivi.

9. S’impliquer dans le support de ceux qui ne peuvent le faire par eux-mêmes (ou qui n’en voient pas la nécessité). La compensation financière suivra d’elle-même.

V. T. et E. T.

CONFÉRENCIÈRE

Robin Downing, présidente de l’International Veterinary Academy of Pain Management (IVAPM), The Downing Center for Animal Pain Management, Windsor Veterinary Clinic, Fort-Collins (Etats-Unis).

Article rédigé d’après la conférence « Faire payer la note à la douleur », présentée dans le cadre du congrès conjoint de l’International Veterinary Academy of Pain Management, de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec et de la Faculté de médecine vétérinaire de l’université de Montréal, organisé du 1er au 3 novembre 2007 à Montréal. Ont aussi collaboré à la mise en place du programme scientifique la Société canadienne contre la douleur, le Conseil canadien de protection des animaux et l’Association vétérinaire pour l’anesthésie et l’analgésie animales (4A-Vet).

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