Le tenrec, animal unique et prolifique dans l’océan Indien, est un plat local de choix - La Semaine Vétérinaire n° 1314 du 10/05/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1314 du 10/05/2008

Espèce endémique

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Marie Sigaud

Originaire de Madagascar, ce petit animal qui rappelle un hérisson a été introduit dans plusieurs îles voisines.

Dans l’océan Indien, la zone qui englobe Madagascar et les îles voisines (archipels des Comores, des Seychelles et des Mascareignes) appartient à l’un des trente-quatre “points chauds” de la biodiversité terrestre(1). Ces derniers sont définis selon deux critères : la présence de mille cinq cents espèces de plantes vasculaires endémiques au minimum et la perte d’au moins 70 % de la végétation primaire. Depuis que Madagascar et les Seychelles se sont détachés du supercontinent Gondwana, il y a plus de cent soixante millions d’années, ce “point chaud” est un exemple de l’évolution des espèces dans un contexte d’isolement. Malgré leur proximité, les îles de ce secteur n’ont en commun aucun des groupes d’animaux typiques à l’Afrique. Elles présentent un assemblage unique d’espèces, sur une surface pourtant inférieure à 2 % de celle du continent africain.

De nombreuses espèces ne sont présentes qu’à Madagascar

La famille des Tenrecidae se compose de dix genres regroupés en plusieurs sous-familles dans lesquelles se répartissent vingt-neuf espèces. Deux des sous-familles (Tenrecinae et Oryzorictinae) sont endémiques de Madagascar, où elles se sont diversifiées, occupant les niches écologiques insectivores tenues ailleurs par d’autres familles.

Ainsi, le tenrec (Tenrec ecaudatus), petit mammifère terrestre, est le plus gros représentant des Tenrecidae, avec un corps long de 28,5 à 40 cm et une queue de 1 à 1,5 cm, pour un poids compris entre 1 et 2 kg. Endémique de Madagascar, il appartient à la sous-famille des Tenrecinae et constitue la seule espèce du genre Tenrec. Son apparence est proche de celle du hérisson, malgré une queue plus courte. La couleur de base est gris-brun, avec des zones brun rougeâtre. La face et le ventre sont brun clair. Le pelage, épars et clairsemé, consiste en un mélange de poils épais et de poils épineux, ces derniers étant plus apparents sur le dessus de la tête et la nuque. Les jeunes sont plus sombres, parfois presque noirs, avec des épines pâles de couleur crème disposées en rangées longitudinales, ce qui donne une impression de rayures. Celles-ci disparaissent lorsque les jeunes atteignent un mois environ.

L’animal occupe un large éventail d’habitats sur l’île malgache, depuis le niveau de la mer jusqu’à 900 m d’altitude, dans tous les types de forêts, avec une préférence pour les zones de broussailles et de sous-bois. Principalement nocturne, le tenrec passe sa journée dans un terrier creusé sous des racines d’arbres ou dans un tronc creux. Omnivore, il se nourrit surtout d’invertébrés, de fruits et parfois de petits vertébrés. A Madagascar, il “hiberne” durant l’hiver austral (saison sèche, de mai à octobre) en réponse à des conditions climatiques défavorables et à la diminution des ressources alimentaires. Dans les zones de forêts humides où les variations de disponibilité alimentaire et de température sont moins marquées, la période léthargique est réduite.

Le tenrec a été introduit, depuis Madagascar, dans certaines des îles de l’océan Indien, principalement comme source de nourriture. Il est ainsi présent à Maurice, aux Seychelles, aux Comores ou encore à La Réunion, où son introduction semble remonter au XIXe siècle. Il y est appelé tangue par la population locale, alors qu’il prend le nom de landra à Mayotte.

Sur le territoire français, la chasse du tenrec est réglementée par arrêté préfectoral

Le tenrec est décrit comme solitaire la majeure partie de l’année. Les associations entre les sexes sont généralement brèves et se produisent durant le printemps austral (octobre-novembre). La plupart des naissances ont lieu au cours de la saison humide et chaude (décembre-janvier), après une période de gestation d’environ deux mois. Particulièrement prolifique, des portées comprenant jusqu’à trente et un petits ont été observées en captivité. En milieu naturel, elles semblent composées en moyenne de douze à seize petits. La mortalité infantile est élevée. Ainsi, il est rare qu’une femelle soit accompagnée de plus de dix jeunes bien développés.

A Madagscar, les prédateurs naturels du tenrec sont le fossa (Cryptoprocta ferox) et certains boas des genres Sanzinia et Acrantophis.

La plupart des données recueillies sur cette espèce proviennent de recherches réalisées sur des populations malgaches. Ses particularités dans les autres îles où il a été introduit, comme La Réunion et Mayotte, n’ont été que peu étudiées. Il n’est pas considéré en danger sur ces territoires où il fait partie des espèces chassées pour leur viande. En effet, la sienne est appréciée dans le carri, plat traditionnel de la cuisine réunionnaise. A La Réunion, les périodes d’ouverture et de fermeture de la chasse sont fixées par des arrêtés préfectoraux annuels(2). Un permis est en outre obligatoire pour pratiquer cette activité. A Mayotte, la capture du tenrec est autorisée tous les ans du 20 février au 30 avril(3). Le respect de ces réglementations sur les deux îles est à la charge des agents des brigades nature, sous la responsabilité de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage.

  • (1) http://www.biodiversityhotspots.org

  • (2) A La Réunion, pour la saison cynégétique 2007-2008, l’arrêté n° 07-1411-SG/DRCTCV ouvre la chasse au tangue (Tenrec ecaudatus) du 16/2/2008 à 7 h au 13/4/2008 au soir.

  • (3) Arrêté n° 041/DAF/2006 fixant la liste des espèces animales non domestiques dont la capture est autorisée à Mayotte.

BIBLIOGRAPHIE

• N. Garbutt : « Tenrecs, order insectivora », dans Mammals of Madagascar, I. Bishop et N. Collar, Yale University Press, New Haven, 1999, pp. 69-96.

• M.E. Nicoll : « Tenrec ecaudatus, Tenrec, Tandraka, Tandraka », dans The natural history of Madagascar, S. Goodman et J.P. Benstead, 2004. University of Chicago Press, 1 728 pages.

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