La cystomatose du persan serait une nouvelle entité dermatologique - La Semaine Vétérinaire n° 1314 du 10/05/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1314 du 10/05/2008

Dermatologie féline

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Jérôme Séguéla

Fonctions : Interne à l’école d’Alfort.
Article rédigé avec le groupe de discussion en dermatologie-parasitologie de l'ENVA qui a réuni Geneviève Marignac, Blaise Hubert, Céline Hadjaje , Niska Lemo et Martine Mialot le 5/3/2008.

La classer sous le terme “syndrome cysto (adéno) mateux” est envisagé.

Les affections kystiques bénignes des glandes sudoripares apocrines épitrichiales, nombreuses chez le chat, ne sont pas toujours faciles à distinguer les unes des autres : kyste apocrine, cystadénome apocrine, cystadénomatose… et maintenant cystomatose apocrine. Ces lésions, macroscopiquement similaires, semblent néanmoins présenter quelques différences histologiques. Le kyste apocrine est une lésion rare, non proliférative et non néoplasique, unique, essentiellement localisée sur la tête des chats âgés de plus de six ans. Il est dû à une obstruction des canaux excréteurs des glandes sudoripares apocrines ou des glandes cérumineuses du pavillon et du conduit auditif. Le cystadénome apocrine, comparable à l’hidrocystome apocrine chez l’homme, est une lésion néoplasique kystique de la partie sécrétoire de la glande apocrine, unique, souvent identifiée en région palpébrale. Il est rare chez le chat et n’atteint pas les conduits auditifs. La cystadénomatose apocrine est également une lésion néoplasique kystique, multiple, surtout localisée en région périoculaire, mais aussi sur le cou, les oreilles, les membres et la queue. Les caractéristiques histologiques et immunohistochimiques sont en faveur d’un processus tumoral prolifératif (voir bibliographies 1, 2, 3, 6, 7).

Le quatrième cas connu de cystomatose apocrine est présenté à l’école d’Alfort

La cystomatose apocrine féline, quant à elle, est une entité rarissime, dont trois cas ont été récemment décrits chez une famille de persans (voir bibliographie 5).

Un nouveau cas a été identifié à l’école d’Alfort chez un chat de la même race, âgé de huit ans et demi. Il présentait des lésions périoculaires et périauriculaires (au niveau de l’anthélix), évoluant simultanément depuis deux ans, dont la taille et le nombre ont progressivement augmenté. Elles s’étaient stabilisées depuis quelques mois et n’étaient pas prurigineuses. Elles consistaient en de multiples nodules gris bleutés, sphériques, de 1 à 5 mm de diamètre, bien délimités, lisses, alopéciques, fluctuants et indolores à la palpation, étendus sur toute la longueur de la paupière supérieure de l’œil gauche et sur les paupières supérieures et inférieures de l’œil droit. D’autres nodules coalescents (quinze à vingt), de même apparence macroscopique que les précédents, se situaient à la base de chaque oreille, engendrant une diminution de l’ouverture des conduits auditifs. Le reste du corps était indemne de lésions cutanées. Aucune lymphadénomégalie périphérique n’était notée. L’examen histopathologique de deux biopsies de masses périauriculaires était en faveur d’une cystomatose apocrine.

La pathogénie reste à explorer, notamment la composante héréditaire

Cette entité est une atteinte non proliférative et non néoplasique (bénigne), composée de multiples glandes apocrines dilatées. Il s’agit du quatrième cas décrit. Les causes de cette affection restent inconnues (un trouble sénile de dégénérescence est évoqué chez le chien).

Au final, et en confrontant les données bibliographiques, l’éventualité d’un regroupement des lésions décrites précédemment sous une même entité, dénommée “syndrome cysto(adéno) mateux”, apparaît. Ainsi, les différentes lésions pourraient représenter diverses phases de l’évolution de ce syndrome. En outre, la race persan semble prédisposée. La question de l’existence d’une composante héréditaire (trois chats d’une même famille sont atteints) se pose donc. Le poil du persan présente-t-il une particularité qui, jusqu’alors, a échappé aux scientifiques ?

Quoi qu’il en soit, les possibilités thérapeutiques sont souvent limitées, en raison de la localisation et de la multiplicité des lésions (surtout en région palpébrale). Des exérèses multiples ont été proposées, mais des récidives se produisent en moyenne dix mois après (voir bibliographies 1, 2, 3, 4, 7). Le drainage des lésions ne permet pas non plus de s’affranchir des récidives. L’application locale d’acide trichloracétique à 20 % sur les lésions semble plus efficace (utilisation chez un cas avec un suivi de douze mois), mais elle est particulièrement risquée (voir bibliographie 8).

BIBLIOGRAPHIE

  • 1. B. Cantaloube, I. Raymond-Leton, A. Regnier : « Multiple eyelid apocrine hidrocystomas in two persian cats », Vet. Ophtalmology, 2004, vol. 7, n° 2, pp. 121-125.
  • 2. J. Chaitman, A. Van der Woerdt, T.E. Bartick : « Multiple eyelid cysts ressembling apocrine hidrocystomas in three persian cats and one himalayan cat », Vet. Pathol., 1999, n° 36, pp. 474-476.
  • 3. T.L. Gross, P.J. Ihrke, E.J. Walder, Veterinary dermatopathology : a macroscopic and microscopic evaluation of canine and feline skin disease, 1992, pp. 386-397.
  • 4. G.M. Hagard : « Eyelid reconstruction using a split eyelid flap after excision of a palpebral tumour in a persian cat », J. Small Anim. Pract., 2005, n° 46, pp. 389-392.
  • 5. G. Marignac, L. Barlerin, V. Meunier. et coll. : « Apocrine cystomatosis in three related persians cats », conférence présentée lors du congrès de l’International Society of Veterinary Dermatopathology, 25/9/2002.
  • 6. D.W. Scott, W.H. Miller, C.E. Griffin, Muller and Kirk’s Small animal dermatology, 5e édition, pp. 1100-1103.
  • 7. M. Vilafranca, M. Domingo, X. Roura et coll. : « Generalized apocrine cystomatosis in an old english sheepdog », Vet. Dermatol., 1994, vol. 5, n° 2, pp. 83-87.
  • 8. S.H. Yang, C.H. Liu, C.D. Hsu et coll. : « Use of chemical ablation with trochloroacetic acid to treat eyelid apocrine hidrocystomas in a cat », J. Am. Vet. Med. Assoc., 2007, vol. 230 n° 8, pp. 1170-1173.
Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr