L’épisioplastie constitue le traitement de la vulve barrée - La Semaine Vétérinaire n° 1314 du 10/05/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1314 du 10/05/2008

Chirurgie reconstructrice chez la chienne

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Philippe Zeltzman

La difficulté réside dans l’estimation de la quantité de tissu à exciser.

Une chienne Terre-Neuve âgée de neuf ans est présentée en consultation pour des infections urinaires chroniques, une hématurie, un léchage incessant de la région vulvaire et parfois une incontinence urinaire. L’examen général ne révèle aucune anomalie, excepté un embonpoint et un repli de peau qui recouvre la vulve (voir photo 1). Un diagnostic de vulve barrée est établi et une épisioplastie (ou vulvoplastie) est conseillée. Une suture en bourse est réalisée autour de l’anus afin d’éviter une contamination fécale du site chirurgical. L’épisioplastie consiste à exciser le repli de peau à l’aide de deux incisions cutanées concentriques le long des faces latérales et dorsale de la vulve. La peau redondante et le tissu sous-cutané sont excisés. La peau est suturée de manière classique pour éliminer le pli. Un surjet intradermique sans points cutanés permet d’éviter leur retrait (voir photo 2). Un carcan est mis en place pour écarter toute automutilation. Un antibiotique et des antalgiques sont prescrits. Après quinze jours de repos, l’intégrité de la suture est vérifiée. Le site chirurgical apparaît intact et les symptômes ont disparu. Les propriétaires sont satisfaits du résultat de l’intervention.

Les traitements hygiéniques et médicaux sont décevants

La vulve barrée consiste en un repli cutané excessif de part et d’autre et sur la face dorsale de la vulve. Cela entraîne une cascade de conséquences, dont le point culminant peut être une incontinence urinaire. Le repli de peau agit comme un barrage et permet une rétention urinaire. L’humidité constante, la chaleur corporelle, l’obscurité et l’accumulation de débris cutanés créent un environnement idéal pour une prolifération bactérienne au sein des replis. En outre, les frottements entre les deux surfaces cutanées occasionnent des micro-traumatismes qui encouragent l’automutilation et le léchage. Une pyodermite perivulvaire s’ensuit. Au-delà, une vaginite ou une infection vésicale ascendante peut survenir. Au pire, une incontinence urinaire s’installe.

L’animal type sujet à cette affection est une chienne obèse qui présente une vulve de petite taille ou entourée de plis de peau excessifs. Peu d’études y ont été consacrées. Dans l’une d’elles (voir bibliographie 1), le poids moyen des individus atteints est de 32 kg. D’autres travaux (voir bibliographie 2) présentent des femelles de taille moyenne à géante, à l’exception d’un bichon. L’âge médian est d’environ trois ans et demi dans les deux études.

Le diagnostic repose sur l’observation des replis cutanés et la présence d’une pyodermite périvulvaire. La thérapie médicale consiste en des antibiotiques systémiques et des traitements locaux, ainsi qu’une perte de poids. Les résultats sont généralement peu encourageants (voir bibliographie 1). Le traitement curatif est chirurgical : il s’agit de l’épisioplastie, ou vulvoplastie, qui permet une meilleure ventilation de la région. Si le pli de peau n’est pas éliminé après la suture cutanée, cela signifie que l’excision était insuffisante. Au contraire, si elle était trop importante, une tension excessive s’ensuit. Cela entraîne une déhiscence de plaie dans un cas (voir bibliographie 2). Le traitement correcteur est alors difficile, puisque la région offre peu de peau supplémentaire. Cette complication grave peut être évitée en planifiant soigneusement l’approche chirurgicale.

Dans une étude de trente-quatre cas, plus de 80 % des propriétaires sont satisfaits du résultat (voir bibliographie 2). Dans une série de trente et un cas, la satisfaction des clients est extrêmement élevée, car une résolution des symptômes est obtenue dans 100 % des cas, avec quelques complications mineures (voir bibliographie 1). Ces deux études établissent également qu’une infection urinaire chronique est diagnostiquée chez environ la moitié des chiennes. Si l’incontinence urinaire persiste malgré la chirurgie correctrice, une autre origine doit être envisagée. Il peut s’agir d’une affection du rachis, d’une vessie intrapelvienne, d’uretères ectopiques, d’une infection urinaire, de la persistance du canal de l’ouraque, d’une affection du muscle détrusor, d’une tumeur infiltrante de la vessie, d’affections inflammatoires chroniques de la vessie ou d’une incompétence du sphincter urétral. La culture bactérienne révèle le plus souvent la présence d’Escherichia coli, mais de nombreuses autres bactéries sont mises en évidence. La durée moyenne des symptômes est d’un an dans les deux études, ce qui confirme que cette affection est facilement négligée. Elle devrait être incluse dans le diagnostic différentiel des infections urinaires chroniques. Une seule rechute s’est produite chez une chienne qui a pris du poids après l’intervention chirurgicale. Une perte pondérale de 20 kg a résolu le problème.

Au final, le résultat de l’épisioplastie est excellent. L’opération n’est pas extrêmement difficile. Les deux défis principaux consistent à évaluer précisément la quantité de peau à exciser et à suturer de manière esthétique. Diagnostiquer cette anomalie au sein d’une population canine dont le poids ne cesse d’augmenter reste la première étape.

BIBLIOGRAPHIE

  • 1. B.A. Lightner et coll. : « Episioplasty for the treatment of perivulvar dermatitis or recurrent urinary tract infections in dogs with excessive perivulvar skin folds : 31 cases (1983-2000) », Javma, 2001, vol. 219, n° 11, pp. 1577-1581.
  • 2. A.P. Hammel et D.E. Bjorling : « Results of vulvoplasty for treatment of recessed vulva in dogs », JAAHA, 2002, vol. 38, n° 1, pp. 79-83.
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