Le réchauffement climatique, parmi d’autres facteurs, inquiète les parasitologues

Dans la région du Maghreb, la fièvre de West Nile est apparue en 1995, avec une forte extension à partir de 2003. Avec l’anémie infectieuse des équidés, il s’agit de la principale maladie vectorielle équine.

Chez le chien, en Tunisie, les séroprévalences rapportées atteignent jusqu’à 48 % pour la leishmaniose, 85 % pour l’ehrlichiose (E. canis) et 16 % pour la bartonellose (B. vinsonii). La maladie de Lyme y est aussi récemment apparue. C’est donc tout naturellement que le laboratoire Merial a choisi Tunis pour accueillir son 6^e symposium européen de parasitologie et de maladies infectieuses, axé sur les affections à arthropodes vecteurs, du 9 au 11 avril dernier.

Le développement agro-industriel explique l’endémie de leishmaniose dans le Rif

Le réchauffement climatique inquiète les parasitologues, car il est associé aux actuelles émergences et réémergences de maladies infectieuses transmises par des arthropodes à l’animal et à l’homme. Il a en effet un impact direct sur la densité, la distribution géographique et les capacités vectorielles des vecteurs. Mais ce réchauffement ne peut être tenu comme seul responsable de la progression actuelle des maladies vectorielles. L’évolution sociétale et le développement environnemental et économique sont autant d’autres facteurs d’influence.

L’extension géographique de la leishmaniose au Maroc en est une illustration. La côte méditerranéenne du pays est connue pour être une zone d’endémie de la maladie, chez le chien et chez l’homme. Mais dans les régions plus arides des montagnes du Rif et du pré-Rif, le nombre de cas a considérablement augmenté. Chez le chien, une séroprévalence de 10 à 41 % y est désormais mesurée. D’après Allal Dakkak, de la faculté vétérinaire de Rabat, la météorologie de la région est restée stable, mais l’évolution du biotope est favorable au moustique vecteur. Depuis trente ans, la région s’est fortement développée. Vingt-quatre barrages ont vu le jour. L’essor des activités agro-industrielles s’est accompagné d’une importante déforestation. En parallèle, la zone s’est peuplée et urbanisée. Avec les hommes sont venus les chiens, l’un des réservoirs de la maladie.

De nombreux travaux en vue pour les parasitologues

L’actuel développement de nombreuses maladies vectorielles augure un bel avenir au travail des parasitologues. Jean-Lou Marié, du service de santé des armées à Toulon (Var), a notamment présenté l’émergence européenne de “nouvelles” rickettsioses. Outre le réchauffement climatique, favorable à l’extension des parasites vecteurs, les progrès diagnostiques et le regain d’intérêt des chercheurs pour ces maladies contribuent à leur meilleure connaissance.

Cette dernière est indispensable au contrôle des affections. Ainsi, Pascal Delaunay, médecin hospitalier à Nice, a expliqué les différences de comportement entre Aedes albopictus, moustique vecteur du chikungunya, de l’encéphalite West Nile, voire de la dengue, et des espèces plus communes en Europe comme les culex ou les anophèles. Ces derniers piquent la nuit et pondent dans l’eau. Aedes, en revanche, pique le jour et de manière plus agressive, puisqu’il poursuit ses proies… Il pond sur une surface sèche, sombre, où les phéromones laissées par des larves en développement lui indiquent une bonne probabilité de la présence future d’eau. Aedes pond, par exemple, à l’intérieur des pneus, où la pluie laissera de l’eau stagner. L’importation de pneus est d’ailleurs à l’origine de l’arrivée du moustique dans l’Orne en 1999.

Le symposium a en outre permis à Merial de présenter le nouveau modèle FleaTickRisk, qui permet de visualiser, en France, l’activité prévisionnelle des puces et de plusieurs tiques, d’après la météorologie locale⁽¹⁾.

• (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1310 du 11/4/2008 en page 18.