Le cycle régressif vise à maintenir un niveau de responsabilité le plus élevé possible - La Semaine Vétérinaire n° 1312 du 25/04/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1312 du 25/04/2008

Management

Gestion

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Auteur(s) : Gil Wittke

Je n’y arrive pas, Stéphane. Trop de choses ont changé par rapport à l’autre analyseur. – Attendez, Audrey, l’ancien était bien plus compliqué dans son utilisation que le nouveau. Et vous vous en sortiez parfaitement bien auparavant.

 Oui, mais je m’y étais habituée. Les dosages ont changé, il y a beaucoup plus de manipulations, il faut être plus méticuleux, l’accrochage des cupules est délicat et la notice est moins claire. Je sais bien que je fais trop d’erreurs. Peut-être serait-ce plus judicieux de laisser Françoise s’occuper des analyses biochimiques. Moi, je reprendrai un peu de son travail sur la gestion des stocks. Elle dit qu’elle a besoin d’aide, justement. Et puis, c’est elle gérait les analyses avant mon arrivée au cabinet.

 Je veux bien, moi. L’essentiel, c’est que cela soit fait. Il faudra juste valider avec Françoise qu’elle est d’accord pour cette organisation.»

Dans cette scène, volontairement résumée pour permettre de saisir le thème de l’action, Stéphane accepte, pour une raison qui semble tout à fait justifiée (l’efficacité), la proposition d’Audrey d’abandonner une responsabilité (« il serait plus judicieux de laisser Françoise… ») pour laquelle elle avait entière délégation. En management situationnel(1), cela s’appelle un cycle régressif : face aux difficultés répétées d’Audrey (« les dosages ont changé», «la notice est moins claire »), il est passé brutalement d’un management de type délégatif (vous y arriverez toute seule) à un management directif (je prends seul la décision). Si, dans notre exemple, le cycle régressif est masqué par le fait qu’Audrey demande elle-même à être dégagée de sa mission, parce qu’elle sait qu’elle fait « trop d’erreurs », il arrive aussi que, face aux difficultés d’un employé pour accomplir une tâche, cette décision soit prise de manière unilatérale. Or, dans les deux cas, cela signifie pour l’employé la perte à la fois de responsabilités et de reconnaissance, qui sont pourtant deux piliers cruciaux de la motivation.

Lorsqu’il est situationnel, le management consiste à s’adapter aux situations en tenant compte de deux paramètres principaux : les compétences et la motivation. Quelles que soient les missions, il est utile de tendre vers le type délégatif où l’employé est le plus autonome et avec lequel il a le plus de chances de s’épanouir. Or, outre que la délégation est difficile à mettre en œuvre(2), c’est une situation qui peut rapidement se transformer en calvaire lorsqu’un salarié n’a pas ou plus les compétences requises (« trop de choses ont changé »). Le réflexe qui consiste à supprimer la délégation (reprendre les choses en main) ou soulager l’employé de compétences trop lourdes, comme dans cette scène, se révèle être une fausse bonne idée.

Trois niveaux de management pour entretenir l’autonomie

Un cycle régressif doit en fait suivre une logique qui vise à maintenir à tout prix le collaborateur à un niveau de responsabilité le plus élevé possible. Il est évident qu’Audrey n’a de toutes façons plus les compétences pour assurer sa mission et sa motivation vacille : dans un premier temps, il s’agit donc d’abandonner le style délégatif pour descendre d’un cran (management participatif) et faire participer le salarié aux décisions.

Après avoir pris acte des difficultés d’Audrey, puis lui avoir précisé qu’il souhaite néanmoins la maintenir sur cette mission, car il a entièrement confiance en elle, Stéphane pourrait donc lui demander : « D’après vous, comment pourrait-on y remédier, quelles solutions voyez-vous ? » Il signale ainsi qu’il envisage rapidement de revenir à l’autonomie complète et mettra en place une ou plusieurs des solutions proposées par Audrey.

Si la difficulté persiste ou durant la transition vers l’acquisition d’une nouvelle autonomie, Stéphane peut avoir à descendre encore d’un cran et utiliser tout son pouvoir de persuasion (management persuasif) pour soutenir Audrey, rester proche d’elle et l’aider ponctuellement lors de nouvelles difficultés liées à cette mission.

Enfin, le retour au management directif (niveau inférieur), qui sera vécu par Audrey comme un échec personnel, doit être réservé aux cas de compétences définitivement insuffisantes (cela existe-t-il ?) ou d’absence flagrante de motivation. Ainsi, l’autonomie s’acquiert et surtout s’entretient…

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1278 du 14/7/2007.

  • (2) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1286 du 12/10/2007.

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