« La sécurité sanitaire des aliments se joue à toutes les étapes de la production » - La Semaine Vétérinaire n° 1312 du 25/04/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1312 du 25/04/2008

Entretien avec Pascale Briand, directrice générale de l’Afssa

À la une

Auteur(s) : Nathalie Devos

La Semaine Vétérinaire : La triple tutelle de l’Afssa (agriculture, santé, consommation) est-elle une contrainte ou une opportunité ?

Pascale Briand : D’une part, cette triple tutelle ne pose pas de problème de fonctionnement au sein de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa). D’autre part, elle est légitime au regard des missions d’évaluation des risques qui se font “de la fourche”, donc des animaux et des végétaux, “à la fourchette”, c’est-à-dire jusqu’au consommateur, et cela afin d’assurer la sécurité sanitaire des aliments. La conception de la France est d’évaluer le risque et de le maîtriser en termes de santé publique de l’amont à l’aval, à chaque maillon de la chaîne alimentaire. Les santés animale et humaine sont ainsi naturellement liées. Ce type de fonctionnement nous met en capacité de préserver une gastronomie “patrimoine”, une alimentation plaisir. C’est bien le choix fait par notre pays de sécuriser toutes les étapes de la production qui autorise une ouverture alimentaire (fromage au lait cru, etc.), une diversité d’offres de produits du terroir et qui bénéficie donc au secteur économique.

La triple tutelle signifie aussi des financements du ministère de l’Agriculture, en majeure partie, et dans une moindre mesure de celui de la Santé. Comme dans toutes les entreprises, ces financements nous permettent de remplir l’ensemble de nos missions et de développer nos axes de recherche qui sont, par la nature même de l’agence, transversaux (santé animale, humaine, végétale). A ce propos, l’intégration de l’ex-Centre national d’études vétérinaires et alimentaires (Cneva) au sein de notre agence, dès sa création, a été une belle opportunité, pour notre versant santé animale, de bénéficier des interlocuteurs de terrain que sont les vétérinaires et les professionnels des filières animales. Soulignons aussi que l’Agence nationale du médicament vétérinaire, partie intégrante de l’Afssa, jouit d’une reconnaissance internationale.

S. V : Comment définissez-vous vos axes de recherche ?

P. B. : Tout d’abord, il est utile de rappeler qu’à l’Afssa, contrairement à d’autres établissements, la recherche est appliquée à l’évaluation des risques et à la protection de la santé animale. Nous maintenons ainsi des “noyaux” de compétences dans des domaines variés, sur lesquels se mobilisent des forces supplémentaires en cas de problème sanitaire majeur (influenza aviaire, fièvre catarrhale ovine, etc.). Cela est fondamental pour pouvoir fournir une réponse rapide, ainsi que des avis ou des recommandations, aux politiques qui ont à prendre des décisions pour gérer les risques. Ces secteurs sont nombreux : affections et alimentation animales, zoonoses, maladies émergentes ou réémergentes, affections vectorielles, épidémiosurveillance, contamination des eaux, qualité et hygiène des aliments, antibiorésistance, faune sauvage, contaminants physiques et chimiques, etc. La recherche à l’Afssa est donc finalisée et opérationnelle. La hiérarchisation des priorités tient compte des enjeux de sécurité sanitaire.

La finalité n’est pas directement économique mais, en protégeant le consommateur, elle protège des pans entiers de l’économie.

S. V. : Que pensez-vous du projet gouvernemental de regroupement(1) de l’Afssa et de l’Afssaps, entre autres, dans une agence unique de sécurité des produits ?

P. B. : La révision générale des politiques publiques, dont le but est d’améliorer le fonctionnement et la qualité des systèmes existants afin de toujours mieux utiliser l’argent public, est louable. A ma connaissance, la réflexion sur les agences n’est pas finalisée. Regrouper l’Afssa et l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) en une agence unique de sécurité des produits, comme vous l’évoquez, ne me semble pas cohérent, car c’est confondre aliment et médicament. C’est nier que la sécurité sanitaire se joue à toutes les étapes. C’est, pour prendre l’exemple des salmonelles, vivre demain dans une société qui préférera la chloration du poulet au contrôle qualité de l’exploitation aux abattoirs. Ce regroupement contre-nature nous orienterait radicalement vers ce concept américain. Je pense qu’une organisation en “pôles” de compétences serait plus judicieuse. D’ailleurs, elle existe déjà ! A Saint-Denis, l’Afssaps, l’Agence de biomédecine (ABM) et l’Etablissement français du sang (EFS) constituent un pôle de sécurité des produits de santé. A Maisons-Alfort, l’Afssa, l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset) et l’Institut de veille sanitaire (InVS) représentent un pôle de surveillance de la santé humaine, animale et végétale. Il y aurait donc plutôt matière à s’attacher à une meilleure lisibilité de ces pôles.

  • (1) Voir Les Echos du 2/4/2008.

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