« La seule opération réalisable est de relâcher des oiseaux nés en captivité dans des zones protégées » - La Semaine Vétérinaire n° 1311 du 18/04/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1311 du 18/04/2008

Entretien avec Yves Létocart, spécialiste en ornithologie néo-calédonienne

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : C. G.

Ornithologue amateur à ses débuts, Yves Létocart entreprend de rédiger un livre sur les oiseaux de Nouvelle-Calédonie, en 1980, en collaboration avec Francis Hannecart. Peu après la publication de cet ouvrage, il intègre le service des Eaux et Forêts. Il prend alors la responsabilité des réserves naturelles situées au sud de la Nouvelle-Calédonie. Toujours poussé par sa passion initiale, il s’engage rapidement dans le recensement des volatiles du parc de la Rivière bleue avant de se consacrer à plein temps à la protection des oiseaux du territoire. Cet amateur devenu professionnel en ornithologie néo-calédonienne est retraité depuis peu.

La Semaine Vétérinaire : Comment expliquez-vous votre passion pour les oiseaux parmi la faune néo-calédonienne réputée pour sa richesse ?

Yves Létocart : Pour être honnête, je n’en ai aucune idée… Vers l’âge de vingt-cinq ans, alors que je travaillais comme mécanicien dans une mine du sud de la Nouvelle-Calédonie, dans une région totalement isoléee, je passais mes week-ends à me promener en forêt. C’est de cette façon que j’ai commencé à m’intéresser aux oiseaux.

S. V. : Depuis combien de temps êtes-vous impliqué dans la protection et la conservation des oiseaux de Nouvelle-Calédonie ?

Y. L. : Cela fait près de trente ans… Dès mon arrivée au service des Eaux et forêts, dans les années 80, j’ai proposé à ma direction d’étudier et d’organiser la protection du cagou dans le parc de la Rivière bleue. A cette même occasion, je me suis lancé dans le recensement des différentes espèces d’oiseaux, afin de pouvoir disposer de données pour me faire une idée de l’importance des populations et de leur répartition sur le territoire.

S. V. : Quelles sont aujourd’hui les structures en charge de la protection et de la conservation des oiseaux de Nouvelle-Calédonie ?

Y. L. : La gestion des oiseaux et de la nature en général relève de la compétence de chaque province.

S. V. : Etes-vous soutenu par le gouvernement, des organisations non gouvernementales (ONG) ou d’autres associations ?

Y. L. : Tout au long de ma carrière, j’ai eu la chance d’être appuyé par les directions en charge de l’environnement dans lesquelles je travaillais. Dès 1984, pour l’étude et la protection du cagou, j’ai été soutenu par la Commission du Pacifique Sud (CPS) et par une ONG néo-zélandaise (Royal Forest and Bird Society).

S. V. : Quels sont les projets et les études en cours sur la faune aviaire néo-calédonienne ?

Y. L. : Depuis mon départ à la retraite, mon remplaçant, Jean-Marc Mériot, continue les travaux sur les oiseaux, notamment les cagous. Mais il travaille actuellement surtout sur la perruche huppée de la Grande-Terre.

S. V. : Quelles sont les menaces majeures pour les oiseaux de la Grande-Terre et des îles Loyauté ?

Y. L. : Il s’agit principalement les prédateurs introduits en Nouvelle-Calédonie (chiens, chats, cochons sauvages et rats). La lutte pour les endiguer dans le parc de la Rivière bleue a permis à la population de cagous de passer de quarante à six cents individus entre 1980 et 2007.

S. V. : La situation de l’avifaune néo-calédonienne s’est-elle améliorée ou détériorée ces vingt dernières années ?

Y. L. : La situation m’apparaît stable pour la plus grande partie des espèces. Pour le cagou, elle semble s’être bien améliorée depuis vingt ans. La diminution de la chasse avec les chiens en est la principale raison. Aujourd’hui, les chasseurs qui la pratiquaient sont trop âgés pour continuer et les jeunes s’intéressent à autre chose.

S. V. : Quel est l’avenir pour des espèces en danger d’extinction comme le cagou ou la perruche de la chaîne ?

Y. L. : Le cagou est en bonne voie. Quant à la perruche huppée (de la chaîne), Jean-Marc Mériot s’en occupe et les premiers résultats de son étude montrent un important problème au niveau de la reproduction. Une grande partie des oisillons disparaissent, vraisemblablement mangés par les rats. Cette espèce niche souvent au sol, dans les anfractuosités des rochers. Il est donc impossible de se prononcer sur son avenir pour le moment.

S. V. : Une réintroduction des espèces en danger d’extinction dans d’autres environnements a-t-elle été tentée ? Serait-elle envisageable à des fins de préservation ?

Y. L. : Les seules opérations réalisables actuellement en Nouvelle-Calédonie sont les relâchers des oiseaux nés en captivité dans des zones protégées efficacement. C’est ce que nous avons fait avec le cagou. Nous avons ainsi récupéré environ soixante individus nés en captivité au parc forestier de Nouméa, que nous avons relâchés dans le parc de la Rivière bleue. Bien entendu, cette réintroduction doit être réalisée avec beaucoup de précautions et s’accompagne d’un suivi des animaux, établi minutieusement.

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