La création des valeurs d’un syndicat est l’affaire de tous ses adhérents - La Semaine Vétérinaire n° 1311 du 18/04/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1311 du 18/04/2008

Représentation des entreprises. Premières assises sur l’organisation professionnelle

Actualité

Auteur(s) : Marine Neveux

Le débat politique et sociétal actuel braque les projecteurs sur les organisations professionnelles, qui représentent une branche, un secteur professionnel ou des entreprises.

Stratégies de communication, rôles des organisations professionnelles, gouvernance : ces thèmes, et bien d’autres, ont été développés à l’occasion des rencontres organisées par le Centre d’études des directeurs d’associations professionnelles (Cedap), les 10 et 11 avril derniers. Dans un contexte d’évolution sociétale marquée, et alors que plusieurs professions sont au cœur des débats politiques et publics, leur représentation prend toute sa valeur. Elle permet notamment à l’ensemble d’un secteur, par exemple celui des libéraux (dont les vétérinaires), de rester acteur de son avenir.

« Le rôle des organisations professionnelles est indispensable, car elles permettent de prendre des décisions en toute connaissance de cause », a souligné Dominique Bussereau, secrétaire d’Etat chargé des transports. Il a également insisté sur leur importance en termes de dialogue avec les politiques : « Les députés ont besoin de cette source d’information précieuse. En outre, la transposition des directives européennes dans notre droit ne peut se faire sans ces organisations. » Ainsi, les instances représentatives des différentes professions interviennent à trois niveaux : national, européen, mais aussi international.

L’appropriation de la stratégie par les adhérents est nécessaire

« Le travail d’une organisation professionnelle se trouve à la croisée des points de vue des collaborateurs de la structure, qui ont une vision globale de la stratégie, et des adhérents, qui détiennent l’expertise », a expliqué Richard Lerat, ancien président du Cedap. Poursuivant cette idée, Christian Lajoux, président-directeur général de Sanofi Aventis France et à la tête des entreprises du médicament, a insisté sur la nécessité de l’adéquation entre la stratégie de l’organisation et son appropriation par les adhérents. En effet, la finalité de l’organisation professionnelle « n’est surtout pas de considérer ses adhérents comme des clients », a-t-il insisté. Mais « comment faire ressortir une convergence d’individus ou de groupes qui ont parfois des visions différentes, ou sont concurrents ? », s’est interrogé Jean-Pierre Auger, vice-président de la Fédération des industries ferroviaires (FIF). Il faut toutefois y parvenir, car les pouvoirs publics étant un mal nécessaire, selon l’intervenant, « il faut pouvoir créer des relations durables lors de changements politiques, identifier les intérêts communs et ne pas se tromper de combat ». Le pari n’est pas évident pour les organisations professionnelles qui, par ailleurs, d’après Gérard de Maupéou, professeur à HEC, sont confrontées à la nécessité de se professionnaliser.

Définir la stratégie de l’organisation professionnelle de façon démocratique

Selon Jean-François Roubaud, président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), « l'entreprise française a plus que jamais besoin d’une représentation nationale » car, au regard du contexte de mondialisation, sa taille se rétrécit. « Il nous faut une organisation professionnelle qui fasse du lobbying, qui représente sa branche professionnelle à Bruxelles, etc. » Tout cela dans une vision stratégique cohérente, issue du consensus. « Ce n’est pas au président de la structure de la donner. Il faut être extrêmement démocratique et demander aux adhérents quelle est leur vision. Il convient que celle-ci soit partagée par l'ensemble, au risque de ne pas savoir où nous allons. »

Jean-François Roubaud a par ailleurs abordé la spécificité des très petites entreprises (TPE), dans lesquelles les dirigeants n’ont pas d’obligations vis-à-vis d’actionnaires, mais souhaitent que leurs sociétés progressent. Lorsqu’ils adhèrent à une organisation professionnelle, de tels adhérents « recherchent vraiment un retour sur investissement ». Tel a été le cas pour la taxe sur les véhicules, exemple cité par le président de la CGPME. En effet, son organisation a eu gain de cause face aux mesures proposées par Jean-François Copé lorsqu’il était ministre de l’Economie. « De nombreux adhérents se sont mobilisés sur le territoire car, dans ce genre de situation, ils se rendent compte que nous nous battons pour eux et pour leurs entreprises. »

Jean-François Roubaud a aussi insisté sur la vitesse de réaction, nécessaire à l’efficacité d’une organisation professionnelle : « Quand une urgence se présente, par exemple dans le cadre de l’adoption d’une nouvelle mesure, nous devons être extrêmement rapides et avons une obligation de résultat. » « Il nous faut réagir très vite, car l’administration nous met sous pression », a renchéri Jean-Claude Nasse, délégué général de l’Association française des sociétés financières (ASF), avant de revenir sur le caractère professionnel des personnes à la tête de ces structures. « J’ai besoin que mes adhérents me disent ce qu’ils veulent faire, mais c’est à moi de les relancer. La direction d’une organisation professionnelle est un vrai métier, un métier de chef d’entreprise. »

La communication doit comporter une dimension interprofessionnelle

Assurer les communications institutionnelle et de crise constitue un rôle majeur des organisations professionnelles. Dans ce cadre, Claude Risac, directeur des relations extérieures du groupe Casino, a insisté sur leur contribution à l’image de la branche et leur responsabilité pour éviter qu’elle ne se dégrade, « en donnant des informations sur la profession qu’elles représentent, le service qu’elles apportent, etc. ». Au niveau institutionnel, il a souligné plus précisément l’intérêt de « communiquer en groupe et de montrer un front uni ». Les discordances ne sont en effet plus de mise lorsque l’organisation doit « proposer, argumenter avec les pouvoirs publics, travailler avec les administrations, les ministères, les commissions », a renchéri Pierre Gogin, président de la Fédération professionnelle des entreprises du sport et des loisirs (FPS). Elle doit maîtriser les tenants et les aboutissants du débat, car « nous n’avons pas le droit d’être surpris », a estimé Jean-Pierre Beaudoin, directeur général du groupe I & E. L’anticipation est alors de mise et des services permanents de veille et de communication sont les bienvenus. « La communication de crise consiste à réagir, à contre-attaquer. Cela demande une préparation », a argumenté Alain Vaconsin, président de l’Union nationale des professions libérales (UNAPL). Mais les organisations professionnelles n’ont pas toutes les moyens de mettre en œuvre de tels dispositifs. « A chacun son métier. Il faut parfois s’appuyer sur des personnes qui savent dialoguer avec l’extérieur. »

Les choses se compliquent encore pour les organisations qui représentent plusieurs métiers, comme celles des libéraux. « Mon devoir est de mettre en œuvre une vision interprofessionnelle, de montrer que lorsqu’une réglementation concernant un métier est adoptée, cela peut en affecter d’autres de façon négative », a insisté Alain Vaconsin. Par exemple, le déséquilibre de la répartition territoriale des médecins touche d’autres professions. Il convient donc d’aborder la problématique dans un contexte plus global et de s’interroger sur la pertinence de sa gestion au niveau gouvernemental. L’intervenant a en outre cité le rapport Attali qui focalise l’attention sur certaines professions, mais a des répercussions plus larges, ainsi que la transposition de la directive “services”, essentielle pour nombre de professionnels, dont les vétérinaires. « Nous sommes aujourd’hui obligés de suivre pas à pas cette transposition, de façon politique, pour qu’elle ne lèse pas telle ou telle profession », a détaillé Alain Vaconsin, qui a demandé la réalisation d’un rapport sur ce point avant la présidence de l’Union européenne par la France.

« En termes de communication, l’important est de garder la main, de ne pas avoir peur de son ombre, d’aller de l’avant, de faire preuve d’audace », a ajouté la responsable de la communication de la fédération des taxis, profession qui a démontré sa capacité à se mobiliser à la suite de la parution du rapport Attali. « La communication fonde le statut d’une organisation professionnelle et c’est ce qu’en attendent ses adhérents », a conclu, sur ce point, Alain Vaconsin.

La présence sur le terrain est indispensable pour une représentation efficace

« Le travail ne doit jamais être fait par une personne ou une entité, mais être le résultat d’un consensus, de l’écoute des uns et des autres », explique Cathy Kopp, directrice générale des ressources humaines et du développement durable du groupe Accor et représentante du patronat pour les négociations sur la modernisation sur le marché du travail. « Il ne faut pas hésiter à ce que chaque organisation s’empare des sujets de discussion et donne sa position. Il est aussi nécessaire que chacune d’elles comporte des personnes qui connaissent les réalités auxquelles les professionnels sont confrontés. » Pour être acteur du dialogue, elle estime en effet que la présence des organisations sur le terrain est nécessaire. Pour Pierre Martin, président de l’Union professionnelle artisanale, il s’agit même du principal enjeu sociétal cette année, tant la représentativité des syndicats et le dialogue avec les organisations professionnelles sont amenés à changer.

« Stratégiquement, notre mission est avant tout de porter des messages, d’influencer l’environnement au sens large », a avancé Philippe Arraou, président du syndicat des experts-comptables et des commissaires aux comptes de France (ECF). « Nos organisations ne sont pas des centres de profit. Elles doivent avoir des budgets équilibrés. » Ces derniers reposent sur les cotisations des adhérents qui attendent en contrepartie des résultats tangibles, des actions positives en termes de réglementation, de mise en œuvre de nouvelles normes, de retombées médiatiques satisfaisantes, etc. Elles doivent également assurer une tâche de reporting, c’est-à-dire informer les instances et les élus de ce qu’elles font. « Les procédures et les processus d’information doivent être efficaces et transparents », a insisté Philippe Arraou. Ce besoin de clarté et de modernité a été souligné par Laurence Parisot, présidente du Medef, en pleine crise “UIMM”. « Quelle que soit la taille de l’entreprise, les organisations professionnelles en sont les porte-parole », a-t-elle martelé, avant d’affirmer son souhait que la France comprenne la vraie place de l’entreprise dans le tissu social et économique, et que cette dernière prenne conscience de l’importance incontournable de l’adhésion à une organisation professionnelle de son secteur.

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