Une transmission vénérienne de l’herpès virus de type 1 est possible - La Semaine Vétérinaire n° 1310 du 11/04/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1310 du 11/04/2008

Infection par l’EHV-1

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Isabelle Desjardins

Le sperme constituerait une voie secondaire de dissémination de la rhinopneumonie chez le cheval.

En 1996, une équipe anglaise(1) procède à l’infection intranasale expérimentale de neuf poneys welsh entiers par l’herpès virus de type 1 (EHV-1). Ces animaux développent une légère maladie respiratoire. Le virus est identifié dans les sécrétions nasales, ainsi que dans les leucocytes sanguins. Post-mortem, il est isolé dans l’épididyme et dans les testicules, respectivement le 8e et le 9e jour après l’infection. Une réplication virale au sein des cellules endothéliales de ces organes, ainsi que des lésions de vasculite nécrosante et de thrombose sont mises en évidence. En revanche, l’EHV-1 n’est pas détecté dans les cellules germinales testiculaires. Chez trois poneys conservés, des prélèvements de sperme sont réalisés régulièrement pendant deux mois. Une diminution de la proportion des spermatozoïdes morphologiquement normaux est notée chez deux d’entre eux. De nombreuses cellules inflammatoires sont observées dans la fraction riche de l’éjaculat chez un étalon, entre J16 et J28 postinfection. L’EHV-1 est isolé à partir du sperme de J17 à J25 postinfection.

Une période de dissémination virale spermatique intervient donc après la phase de virémie, et lorsque le poney est cliniquement normal.

Seul l’EHV-1 est détectable dans le sperme des étalons

Imen Hebia et son équipe(2) ont tenté d’estimer le risque de contamination du sperme d’étalons cliniquement sains et vaccinés contre la rhinopneumonie en France, et d’évaluer la relation entre la présence du virus dans le sperme et le statut sérologique de l’animal. Ces travaux concernent l’herpès virus de types 1 et 4.

Trois cent quatre-vingt-dix échantillons de sperme sont analysés (recherche de l’ADN viral par la technique PCR). Ils proviennent d’étalons cliniquement sains, de races et d’âges différents, et sont issus des Haras nationaux et de haras privés, de laboratoires de diagnostic et de structures de recherches. Leur statut sanitaire et vaccinal est pris en compte. Une analyse sérologique est effectuée vis-à-vis de l’herpès virus pour les étalons de deux haras, ainsi qu’une recherche de l’ADN viral par PCR dans les leucocytes sanguins. Seul l’ADN de l’EHV-1 (et pas celui de l’EHV-4) est identifié dans le sperme de certains étalons. En moyenne, 13 % (51 sur 390) des échantillons de sperme sont positifs pour l’EHV-1. Toutefois, le taux de détection de l’ADN varie beaucoup selon le haras d’origine (de 0 à 55 %).

Dans les deux haras où la proportion d’échantillons spermatiques positifs pour l’EHV-1 est la plus élevée, une analyse sérologique sanguine est effectuée. Tous les étalons ont un titre positif à l’EHV-1 (fixation du complément), allant de 1/4 à 1/64. En revanche, chez ces chevaux, l’ADN viral n’est jamais détecté dans les leucocytes sanguins.

Les auteurs concluent, comme dans l’étude expérimentale précédente, que l’EHV-1 peut être disséminé dans le sperme d’étalons cliniquement normaux, suggérant que la voie vénérienne pourrait constituer un mode de transmission secondaire de la rhinopneumonie chez le cheval. De nombreuses questions restent toutefois à étudier, comme la charge virale des échantillons de sperme positifs pour l’EHV-1, le caractère continu ou intermittent de l’excrétion virale spermatique et, bien entendu, les répercussions d’une infection cliniquement inapparente à EHV-1 sur la fertilité mâle.

  • (1) J.P. Tearle, K.C. Smith, M.S. Boyle, M.M. Binns, G.J. Livesay, J.A. Mumford : « Replication of equid herpesvirus-1 (EHV-1) in the testes and epididymides of ponies and venereal shedding of infectious virus », J. Comp. Pathol., 1996, vol. 115, n° 4, pp. 385-397.

  • (2) I. Hebia, F. Fieni, G. Fortier, S. Pronost, B. Ferry, S. Zientara, B.M. Imbert, J.L. Pellerin, J.F. Bruyas : « Risques de transmission de l’herpès virus équin de type 1 (EHV-1) par le sperme d’étalon ? », conférence présentée au congrès 2007 de l’Avef.

VOIR AUSSI

• C. Puyalto-Moussu, G. Fortier, P. Pitel, S. Taouji, A. Saison : « Ataxies et parésies induites par l’herpès virus équin de type I (rhinopneumonie) », Pratique Vétérinaire équine, 2002, vol. 34, n° 136, pp. 9-15.

• I. Desjardins : « Maladies infectieuses. La rhinopneumonie équine est endémique dans les populations de chevaux domestiques », La Semaine Vétérinaire n° 1256 du 10/2/2007, pp. 38-39.

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