« Les vétérinaires savent que la réforme de l’Ordre ne se fera pas en un jour »

La Semaine Vétérinaire : Les réponses au questionnaire sur la réforme ordinale sont-elles représentatives de la pensée des praticiens ?

Ghislaine Jançon : Les résultats de l’enquête menée au début de l’année dernière auprès des confrères sont qualitatifs. Nous avons en effet récolté environ trois cent trente réponses, ce qui, bien entendu, est décevant en termes de quantité. Nous savons que certains auraient préféré un cadre plus ouvert pour s’exprimer, sous forme de débats par exemple. Mais cela ne correspondait pas à nos contraintes, ni d’objectif ni de logistique. Des confrères ont également jugé qu’ils ne connaissaient pas suffisamment le fonctionnement de l’Ordre pour pouvoir répondre. Mais les avis recueillis, dont deux collégiaux (de la part d’un syndicat et d’un conseil régional), sont particulièrement variés. Peut-on considérer qu’ils sont représentatifs d’une certaine diversité des avis de terrain ?

S. V. : Quels ont été les retours les plus marquants ?

G. J. : Nous avons senti que les praticiens sont attachés à “leur” Ordre. A tel point, parfois, qu’ils ne souhaitent pas le partager avec d’autres professions comme les auxiliaires, par crainte de se voir “délaissés”.

Les confrères en faveur d’un élargissement de notre mission à l’habilitation des vétérinaires de l’Etat expriment en revanche le sentiment d'appartenir à une même famille vétérinaire et d’assimiler l’Ordre à celle-ci. Ils comptent alors sur l’instance pour les représenter et les valoriser : « Un Ordre fort pour une profession forte. »

Nous retenons aussi l’inquiétude des praticiens sur l’éventualité d’une hausse de la cotisation. Leur souhait de ne pas la voir augmenter revient de manière assez constante.

S. V. : Qu’en est-il des moyens et des habitudes de communication de l’Ordre ?

G. J. : Les confrères reconnaissent les efforts que nous avons faits pour communiquer avec eux, même si tout n’est pas encore parfait ! Le retour à une revue expédiée à tous les cotisants, sans abonnement spécifique, est une demande que nous étudions. Nous envisageons aussi d’utiliser la voie de l’Internet pour les toucher, via une newsletter par exemple, pour transmettre des flashs d’information. Mais il n’est pas si facile de gérer une mailing-liste… Nos moyens de communication devraient néanmoins évoluer rapidement pour répondre aux souhaits des confrères.

S. V. : Dans quels délais l’aboutissement de la réforme de l’Ordre est-il envisageable ?

G. J. : Les vétérinaires ont bien conscience qu’elle ne se fera pas en un jour ! Nous allons modifier des textes réglementaires, qui régissent notre mode d’élection, par exemple. En comparaison, moderniser notre Code de déontologie paraît bien simple… Nous avons commencé par sonder la base, parce que c’était l’évidence. Mais il reste beaucoup de travail, en concertation avec les autres organismes professionnels, pour élargir la consultation à des experts et aux autres corps de métier concernés, puis organiser une prise de décision démocratique. Le calendrier initial a pris du retard, car l’actualité, comme la publication du décret prescription-délivrance l’année dernière, a nécessité de travailler sur d’autres grands chantiers simultanément. Mais l’administration s’intéresse à notre projet, qui peut impliquer les Directions des services vétérinaires. Elle ne le laissera pas dormir pendant dix ans.