Les lévriers de course sont touchés par le virus de l’influenza aux Etats-Unis - La Semaine Vétérinaire n° 1310 du 11/04/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1310 du 11/04/2008

Maladie émergente. “Grippe” canine

Actualité

Auteur(s) : Caroline Goutal

Le virus serait à l’origine des épidémies de maladies respiratoires observées sur les champs de course canins.

Le virus de l’influenza canine, identifié pour la première fois en 2004, semble avoir proliféré dans la population de greyhounds durant au moins les cinq années qui ont précédé sa découverte. Le virus est probablement à l’origine des épidémies de maladies respiratoires observées parmi les chiens de course durant cette période, selon une étude récente. Ses résultats ont été présentés le 18 mars dernier, dans le cadre de la conférence internationale sur les maladies infectieuses émergentes à Atlanta (Géorgie, Etats-Unis). « Nous avons démontré que le virus était déjà présent dans la population des greyhounds en 1999, et nous supposons qu’il aurait même été introduit quelque temps auparavant », rapporte Tara Anderson, de l’université de Floride (College of Veterinary Medicine), l’un des principaux chercheurs chargés de cette étude.

Le virus canin serait une mutation de l’agent de l’influenza équine

La grippe canine est une maladie infectieuse respiratoire hautement contagieuse causée par la souche H3N8 du virus influenza. Proche de celui de la grippe équine, il est probablement issu d’une mutation du virus de l’influenza équine.

Deux tableaux cliniques différents sont observés chez les chiens atteints par le virus de l’influenza canine : une forme modérément sévère qui n’affecte que les voies respiratoires supérieures et une forme plus grave qui s’accompagne d’une pneumonie. Ce nouvel agent pathogène devrait théoriquement infecter tous les animaux qui y sont exposés. Près de 80 % des chiens touchés présentent des symptômes cliniques, mais la plupart ne développent que la forme la moins débilitante de la maladie. Des cas de mortalité dus aux pneumonies sont rapportés chez le chien, mais le taux reste faible au vu des résultats actuels (5 à 8 %).

Une épidémie sur les cynodromes dans au moins vingt-cinq états américains

La première épidémie d’influenza canine reconnue serait survenue lors d’une course de greyhounds en janvier 2004, en Floride. De juin à août de la même année, des épidémies de maladies respiratoires sont rapportées durant quatorze courses disputées dans six états américains différents (Alabama, Arkansas, Floride, Kansas, Texas, ouest de la Virginie).

Entre janvier et mai 2005, les épidémies continuent à se propager, affectant vingt nouvelles courses dans onze états (Arizona, Arkansas, Colorado, Floride, Iowa, Kansas, Massachussetts, Rhode Island, Texas, ouest de la Virginie, Wisconsin).

En juin 2006, trois nouvelles courses sont touchées en Floride. L’infection est alors confirmée dans quelque vingt-cinq états américains, ainsi qu’à Washington DC. Les cas sont détectés dans des refuges, des groupes de sauvetage, des animaleries, des chenils de pension canine et des cliniques vétérinaires.

L’agent pathogène circulerait depuis plus de neuf ans

D’après Tara Anderson, le constat de nombreuses épidémies d’atteintes respiratoires d’origine indéterminée sur les pistes de courses de greyhounds, avant 2004, serait un argument en faveur d’une apparition plus précoce de la maladie. Des prélèvements sanguins, datant de la période 1999-2004, ont ainsi été récupérés auprès d’Hémopet, une banque de sang située en Californie qui recrute les chiens en “retraite” pour en faire des donneurs. Ces échantillons ont été testés pour la détection d’anticorps dirigés contre l’influenza canine et équine. « Pour la plupart des chiens, nous avions des échantillons sur deux ou trois ans. Nous étions ainsi capables de suivre l’évolution des taux d’anticorps pour un même individu année après année », explique Tara Anderson. En 1999, 33 % des chiens se révèlent positifs aux deux virus, canin et équin. Des anticorps sont également détectés dans les échantillons des années 2000 (38 %), 2001 (19 %), 2003 (44 %) et 2004 (28 %). Par l’intermédiaire des tatouages auriculaires, les chercheurs ont pu retracer le parcours de quelques chiens séropositifs ayant participé à certaines courses lors des épidémies de maladies respiratoires « d’origine indéterminée » survenues en 1998, 1999 et 2003.

Le résultat pour l’année 2002, qui n’a pas connu d’épidémie, est intéressant : seulement 1 % des échantillons se sont révélés positifs, chez des chiens qui n’ont d’ailleurs pas participé aux courses de 1998 et 1999, où des épidémies étaient survenues.

« Sur la base de ces résultats sérologiques, nous avons conclu que la souche H3N8 du virus influenza A canin a vraisemblablement circulé au sein de la population de greyhounds depuis 1999 au plus tard. Les chiens séropositifs étaient présents sur les lieux où des épidémies d'atteintes respiratoires d’origine indéterminée ont été rapportées, suggérant ainsi que la souche H3N8 du virus influenza A canin a pu en être l’agent causal », indique Tara Anderson.

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